jeuxvideo.com > C'est l'aspect simulation qui vous a le plus intéressé dans ce projet ? Vous y auriez participé s'il avait été question d'un jeu d'arcade ?
David Douillet : Non, mais ce n'est pas exactement comme ça que les choses se sont passées. En fait, quand on commence à discuter, le jeu n'existe pas. D'autres, avant, m'avaient déjà proposé de travailler sur un projet qui avait le mérite d'exister mais qui n'était pas satisfaisant. Ca ne me convenait pas parce que justement c'était de l'arcade. J'ai refusé en expliquant que je voulais respecter ma discipline, que je l'aime trop pour faire n'importe quoi. Sur ce projet, on a discuté, j'ai fait des propositions, ils sont repartis avec, ils ont phosphoré et ils sont revenus me voir. J'ai vu le rendu de la motion capture, ça commençait à prendre corps et j'avais en face de moi des gens qui écoutaient. Cet échange a tenu jusqu'au résultat que vous avez vu et qui me satisfait pleinement même s'il est certainement perfectible.
jeuxvideo.com > Néanmoins, comme vous l'évoquiez lors de la présentation, il a fallu que vous fassiez des concessions...
David Douillet : Effectivement mais il s'agit essentiellement de limites imposées par la technique. Les éléments qui ne peuvent pas encore être dans le jeu le seront certainement dans une version ultérieure.
jeuxvideo.com > Et plus précisément, de quoi parle-t-on ?
David Douillet : Je pense qu'il faut que l'on améliore le travail au sol mais aussi le kumi kata, la prise de garde. Cela constitue un élément très stratégique. Pour l'instant ce n'est qu'effleuré par manque de capacités techniques. Il y a aussi d'autres modules qui mettent notamment en avant les valeurs véhiculées par le judo et que je veux voir, car elles sont importantes. Dans ce jeu, on a déjà le salut et le combattant qui ne salue pas son adversaire est pénalisé. Dans l'avenir, on cherchera sans doute à introduire un mini-jeu autour d'un athlète qui s'énerve parce que son adversaire s'est vu octroyer un avantage. Le joueur devra faire une manipulation pour calmer son athlète.
jeuxvideo.com > Durant la présentation, vous évoquiez vous-même votre expérience de joueur. Cela se traduit par quoi ?
David Douillet : En fait c'était surtout vrai quand j'étais compétiteur parce que j'avais le temps de jouer durant les voyages. Aujourd'hui, c'est nettement moins le cas. Mais je suis toujours passionné par les simulations de vol puisque je suis pilote et les wargames, les titres du genre Age of Empires...
jeuxvideo.com > Vous avez essayé Age of Empires III ?
David Douillet : Pas encore. Mon fils l'a et je recule l'échéance de devoir l'affronter car il me met des tannées pas possible. Je l'ai initié quand il avait huit ans et aujourd'hui qu'il en a quatorze, c'est une catastrophe. Donc ça me gonfle un peu...
jeuxvideo.com > Avez-vous participé en personne aux séances de motion-capture ?
David Douillet : Non et pour une bonne raison : mon gabarit. Déjà, il aurait fallu me tailler une combinaison sur mesure ce qui reste du domaine du possible. Par contre, il est nécessaire de comprendre que la meilleure forme de corps et la beauté du geste technique, se trouvent plutôt chez les athlètes de morphologie moyenne, les 78-80 kilos. Comme il fallait un standard à la fois basique et joli, c'est avec ces poids-là que les développeurs ont choisi de travailler.
jeuxvideo.com > Vous et les développeurs expliquiez qu'au bout d'un moment on finit par laisser de côté le système qui indique à l'écran les gestes à placer et l'instant où il faut les placer. Alors faut-il être judoka pour bien jouer à David Douillet Judo ?
David Douillet : Non, pas du tout. Même s'il est vrai que les judokas comprennent rapidement le jeu, ceux qui se lanceront dans le mode Carrière, au bout d'un certain moment n'auront plus besoin de regarder ces indications. Ils auront mémorisé les techniques par rapport aux boutons du périphérique d'interface et ils sentiront, comme un judoka le sent, les instants propices pour lancer les actions. Donc, ce jeu est accessible à n'importe qui et, à la limite, il est plus compliqué au départ pour un judoka. Comme le système vous éduque, je dirais que la prise en main est de l'ordre d'une dizaine ou d'une quinzaine de minutes.
jeuxvideo.com > Le fait que vous soyez le personnage caché du jeu, celui qui a les meilleures statistiques, ça n'a pas un petit côté "culte de la personnalité" ?
David Douillet : Bien sûr ! Vous ne pensiez quand même pas qu'on allait me vaincre comme ça, non ?!! C'est du culte de la personnalité pur et dur ! (rires)
jeuxvideo.com > Merci pour votre bonne humeur. Plus sérieusement, pensez-vous que ce serait "vous vendre" que d'accepter de participer à un jeu de combat plus traditionnel, dans la veine des Street Fighter et autres ?
David Douillet : J'ai déjà refusé ce genre de projet. D'emblée, pour moi, c'est non. Je n'ai même pas creusé la question. Je suis ouvert à un projet de jeu qui tourne autour du judo mais le reste... Je respecte trop ma discipline pour faire n'importe quoi. Pour être tout à fait concret, on m'a proposé des millions de dollars pour participer à des tournois multidisciplinaires réels genre K1. J'ai refusé. Le judo est un sport de combat extrêmement efficace sinon le plus efficace. On le voit chez les athlètes qui gagnent dans ce genre de tournois, les meilleurs sont souvent issus du judo et d'autres sports de combat qui s'en sont inspirés.
jeuxvideo.com > Vous mettez bien en avant la philosophie de votre sport et le message passe parfaitement. D'ailleurs, pour rester dans cet esprit de respect des règles, pourriez-vous nous donner les cheatcodes qui permettent de sortir des flingues avec munitions infinies ?
David Douillet : (rire) Ah non, désolé ! Je n'ai que les cheatcodes pour être le meilleur et je vais les garder encore un peu...
jeuxvideo.com > merci M. Douillet.
- Site officiel de David Douillet Judo