Jeuxvidéo.com : Après votre longue carrière chez Capcom, qu'est-ce qui vous a poussé à fonder votre propre société ? Que vouliez-vous apporter au marché et qui, selon vous, lui manquait ?
Yoshiki Okamoto : Pour moi, un jeu doit être comme un film de cinéma et tous les joueurs devraient pouvoir aller jusqu'au bout sans rencontrer de difficultés insurmontables, même si ce ne sont pas des joueurs invétérés. C'est vraiment ce que je vise. Je ne perds pas de vue que plus on joue et plus ce qu'on fait devient facile. A partir de là, c'est à moi et à mon équipe de trouver de quoi satisfaire les meilleurs joueurs.
Jeuxvidéo.com : Comment trouvez-vous l'équilibre entre la facilité pour les joueurs débutants et la satisfaction des joueurs vétérans ?
Yoshiki Okamoto : C'est très difficile à définir. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'effectivement, nous travaillons avant tout pour que ce point d'équilibre soit présent dans tous nos jeux.
Jeuxvidéo.com : Le développement sur des consoles de plus en plus puissantes offre-t-il un intérêt qui se limite au graphisme ou cela vous permet-il également d'enrichir le principe du jeu ?
Yoshiki Okamoto : Comme le jeu était présent au lancement de la PS3 au Japon, c'était avant tout l'occasion de faire la promotion de la puissance de cette machine. C'est pour cela que nous avons fait des efforts en ce qui concerne le graphisme du jeu. Mais en ce qui concerne ce jeu-là, nous n'avons pas utilisé toutes les capacités de la PS3, essentiellement par manque de temps.
Jeuxvidéo.com : Combien de temps a duré le développement de Genji : Days of the Blade ?
Yoshiki Okamoto : Durant six mois, nous avions commencé à travailler dessus à destination de la PS2. Ce n'est qu'ensuite qu'il a été développé pour la PS3. En tout, le développement aura duré environ 18 mois.
Jeuxvidéo.com : Qu'est-ce qui lie cet opus au précédent ?
Yoshiki Okamoto : Il s'agit essentiellement d'un lien au niveau de l'histoire. Le scénario est basé sur un fait historique qui s'est déroulé en 1180 (et non 1880 comme vous l'aurez compris) et sur un héros qui a vraiment existé. Le Genji précédent traitait les événements allant du début jusqu'à la moitié de ce fait historique. Le début de Genji : Days of the Blade empiète un peu sur la fin du volet précédent et va jusqu'au dénouement.
Jeuxvidéo.com : Mais d'après vous s'agit-il plus d'une leçon d'histoire ou d'un roman ?
Yoshiki Okamoto : (rires) Allons, allons... C'est très romancé même si à la base il s'agit d'un fait historique. Nous avons introduit bon nombre de touches fantastiques. On vous fait quand même attaquer des démons et des crabes géants...
Jeuxvidéo.com : Quelle est l'importance du scénario dans ce style de jeu qui prime avant tout l'action ?
Yoshiki Okamoto : Pour moi, les deux éléments les plus importants d'un jeu sont le scénario et le son. En proportion, ils représentent à eux deux la moitié des éléments qui rendent un jeu attrayant, devant le reste : graphisme, principe, etc.
Jeuxvidéo.com : Avez-vous appliqué des leçons apprises lors du développement du volet précédent sur PS2 pour cet opus sur PS3 ou s'agit-il de deux travaux complètement différents ?
Yoshiki Okamoto : Pour vous donner une idée, je dirais qu'effectivement nous n'avons pas vraiment commencé à zéro. Sur une échelle allant de 1 à 100, je pense que nous avons dû commencer à... 2 ? (rires)
Jeuxvidéo.com : Une des références les plus souvent utilisées quand on parle de Genji, c'est de le comparer à Onimusha. Qu'en pensez-vous ?
Yoshiki Okamoto : Je pense qu'il n'y a aucun rapport. On les compare essentiellement parce que les deux traitent de faits historiques mais aussi, sans doute, parce que j'ai travaillé chez Capcom qui édite Onimusha. Et même si les images se ressemblent, Genji est pour moi un jeu d'action alors qu'Onimusha est un jeu d'aventures.
Jeuxvidéo.com : Le principal reproche qui avait été fait au volet précédent concernait le fait qu'il était très court. Concrètement, combien faudra-t-il d'heures pour terminer celui-ci ?
Yoshiki Okamoto : Ca dépend bien sûr de la technique du joueur mais j'évalue qu'il faut une quinzaine d'heures pour terminer cet opus-ci.
Jeuxvidéo.com : La presse des pays où Genji - Days of the Blade est déjà sorti a notamment relevé des problèmes concernant la gestion des caméras. Avez-vous rencontré des difficultés techniques durant le développement sur PS3 ?
Yoshiki Okamoto : Oui, beaucoup. C'était très difficile. On remarque souvent que la caméra reste très près des personnages ce qui empêche de voir arriver les adversaires. Mais si nous nous sommes approchés autant des héros, c'est avant tout par choix. En effet, nous voulions que les joueurs puissent profiter au mieux des capacités graphiques qu'offre la PS3. Nous avons donc choisi un moyen terme en éloignement et plan rapproché qui, en fait, n'est pas excellent. Nous avons essayé de résoudre ce problème mais nous n'y sommes pas parvenus. Nous avons donc préféré montrer les détails et les effets graphiques. Au début, c'est un peu difficile mais, en jouant, je vous assure qu'on s'y fait et qu'on parvient parfaitement à ses fins. Donc, n'abandonnez pas.
Jeuxvidéo.com : Cette version du jeu ne semble pas tirer énormément parti de la fonction 6-axis de la manette de la PS3. Pourquoi ?
Yoshiki Okamoto : Elle sert quand même dans le jeu, notamment pour esquiver les coups des adversaires. Nous n'avons pas pu en faire plus car l'annonce de cette fonction a été faite par Sony alors que le développement du jeu était déjà bien avancé.
Jeuxvidéo.com : Genji 3 est-il déjà en projet ?
Yoshiki Okamoto : Pas vraiment puisque, comme je vous l'ai dit, nous avons raconté la totalité du fait historique dont nous nous sommes inspirés. Donc c'est clair, pas de nouveau volet en vue pour l'instant.
Jeuxvidéo.com : Le prochain jeu sur lequel vous travaillerez sera-t-il un beat'em all ?
Yoshiki Okamoto : Ce sera clairement le même genre de jeu, en effet.
jeuxvideo.com > Merci M. Okamoto.
(Et un grand merci aussi à notre interprète, Emi Hirasawa)
- Lire notre preview de Genji : Days Of The Blade
- Site officiel de Genji : Days Of The Blade