Adam Gregersen est à la fois l'un des boss de Sirius Games, directeur du développement mais aussi directeur de projet sur Escape from Paradise City. Profitant de sa présence à Paris pour présenter son bébé, nous lui avons posé quelques questions.

jeuxvideo.com > Paradise City... N'est-ce pas l'endroit où l'herbe est verte et où les filles sont jolies ?

Adam Gregersen : (rires) Si absolument, c'est d'ailleurs pour cela qu'on a fait ce jeu.

jeuxvideo.com > On vous la fait à chaque interview, non ?

Adam Gregersen : Justement, c'était l'idée. Vous savez, quand on est une petite société comme la nôtre, on vous conseillera toujours de choisir un titre qui soit facilement compréhensible ou connu de tous.

jeuxvideo.com > Vous êtes en train de sous-entendre que tout le monde connaît Guns & Roses...

Adam Gregersen : En tout cas, j'espère qu'un jour nos jeux seront aussi connus qu'eux.

jeuxvideo.com > Dans Paradise City, le joueur doit infiltrer des gangs pour le compte de la NSA. Y'aura-t-il des choix moraux à faire durant les missions ?

Adam Gregersen : Non. Vous ne tuerez pas de civils, d'enfants ou quoi que ce soit de ce genre.

jeuxvideo.com > Mais n'y aura-t-il pas comme une difficulté pour le personnage à savoir dans quel camp il est vraiment ?

Adam Gregersen : Vous savez, un jeu comme celui-ci ne se prend pas trop au sérieux. Cela signifie que même si vous tuez effectivement des gens, c'est sans conséquence. Il n'y a rien d'autre dans ce jeu que de proposer une distraction en développant un personnage. On n'insiste pas sur quoi que ce soit de trop sérieux. Il n'était pas question pour nous de faire un jeu dans lequel il aurait fallu prendre parti et se placer sur un niveau émotionnel ou éthique.

jeuxvideo.com > Quand vous parlez de ce jeu, vous vous réclamez souvent de "Nikita" de Luc Besson. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce film ?

Adam Gregersen : N'allez pas croire que je dise cela uniquement quand je me trouve en France. Ce que j'ai préféré dans ce film, c'est le personnage principal. J'aime sa folie et le fait que le personnage soit tiré d'un contexte pour être balancé dans quelque chose de totalement différent qui va lui imposer de se battre pour survivre, comme un poisson hors de l'eau.

jeuxvideo.com > Pourquoi avoir choisi de faire du personnage, et donc du joueur, un agent de la NSA plutôt qu'un criminel tentant d'étendre son empire ? Cela aurait-il été très différent ?

Adam Gregersen : Nous avons fait des personnages des agents de la NSA parce que nous pensions que cela servirait mieux le scénario, qu'il serait plus intéressant. Il n'y a pas vraiment de raison plus profonde à cela. Cela nous permettait de nous démarquer des jeux dans lesquels on est un méchant qui veut conquérir le Monde.

jeuxvideo.com > Et peut-être aviez-vous le sentiment d'avoir déjà fait cela avec Gang Land ?

Adam Gregersen : Oui, exactement.

jeuxvideo.com > Paradise City est à la fois un RTS et un RPG. Comment êtes-vous parvenu à doser convenablement ces deux principes assez différents ?

Adam Gregersen : C'était le point crucial du développement. Quand on parle de RTS, il faut savoir précisément de quoi il s'agit car il en existe de toutes sortes. Je voulais quelque chose qui serait très simple à comprendre, quelque chose que je serais capable d'expliquer à n'importe qui dans un délai très court, comme par exemple le temps d'un voyage en ascenseur. Et donc, cela se résume à la phrase suivante : "Il faut conquérir les quartiers adjacents pour obtenir les points nécessaires au développement du personnage.". Et cette simple phrase établit le lien entre les deux genres présents dans le jeu.

jeuxvideo.com > Mais, en mixant ces deux genres, pensez-vous que vous leur apportez quoi que ce soit ?

