Full Throttle. Plein gaz en français. Voilà un jeu qui porte bien son nom. Sans renier le style aventure qui a fait sa renommée, LucasArts s'éloigne des délires de Day Of The Tentacle et Sam & Max pour nous plonger dans un univers plus viril. On incarne Ben, le chef des PoleCats, un gang qui passe ses journées dans les bars ou sur les selles en cuir de leurs bécanes à sillonner les routes rectilignes du désert américain. Tout irait bien pour Ben, s'il n'était pas tombé dans un traquenard. Lâché par les siens et accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, celui du patron de Corley Motors (le dernier et le plus prestigieux fabricant de bécanes du pays), le pauvre Ben va devoir se battre pour retrouver la position qu'il occupait il y a encore quelques jours.
Oui, oui, vous avez bien lu, Ben devra se battre. Pour la première fois dans un jeu LucasArts de cette trempe, le parcours réserve quelques scènes d'action. Oh n'allez pas croire qu'elles prennent le pas sur l'aventure, mais elles sont présentes. De mémoire, on peut en compter au moins deux. La première est un long enchaînement de combats sur deux roues. Bien installé sur sa moto, Ben va affronter différents membres de gangs ennemis. L'astuce consistera à les envoyer paître en se servant de la bonne arme (planche, chaîne, tronçonneuse, etc.) et en respectant le principe de pierre feuille ciseaux. Telle arme est plus forte que telle autre... La seconde phase d'action se passe dans une arène de combat de voiture. A bord d'un stock car, vous devrez effectuer une cascade particulière.
En mettant ces deux séquences de côté, on se retrouve tout de même devant un jeu dans la plus pure tradition LucasArts. On discute avec des gens, on ramasse des objets, on les utilise ensuite dans des endroits généralement pas prévus à cet effet, le routine quoi. Full Throttle se démarque cela dit par son ambiance "biker" fort réussie. De la musique aux graphismes, tout renvoie à cet univers mécanique et rock'n roll. Pour la bande-son, c'est d'ailleurs un véritable groupe de rock qui s'y colle (Gone Jackals pour ne pas le citer), tandis que le doublage original fait appel à quelques voix connues. Mark Hamill passe ainsi derrière le micro pour donner vie à à Ripbur, le méchant de l'histoire. En France, nous n'aurons pas droit à ce même traitement de faveur, mais force est de reconnaître que le doublage frenchy sonne également très juste et qu'il contient lui aussi quelques répliques cultes ("Tu sais ce qui ferait vachement bien sur ton nez ? Le bar !").
Un peu plus court que ses prédécesseurs, et peut-être aussi un peu plus facile, Full Throttle n'a pas atteint le même niveau de renommé que Day Of The Tentacle, Sam & Max ou la saga Monkey Island. Il s'agit pourtant d'un jeu qui mérite amplement que l'on s'intéresse à lui, même si les deux roues ne sont pas forcément votre tasse de thé. Le titre regroupe en effet tous les atouts pour vous faire passer un bon moment : ses personnages sont attachants, les situations sont drôles et la réalisation est impeccable, ce qui ne gâche rien. Une suite était prévue pour sortir cette année avant d'être purement et simplement annulée par l'éditeur. Vu la manière dont s'annonçait ce second volet, ce n'est finalement pas plus mal d'avoir avorté le projet pour ainsi garder intact l'esprit du Full Throttle original.
Jihem