Après le succès de Myst, le studio Cyan ne pouvait pas en rester là. Il devait offrir une suite à tous les fans désireux de connaître la suite de l'histoire, surtout que Atrus sollicitait une nouvelle fois votre aide à la fin du premier volet. Riven a donc vu le jour en 1997, sur Mac et PC dans un premier temps, puis sur Playstation et Saturn un peu plus tard. Si la technique avait fait un énorme bond en avant depuis le premier Myst, l'histoire reprenait exactement là où elle s'était arrêtée. Grâce à un nouveau livre de liaison, vous vous retrouvez sur Riven afin de sauver Catherine (le femme de Atrus) des mains de Gehn, son beau-père. Tout comme Myst, Riven est un Age écrit de toutes pièces renfermant de nombreux mystères, peut-être même plus que Myst car venant de l'esprit très dérangé de Gehn. Ce dernier a créé Riven dans l'unique but de satisfaire sa mégalomanie, les habitants de ce monde étant donc voués à lui rendre un culte quasi-quotidien.
Riven, le jeu, reprend donc le concept de son prédécesseur. On y trouve un grand nombre d'énigmes peut-être plus difficiles encore mais réellement passionnantes car à la différence du premier volet, on ne navigue plus tellement entre différents Ages. On reste globalement dans le monde de Riven, divisé en plusieurs îles mais formant un tout très cohérent grâce à un système de navettes complexe et spectaculaire. C'est d'ailleurs ce qui marque quand on joue à Riven, l'impression de se balader dans un monde entier avec son village d'un côté, son monastère de l'autre, sa petite école au bord de l'eau, sa forêt étouffante. L'immersion est totale. Où que l'on soit dans le jeu, on se sent littéralement transporté dans le lieu visité. La bande-son participe activement à cet état de fait grâce à des musiques mêlant intimement nappes de synthés et percussions lointaines. Encore plus détaillés, les graphismes se permettaient d'afficher des détails toujours plus pointus tels que les objets bizarres du bureau de Gehn. Les rares personnages rencontrés étaient des incrustations vidéo parfaitement maîtrisées qui donnaient une touche bien réelle à l'expérience de jeu. Même si on ne pouvait pas leur parler, ni même interagir avec eux, leur présence était palpable.
Tout comme Myst, l'intérêt de Riven repose en grande partie sur la compréhension de son environnement, et ce n'est qu'en perçant les mystères du lieu, qu'on parvient à rejoindre Catherine avant de la ramener auprès de son mari. Je peux vous assurer qu'une fois commencé, il est d'ailleurs très difficile de sortir de cet univers si envoûtant. On veut savoir comment est régi cet Age. On veut connaître la vraie personnalité de Gehn, comprendre pourquoi il agit de la sorte avec sa belle-fille. Tout ce qui nous entoure donne matière à réflexion, même les plus petits détails, comme les symboles qui ornent la petite salle de classe (une nuit blanche à les étudier pour rien...). Mais c'est ça Riven : un grand défi intellectuel dans un monde de toute beauté. Le plaisir des yeux est le plus évident, car immédiat, mais celui de la réflexion est tout aussi intense. Ceux qui ont déjoué Riven savent la satisfaction qu'on peut ressentir lorsqu'enfin on comprend le système métrique de l'île et que l'on arrive du coup à déchiffrer ces symboles bizarres qui ornent les cahiers de Gehn. Avec le recul, on peut affirmer que Riven est le meilleur épisode de la série. Il fait en tout cas partie de ces grands jeux qui ont marqué leur époque et dont l'aura continue d'inspirer les productions actuelles.
Jihem