Nous vous parlions hier du projet d'amendement Depierre visant à faire interdire toute forme de diffusion de jeux "contenant une incitation directe à des violences sexuelles, à des sévices corporels, à des actes de barbarie et au meurtre". Un projet né en grande partie de la découverte par les députés UMP Depierre et Luca du jeu Rule Of Rose, une découverte bien mystérieuse tant il semble que ce qu'ils ont vu appartenait en vérité à quelques dimensions parallèles inconnues du monde. D'après eux, Rule Of Rose nous met face à des scènes de viol, de meurtre, de torture, qui plus est à l'encontre de jeunes filles. Le jeu, que Lionel Luca qualifie carrément de "nazisme ordinaire" est pourtant déjà sorti aux USA et au Japon sans provoquer le moindre hérissement de poil.
Et pour cause puisqu'aucune de ces soi disant scènes de torture n'est présente dans Rule Of Rose. Joint au téléphone par le site Ecrans.fr (site dédié à l'audiovisuel de Libération), Bernard Depierre déclare que "le but de ce jeu est de violer, battre et tuer une jeune fille. C'est un appel à la violence, à la mort, au viol", lorsque on lui signale qu'il n'en est rien, sa seule réponse est un laconique et fort malvenu "renseignez-vous !" auquel l'envie de répondre "c'est celui qui dit qui est" doit être difficile à contenir. On s'explique encore assez mal la polémique qui entoure Rule Of Rose mais il semble qu'elle ait pris naissance après la lecture distordue de la critique d'un internaute par un journaliste italien qui pensait tenir là le sujet d'un brûlot anti-jeu vidéo. L'article qui en a résulté a fini dans les mains du maire de Rome. Ce dernier a donc alerté les autorités, donnant vie à une rumeur alarmiste reprise non seulement par les médias (anglais notamment) mais surtout par la Commission Européenne (!). La censure culturelle en France pourrait donc faire son retour en se fondant des informations totalement erronées et par le biais de politiciens européens qui prennent leurs décisions en lisant des journaux à scandales. En attendant, 505 Games, éditeur du jeu, envisage une action en diffamation afin de défendre sa position.
- Source : Ecrans.fr