Depuis leur création, les jeux vidéo sont accusés de tous les maux. Pour certains, ils sont responsables de problèmes de vue, pour d'autres, ils incitent à la violence, quand ils ne rendent tout simplement pas idiots. Le grand blâme du moment oppose les jeux vidéo musicaux à l'apprentissage réel d'un instrument. Que ce soit par la voix de joueurs lambda ou par le biais d'artistes reconnus comme Nickelback, Nick Mason le batteur de Pink Floyd, ou encore Jack White de White Stripes, plusieurs regrettent en effet que la découverte de la musique passe aujourd'hui principalement par Guitar Hero et Rock Band. Ils accusent en outre ces jeux de ne pas forcément encourager les jeunes à apprendre la musique puisqu'il est désormais possible de jouer à la perfection pratiquement tout ce que l'on veut sans gros effort. D'autres, au contraire, affirment que ces mêmes titres représentent un véritable atout pour s'initier à des genres musicaux vers lesquels nous n'irions pas forcément et qu'ils vont même plus loin en poussant les jeunes vers de véritables instruments.
Y a-t-il réellement une relation de cause à effet entre le jeu et la pratique de la musique ? Le jeu peut-il vraiment favoriser ou au contraire pénaliser l'apprentissage d'un instrument ? Ce sont les questions que pose aujourd'hui LeMonde.fr à Etienne Gegout, vice-président de l'association des professeurs d'éducation musicale justement spécialiste de l'utilisation des nouvelles technologies dans l'enseignement de la musique. La réponse de l'intéressé ne surprendra finalement personne :
Ce sont deux choses différentes. Entre un bouton et une corde, les techniques sont tellement différentes qu'il est difficile de parler d'aide ou de handicap. Un jeune qui joue à Guitar Hero et souhaite se mettre à la guitare devra apprendre beaucoup de choses, mais il n'aura pas besoin de désapprendre des réflexes.
Monsieur Gegout poursuit en soulignant la relative différence de temps nécessaire à l'obtention d'un résultat satisfaisant sur les deux méthodes. Ainsi, il est généralement plus rapide d'arriver à maîtriser un morceau dans un jeu vidéo que de l'apprendre sur une vraie guitare, ce qui peut éventuellement décourager les jeunes de passer du temps sur l'instrument. Ce constat n'est pourtant pas une règle générale. Etienne Gegout conclut :
Dans mon collège, des élèves sont venus au club de guitare par le biais du jeu, et s'y tiennent. Le plus important c'est la motivation. Quand elle est présente, la difficulté s'estompe. Chacun a besoin d'un moteur : cela peut être un morceau qu'on veut pouvoir jouer, ou un jeu vidéo.
Nous aurions presque envie d'ajouter que tout cela tombe sous le bon sens mais une piqûre de rappel ne peut pas faire de mal.