Adam Gregersen : En toute humilité, je pense vraiment que nous avons réalisé un jeu qui vaut avant tout pour son gameplay. C'est solide, très facile à comprendre et c'est nouveau. Et, bien entendu, je suis très fier de cette réussite. Ma seule ambition, c'était de faire un jeu que le public, qu'il l'aime ou pas, pourrait voir comme quelque chose d'original et qui ne le renverrait pas ou peu à d'autres titres. Le jeu est vraiment très simple à comprendre et je suis très fier de ça.

jeuxvideo.com > Et cette simplicité que vous prônez est donc essentielle à vos yeux ?

Adam Gregersen : Oui, absolument. Attention, qui dit simple ne dit pas forcément ennuyeux. Mais je n'ai jamais vraiment trouvé normal qu'après avoir fait l'effort de payer son jeu, il faille faire se creuser la tête pour comprendre de quoi il s'agit et ce qu'on attend de nous. Pour moi, cela devrait être l'inverse. Avant de mettre l'argent sur la table, le joueur devrait avoir une idée très concrète du contenu du jeu et de son principe. Et même si notre jeu propose un côté RPG avec des arbres de compétences, etc, il est très simple de comprendre comment cela fonctionne et de s'en servir convenablement, de parvenir à faire les meilleures combinaisons en fonction de sa manière de jouer, etc. Et, petit à petit, le joueur élargit son horizon et découvre une profondeur qu'il ne soupçonnait certainement pas au début. Comme on dit, c'est "simple à apprendre mais difficile à maîtriser".

jeuxvideo.com > Ne craignez-vous pas que le grand public se méprenne et pense de "Paradise City" qu'il n'est qu'un sous "GTA-like" ?

Adam Gregersen : Si.

jeuxvideo.com > Et que diriez-vous pour éviter cela ?

Adam Gregersen : Que Paradise City est un jeu de stratégie uniquement destiné au PC. Qu'il contient une grosse partie "jeu de rôle". Et, enfin, que le but final est de savoir prendre les bonnes décisions stratégiques afin d'étendre son territoire en concordance avec sa manière de jouer.

jeuxvideo.com > Pourquoi avoir fait ce jeu et ne pas avoir plutôt développé une suite à Gang Land ?

Adam Gregersen : Je comprends votre question dans la mesure où il y a d'indéniables similitudes entre les deux jeux. Personnellement, j'aime beaucoup Gang Land et, justement, je sais bien qu'il a des défauts qui lui auront beaucoup nuit. Mais c'est un peu normal dans la mesure où nous débutions. Et, d'un autre côté, je reçois toujours des mails de personnes qui jouent encore à Gang Land ce qui me fait vraiment plaisir. Toutefois, nous n'avons pas pensé que Gang Land bénéficiait d'une réputation suffisamment positive pour nous risquer à en faire une suite. Cela n'aurait pas été très prudent. Je ne vous cacherai pas que je dois aussi prendre des décisions viables sur un plan commercial. Ensuite, Paradise City est différent de Gang Land déjà dans la mesure où il y a davantage de personnages différents à développer. Si vous me dites que les deux jeux sont semblables parce qu'ils se déroulent tous les deux dans une ville qu'il faut conquérir, je comprendrais. Mais tout le côté développement des personnages fait de Paradise City un jeu très différent. Il en va de même pour l'aspect stratégique de Paradise City qui n'existait pratiquement pas dans Gang Land. Pour moi, à ce niveau, on est très proche d'un jeu de plateau en fait.

jeuxvideo.com > Y'aurait-il eu des difficultés à traiter tout l'aspect "action" sour la forme d'un FPS et pas avec une caméra à la troisième personne comme c'est finalement le cas ?

Adam Gregersen : Oh oui. Déjà, la technique n'est absolument pas la même. Il faudrait faire cohabiter deux moteurs très différents dans un seul et même jeu ce qui signifierait un doublement de la place des données. Ensuite, je ne vois pas pourquoi nous irions nous frotter aux ténors du genre auxquels ont serait forcément comparés. Cela aurait demandé un investissement financier bien trop important pour nous. Nous avons préféré nous concentrer sur le gameplay et les règles du jeu.

jeuxvideo.com > Merci, M. Gregersen.

Voir aussi : présentation de Escape From Paradise City.

• Site officiel de Escape From Paradise City