Après avoir travaillé presque dix ans chez Cryo, Olivier Train a co-fondé TotM Studio qui s'est chargé de la conception et de la création artistique de The Secrets of Da Vinci.
jeuxvideo.com > Sur quoi avez-vous travaillé du temps où vous étiez chez Cryo ?
Olivier Train : J'ai participé aux premiers Atlantis, à Aliens qui était développé sous licence Dark Horse, à Cubik et à Time Machine entre autres.
jeuxvideo.com > Tout ce qu'on a pu voir de The Secrets of Da Vinci a une forte connotation historique. La volonté de départ était-elle de faire quelque chose d'éducatif ?
Olivier Train : La volonté, c'est de faire historique mais également de faire ludique. On n'est pas dans un jeu où on trouvera une base documentaire et où on va axer le sujet sur l'Histoire même si le récit baignera dedans et que le joueur va apprendre énormément de choses sur Léonard De Vinci, sur ses inventions... Le joueur va aussi découvrir des choses sur les relations qu'il pouvait avoir avec les autres personnages, notamment François 1er. Il va pouvoir également visiter l'endroit où De Vinci a passé les trois dernières années de sa vie et où il est mort. Mais ça, ce n'est que le fond. Dans sa forme, le jeu est basé sur des énigmes, de la manipulation d'objets, de machines, de rapports entre les personnages...
jeuxvideo.com > Une partie de votre argumentaire avance qu'il ne s'agit pas d'un jeu linéaire...
Olivier Train : Effectivement. Les rapports avec les personnages qui vous entourent sont très importants et induisent des réactions différentes et donc, des arborescences de jeu différentes.
jeuxvideo.com > Dans quelle mesure ce jeu renouvelle-t-il le genre, qu'apporte-t-il de nouveau ?
Olivier Train : On a essayé d'apporter de nouvelles interactions. Le jeu propose beaucoup d'interactions avec un carnet en deux dimensions qui nous permettent de réaliser des énigmes ou des puzzles très originaux. Il me semble que le "petit plus", c'est une connotation de jeu de rôle. Le personnage a une jauge de conscience et cette jauge influe sur ses actions selon sa position. La réaction des autres personnages en fonction de cette jauge sera elle aussi différente. Je pense que ce petit côté jeu de rôle peut être très important dans ce genre de titre. Il y a également toute une phase de séduction qui, elle aussi, permet au jeu de se démarquer de ce qu'on voit habituellement. Il y a une forme d'humanité dans The Secrets of Da Vinci car les rapports avec les personnages qui vous entourent sont importants dans le jeu. On s'aperçoit rapidement qu'ils ne sont pas d'un bloc mais qu'ils possèdent plusieurs facettes ce qui engendre des rebondissements. Au début, on a plutôt l'impression que ce sont des alliés, puis ensuite des ennemis, puis des alliés...
jeuxvideo.com > Vous venez d'aborder très légèrement la présence du jeu de rôle dans ce titre. Pensez-vous que c'est un aspect qu'il va falloir développer à fond dans les jeux d'aventure ?
Olivier Train : Je l'espère car notre but est un peu de renouveler le genre même si on reste sur une typologie et une technologie que le public des jeu d'aventure apprécie car elle est très simple d'utilisation. Elle n'est pas basée sur la rapidité et les réflexes mais sur la réflexion, l'immersion et la volonté d'apprendre. Alors apporter ce petit dosage de jeu de rôle et cette "non linéarité" qui fait que selon la manière dont, par exemple, les costumes et la personnalité qu'on choisit d'appliquer à l'avatar, on va avoir une partie différente, c'est quelque chose qui est en place dans The Secrets of Da Vinci mais j'espère qu'on pourra repousser encore plus loin ce principe dans de prochains titres.
jeuxvideo.com > Vous parliez du public des jeux d'aventure, vous le connaissez bien ?
Olivier Train : Oui, nous discutons avec eux. Ca fait des années que je conçois des jeux d'aventure et, avec les retours sur les forums ou les études de marketing, on commence à savoir ce qu'il en est et ce que les joueurs recherchent. De son côté, Kheops grâce son jeu "L'île mystérieuse", a un peu renouvelé le genre et redonné un peu de dynamique à ce style de jeu. Eux possèdent un système très en phase avec les joueurs qui donnent leur avis et soumettent des idées pour les titres suivants et on est très attentif à ça car on se rend compte qu'on a vraiment un public particulier qu'il faut soigner.
jeuxvideo.com > Depuis des années, on annonce le retour du jeu d'aventure comme s'il était mort mais en fait, il semblerait qu'il ne soit jamais mort...
Olivier Train : Le jeu d'aventure n'est jamais mort. Il s'adresse à un public relativement confidentiel par rapport aux jeux consoles et aux FPS donc on a des jeux qui pouvaient paraître un peu plus petits mais en approfondissant nos sujets et la technologie, nous arrivons à faire des jeux possédants une bonne durée de vie, un intérêt, de l'originalité tout en obtenant un résultat qui correspond aux attentes de notre public.
jeuxvideo.com > Quand vous comparez votre public à celui des jeux sur consoles, on serait tenté de vous demander pourquoi justement les jeux d'aventure sont si peu adaptés sur consoles...
Olivier Train : Certains jeux ont été adaptés. Il y a eu le premier Atlantis sur PlayStation puis Atlantis 3 sur PlayStation 2. Toutefois, on se rend compte que la valeur ajoutée d'une console, c'est sa manette et l'interactivité qu'elle propose. Nos jeux ne se prêtent pas à cette interactivité puisqu'ils n'utilisent que quelques boutons pour des déplacements sommaires et des clics simples pour confirmer certaines actions ou sélectionner des objets. Tous les boutons supplémentaires ne servent pas. De plus, le graphisme que nous utilisons est précalculé. Cela signifie pour une console énormément de temps de chargement pour gérer des images très lourdes telles qu'on en trouve dans nos jeux. Il faut réduire pratiquement de moitié la taille des images pour l'adapter aux performances d'une console.
jeuxvideo.com > Et donc aucun des jeux de ce genre n'a jamais été un succès sur console ?
Olivier Train : Il me semble que le premier Atlantis avait été un succès. Il avait bénéficié d'une certaine notoriété car il renouvelait le jeu d'aventure en insufflant de la vie et des personnages à des jeux "point & click", surtout quand on le comparait au premier Myst dans lequel il n'y avait pas âme qui vive. Donc Atlantis avait plutôt marché mais surtout par sa réputation. Mais si nous sentons qu'il est justifié d'adapter ce jeu-ci sur consoles, on le fera pour donner accès à ce genre de titres à des joueurs sur ce support dans la mesure où c'est ue manière différente de voir les énigmes, de voir l'interaction qui peut tenir la route sans problème.
jeuxvideo.com > Mais avec ces fameuses consoles de nouvelle génération qui ont commencé à remplacer les anciennes, les problèmes techniques subsisteraient-ils ?
Olivier Train : On pourrait effectivement tenter des adaptations. Mais le problème est également commercial. Il faudrait savoir si le public "console" est prêt à jouer à ce type de jeu. C'est la seule question à se poser.
jeuxvideo.com > Merci, M. Train.
- Site officiel de The Secrets Of Da Vinci : Le Manuscrit Interdit