Le 21 avril 1989, il y a 25 ans très précisément, les joueurs japonais pouvaient pour la première fois se rendre en boutique pour s'offrir une console portable 8 bits monochrome baptisée Game Boy. En deux semaines, les 300.000 unités disponibles sont vendues. C'est la première étape d'une domination sans partage de Nintendo sur le marché des consoles portables, une véritable dynastie qui dure depuis ce jour et n'a jamais été ne serait-ce que vaguement mise en péril par la concurrence, qu'elle provienne de Sega avec sa Game Gear, de NEC avec sa puissante PC-Engine GT/TurboExpress ou encore d'Atari dont la Lynx pourtant sortie la même année que la Game Boy est désespérément restée dans son ombre. Pendant des années, personne n'osera s'attaquer à Nintendo de front avant que Sony ne se décide à tenter sa chance avec la PSP.

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Simple et pas cher

Il faut dire que chez les constructeurs qui optaient pour une débauche de couleurs et de puissance, on attendait du consommateur qu'il paie la machine au prix fort (presque l'équivalent de 180 euros pour une Lynx sans tenir compte de l'inflation bien sûr) et engloutisse 6 piles pour 2 à 4 heures d'autonomie si on a de la chance. Sexy et high-tech, les machines ne sont pas très adaptées à des consommateurs qui se voient mal investir autant d'argent dans ce qui reste perçu comme un gadget. Sans parle des jeux qui ne sont pas toujours abondants. Chez Nintendo en revanche, on avait déjà choisi un credo bien différent : simple et pas cher. Une Game Boy coûte environ 600 francs (aux alentours de 90 euros), se satisfait de 4 piles pour plus de 10 heures d'autonomie et elle est livrée avec... Tetris qui avait déjà commencé à largement se faire connaître sur d'autres supports, surtout avec sa version pour micro-ordinateurs qui cartonnait depuis 1987 / 88. Vous devez commencer à avoir ce chiffre en tête mais Tetris sur Game Boy, c'est plus de 35 millions de cartouches vendues. Sans surprise, Sega livrera son équivalent à Tetris avec sa Game Gear : Columns.

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De Tetris à Pokémon

En sus d'être la pierre angulaire du marché des consoles portables, la Game Boy verra également la naissance d'un autre phénomène du jeu vidéo puisque la portable accueillera le tout premier épisode de Pokémon sous le nom de Pocket Monsters au Japon, franchise devenue un véritable phénomène qui parvient étonnamment à séduire aussi bien les enfants que les adultes. Une marque qui totalise des centaines de millions de jeux vendus depuis.

Gadgets, bidules et Cable Link

Riche d'une quantité considérable de jeux, la création de Gunpei Yokoi, ingénieur brillant de Nintendo également à l'origine de ROB le robot, du Virtual Boy ou de la série Metroid, a malgré sa simplicité flirté avec quelques innovations encore étonnantes à l'époque, comme la caméra Game Boy (une sorte de webcam monochrome sortie à la fin des années 90) ou surtout son légendaire Cable Link qui permettait de relier les consoles entre elles pour s'adonner aux joies du multijoueur et du partage. Pokémon ayant évidemment largement contribué au succès de l'accessoire. Plus étonnant, la Game Boy pouvait être raccordée à une machine à coudre Singer que l'on pouvait piloter avec la console. Il existait même un câble permettant de brancher la console aux premiers téléphones portables.

Rappelons également qu'avant de céder la place à la ligne DS, la famille Game Boy a connu diverses déclinaisons et redesigns, jusqu'à la relève apportée par la Game Boy Advance. En se limitant aux changements de design de la Game Boy (Pocket, Light et Color), Nintendo a écoulé 118,6 millions de machines à travers le monde. Si on y ajoute la famille Game Boy Advance, rétrocompatible, on atteint un total de plus de 200 millions.

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La signature Nintendo

En se retournant vers le passé, on ne peut que constater à quel point Nintendo a su établir ses bases rapidement. Le constructeur a choisi de séduire le public avec un prix bas, un produit simple et a misé sur des concepts populaires pour asseoir son succès et viser un public le plus large possible là où ses concurrents trop chers ne pouvaient tenter que les plus "experts" et fortunés. Une optique qui avait déjà assuré le boom de la NES et sera le mot d'ordre de Big N pour les décennies à venir. Et Nintendo n'a pas fait que s'attirer un large public avec la Game Boy, il a également participé à la féminisation du marché puisque presque la moitié des joueurs de Game Boy... étaient des joueuses.

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