Une fois de plus, une mention du jeu vidéo dans un média généraliste a déclenché la colère des joueurs. Quand hier, dans la nouvelle émission de Nagui sur Inter, la journaliste Leïla Kaddour a tenté de lire un papier plutôt flatteur et informatif sur l'e-sport et League of Legends, elle s'est heurtée aux habituelles petites blagues et à l'incrédulité du reste de l'équipe.
Le défilé est connu : les classiques références à des joueurs lobotomisés, un peu débiles, coupés du monde et de la culture et on en passe, car c'est connu, on ne peut pas lire, faire du sport, se cultiver et voir du monde si on joue. Ca s'écoute là.
"On va finir par payer les jeunes pour qu'ils lisent Balzac et Zola"
Interrompue à plusieurs reprises, Leïla Kaddour a tout de même tenue la barre glissant au passage la phrase suivante : "Est-ce qu'on peut éviter de faire des guerres de chapelle comme ça ? On peut très bien lire des bouquins et jouer aux jeux vidéo. (...) Ce n'est pas incompatible".
Une fois de plus, la "vieille France" qui tient les ondes témoigne de son décalage croissant avec la population, s’obstinant à considérer le jeu vidéo comme une pratique décérébrante réservée à une sombre caste de crétins et dont il ne faut pas parler, ou parler de travers. On en profite pour signaler à Nagui, qui semble en douter, que l'on peut très bien être joueur et même en avoir fait son métier et écouter quotidiennement France Inter... je lis même des livres.
Depuis, Nagui s'est excusé, expliquant que tout cela n'était que "de la vanne". Certes, pourquoi pas, c'est très bien la vanne et il n'y a pas de raisons que les joueurs n'en soient pas la cible, comme tout le monde. Le problème, c'est que lorsqu'il est question du loisir d'une part considérable de la population, la vanne et les haussements de sourcils semblent être systématiques avant même de savoir de quoi il est question.
Lorsqu'un chroniqueur annonce qu'il va parler d'un livre, d'un film ou du salon de l'auto, on a souvent la décence d'attendre la fin de sa première phrase avant de lancer la machine à blagues. En outre, il y a vanne et il y a mépris ostensible. Tout ceci est d'autant plus malvenu que peu de joueurs ont oublié la publicité de Nintendogs dans laquelle Nagui expose son gros molosse.
Et pourtant, ce matin-là
Un incident bien regrettable, qui ne fera pas oublier que le matin même, la chanteuse Juliette, une inculte notoire évidemment, intervenait dans la matinale de France Inter pour faire son coming out de joueuse et livrer le texte suivant, mettant en perspective les "dangers" du jeu vidéo et quelques questions de société, que certains feraient bien d'écouter. C'est plutôt ce moment-là que l'on préfère retenir.
L'excellente chronique de Juliette qui prend la défense des jeux vidéo :