Si vous suivez la série Street Fighter, le nom de Yoshinori Ono ne vous est sans doute pas inconnu, il est le producteur des derniers épisodes en date de Street Fighter IV à Street Fighter X Tekken. Dans une longue interview accordée à Eurogamer, il revient sur sa carrière au sein de Capcom et notamment sur le relancement de la franchise Street Fighter et sa récente hospitalisation. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il dresse un portrait peu reluisant de Capcom. Un éditeur avec qui il a dû se battre lorsqu'il a tenté de lancer le développement de SFIV que Capcom considérait comme une franchise morte incapable de générer le moindre sou. Après avoir mendié un budget pour créer un prototype, c'est en se débrouillant pour obtenir le soutien des fans que Yoshinori Ono a pu faire pression sur Capcom, malgré le fait que personne dans la compagnie ne semblait croire à ce projet qui au final, toutes versions confondues, se sera écoulé à 6,4 millions d'exemplaires.
Jusqu'au jour de la sortie, Street Fighter 4 était un enfant non désiré. Tout le monde dans la compagnie n'arrêtait pas de me dire : Ono san, sérieusement, pourquoi tu persistes là-dedans ? Tu utilises tant d'argent et de ressources.
Mais c'est lorsqu'il aborde la question de son hospitalisation récente que les choses prennent une vilaine tournure pour le patron de Yoshinori Ono. Conduit à l'hôpital d'urgence suite à un malaise provoqué par le surmenage et la pression liés à la gestion du développement et de la promotion des différentes itérations de Street Fighter, le producteur était au réveil, selon son médecin, dans l'état d'un marathonien en bout de course. Suite à son retour après une semaine d'arrêt imposé par les médecins, et contrairement à la rumeur qu'il tient fermement à démentir, personne chez Capcom ne lui a proposé de prendre un temps de repos, bien au contraire.
Personne ne m'a dit de me reposer. Quand je suis revenu travailler, Capcom n'était même pas au courant que j'étais à l'hôpital. [...] Quand je suis revenu à mon bureau, un billet pour Rome m'attendait. Il n'y a aucune pitié. Tout le monde me disait "Ono san nous étions si inquiets pour vous." Puis on me tendait un planning plein de choses à faire.
Des propos tenus apparemment le sourire aux lèvres et qui sont fort inhabituels pour un développeur japonais, dont le discours est généralement bien plus policé, par lui-même ou par les attachés de presse aux aguets.