Lors d'une présentation présidée par Peter Molyneux en personne, nous avons pu faire connaissance de visu avec Black & White II. Et on a bien senti que cette suite se devait de "rentrer dans le rang" tout en cheminant sur les voies originales défrichées par le premier opus. Cette alchimie nous en fera t-elle voir de toutes les couleurs ?
Quand on fait une suite, on lui attribue en général un sous-titre afin de l'installer dans ce qui devient une série ou proposer comme une profession de foi résumée en quelques mots accrocheurs. Dès les premières minutes passées sur Black & White II, la raison pour laquelle cette suite-là échappe à cette règle de base apparaît clairement. En effet, on a rapidement l'impression que l'équipe de Lionhead a développé sous l'égide de l'incontournable Peter Molyneux une "nouvelle version" du premier Black & White chargée de lui donner une direction claire et facilement compréhensible par les joueurs, plutôt qu'une suite qui se contenterait de proposer de nouveaux niveaux, quelques unités en plus, etc.
Donc, le principe reste le même : vous êtes un dieu douillettement calé dans ses nuages et vous présidez au devenir de votre peuple de la manière qui vous sied le plus. Ainsi, selon votre façon de jouer, vous allez vite devenir une divinité bénéfique ou, au contraire, maléfique. La lutte du bien et du mal est un thème cher à Peter Molyneux comme on a pu le constater à des degrés différents dans Fable ou Dungeon Keeper, mais le problème du premier Black & White était qu'il n'avait que ça à proposer. Résultat, sans vrai challenge, la plupart des joueurs se détachaient rapidement de cette leçon de morale très discutable puisque uniquement tributaire de la manière dont on avait décidé de jouer à un instant donné. Cette fois-ci, Lionhead nous propose un scénario qui, s'il ne s'annonce pas comme des plus originaux, aura au moins l'avantage d'exister pour proposer au plus grand nombre de joueurs un but à atteindre. En l'occurrence, c'est le peuple grec que vous avez en votre sainte garde. Attaqués dès les premières minutes par des Aztèques (ben voyons !), il ne devra son salut qu'à votre intervention puisque, omnipotence oblige, vous pourrez à loisir faire rouler des troncs sur certains groupes d'ennemis, lancer des meules de foin enflammées sur d'autres tout en ramassant à la main certains représentants de votre peuple pour les jeter dans un portail de téléportation. Fuyant cette première bataille, vous allez reconstruire votre civilisation sous des cieux plus cléments au cours d'une épopée durant laquelle vous rencontrerez tour à tour des peuplades scandinaves et japonaises.
La grosse nouveauté de Black & White 2, c'est l'accent sur l'aspect "Stratégie en temps Réel", aspect assaisonné à la manière Black & White, ce qui le rend bien plus subtil que la moyenne. B&W II met à votre disposition trois unités militaires : les fantassins, les archers et les armes de siège. "Seulement trois ?!" s'indigneront certains. D'accord, cela paraît peu mais l'idée derrière ce petit chiffre est sans doute d'éviter de rendre la guerre sexy afin de pousser les joueurs à résoudre les conflits autrement. La manière douce sera parfaitement envisageable. Par exemple, pour peu que les bâtiments constituant la cité que vous développez soient disposés de manière harmonieuse, ceux qui auraient pu être vos ennemis seront impressionnés et éviteront de vous déclarer la guerre, apaisés par la vision d'un tel chef-d'oeuvre architectural. Vous pourrez ainsi vaquer à vos activités de "dieu clément", tâches qui ne seront pas pour autant de tout repos puisque cet équilibre sera tellement fragile que le simple fait d'arracher un arbre pour aider vos constructeurs à bâtir des maisons pourra vous faire basculer du proverbial "côté obscur". Le territoire que vous dirigerez (votre zone d'influence dans laquelle votre omnipotence divine pourra s'exprimer à loisir) est délimité par un trait vert semblable au tracé d'une frontière au sol de la zone active de l'écran de jeu. Cette zone pourra s'étendre si les peuplades voisines, aidées en cela par des bâtiments administratifs que vous aurez faits construire, décident que chez vous c'est mieux que chez eux et demandent à être naturalisées, grossissant ainsi les rangs de votre propre peuple. Et voilà comment on conquiert des territoires sans verser la moindre goutte de sang...
L'alternative est bien entendu de décimer tout ce qui bouge. Mais dans ce cas, les développeurs ont clairement choisi leur camp, attendez-vous à devenir un dieu vengeur dirigeant un peuple de zombis dans un pays où l'herbe est noire et les arbres desséchés. En plus de vos troupes, vous bénéficierez de miracles dévastateurs qui vous permettront, en fonction de la ferveur dont vos petites gens feront preuve au temple, de faire pleuvoir des météores enflammés sur les armées ennemies ou de foudroyer des bataillons entiers. Avec de l'entraînement, vous pourrez même créer à la volée un volcan, histoire de noyer vos adversaires sous la lave.
On retrouvera dans Black & White II l'un des points essentiels du premier : l'avatar divin. Cette créature bipède qui aura les traits d'un gigantesque lion, loup, orang-outang ou l'émouvant regard d'une vache symbolisera lui aussi la philosophie que vous imposerez sur vos contrées. Apprenez-lui à jouer à la baballe et, au fil du temps, sa bonhomie en fera un réservoir de bien-être pour vos villageois qu'il n'hésitera pas à aider dans leurs tâches routinières ; maltraitez-le et préparez-le à piétiner les armées de fourmis (question de point de vue par rapport à sa taille) qui oseront vous envahir et vous verrez son faciès s'orner d'un inquiétant et féroce sourire tandis qu'il dévorera des villageois pour se nourrir. Gentil toutou ou arme de destruction massive, ce sera à vous de choisir...
Si la main de dieu semble, et pour cause, s'être posée sur le contenu de Black & White II, on reste bien plus dubitatif en ce qui concerne l'aspect technique. Lors de ce premier contact, nous n'avons pu que déplorer un affichage souvent saccadé. Il va sans doute falloir une machine de course pour pouvoir profiter pleinement de ce jeu magnifique aux décors bourrés de détails gérés en temps réel et indépendants les uns des autres. Nous reviendrons sur ce point de manière plus concrète et précise lors d'un prochain test.
- Site officiel de Black & White 2