Ce matin-là, Los Angeles aurait sans doute mieux fait de rester couchée. Jugez plutôt. Dans le nouveau jeu signé American McGee (Alice, Scrapland), la mégapole de Californie va connaître, en vrac : le crash d'un Jumbo Jet bourré jusqu'aux hublots d'armes biologiques par des terroristes français, l'attaque des zombis engendrés par les gaz précités, une pluie de météorites, un tremblement de terre, un tsunami, un braquage digne d'un "Die Hard" et, pour couronner le tout, l'invasion de l'armée mexicaine. Vous l'aurez compris, alors qu'il est sous-titré en anglais "Shit happens", Bad Day L.A. est en fait une étude de la fameuse loi de Murphy, un axiome très prisé chez les anglo-saxons. Si on en croit cette règle absolument pas scientifique, une situation difficile et dangereuse a tout pour devenir très rapidement désespérée. Au beau milieu de cet ouragan de galères, le jeu se concentre sur le personnage d'Anthony, un ancien agent d'Hollywood devenu clochard. Ce quidam s'est désintéressé des autres depuis bien longtemps mais les circonstances vont l'obliger à sauver des dizaines de vies.
Bad Day L.A. est construit sur le modèle d'un GTA, c'est-à-dire qu'il offre une zone assez libre dans laquelle on peut accomplir plusieurs petites missions dans l'ordre que l'on choisit. Il s'agira d'aider un rescapé à descendre d'un palmier, d'aller récupérer un bébé séparé de sa mère par une faille créée par un séisme, etc. Le traitement devrait alterner beaucoup de phases en vue à la troisième personne à des niveaux en vue subjective. Pour l'instant, on n'a vu qu'un moment de ce type où le personnage coincé derrière une mitrailleuse lourde faisait parler la poudre pour ouvrir le chemin au véhicule dans lequel il avait pris place. Précisons qu'Anthony ne sera pas seul pour affronter Armageddon. Au cours de ses aventures, il sera rejoint par quelques personnages-clichés : un jardinier chicano, un sous-Rambo ou une insupportable bimbo blonde flanquée d'un roquet. Celle-ci n'est pas sans rappeler une certaine demi-mondaine héritière d'un empire de l'hôtellerie dont le prénom est aussi le nom de notre capitale. Vous ne voyez dans cette devinette que des circonvolutions stylistiques ? C'est surtout un moyen de vous mettre en garde : Bad Day L.A. n'est pas pour ceux qui le prendront pour argent comptant et qui n'auront pas le recul nécessaire pour voir un peu plus loin que l'écran.
L'ambiance se veut donc humoristique et très second degré. Derrière la violence et le cynisme, American McGee se targue de vouloir dénoncer ce qu'il appelle "La culture de la trouille" qui a trouvé sa raison d'être dans l'esprit de ses concitoyens un certain jour de septembre 2001. Le meilleur exemple de cette attitude pince-sans-rire est sans doute l'utilisation du coupe-ongles, véritable arme suprême capable de décimer des hordes d'ennemis qui tenteraient de s'approcher trop près. On déclenche l'ustensile et les malfaisants disparaissent aussi sûrement que si on maniait un rayon-laser de science-fiction. M. McGee a eu cette idée quand les autorités de l'aviation civile américaine ont interdit aux passagers d'emporter leurs coupe-ongles à bord des avions. On appréciera également comme il se doit le décor un peu particulier du bureau d'un membre de la commission de censure du cinéma américain. Sur les murs, des condamnés sont crucifiés la tête en bas et sous chacun d'entre eux se trouve une affiche faisant état du crime abominable qu'il a commis : "A utilisé un pointeur laser durant une séance", "A apporté sa propre nourriture", "N'a pas voulu parler moins fort"... Qui n'a jamais été importuné par ce genre de triste sire dans une salle obscure ? Sans doute une manière de nous interpeller et de nous rappeler que nous aussi, à un instant donné de notre vie quotidienne, nous aurions bien arraché les yeux au premier venu pour des peccadilles. Clairement destiné à un public averti, Bad Day L.A. est prévu pour sortir sur PC courant septembre 2006. Une version Xbox est également en développement.
Lire aussi l'l'interview de American McGee.
- Site officiel de Bad Day L.A.