"Le renouveau du jeu d'aventure", voilà une formule qui ressemble davantage à une trouvaille journalistique qu'à un voeu pieu suivi des faits. On le prédit, on l'annonce, un jeu vient défrayer la chronique et se retrouve étiqueté comme tel puis, plus rien. Ne reculant devant aucune prise de risque (surtout si ça n'implique rien de physique...), nous sommes ravis de vous annoncer que nous sommes à l'orée du renouveau du jeu d'aventure avec l'arrivée en septembre 2005 de Fahrenheit. Dans une New York pratiquement ensevelie sous la neige, le joueur prendra dans un premier temps l'identité de Lucas Kane. Dans les toilettes douteuses d'un restaurant bas de gamme, ce jeune homme va poignarder à mort un des clients après s'être copieusement tailladé les avant-bras à l'aide de la même arme. Comme entrée en matière, on a connu plus paisible...
Dès les premiers instants, on comprend que "liberté d'action" n'est pas un vain mot dans Fahrenheit. Dès qu'il sera tiré de son bad trip et qu'il constatera ce dont il s'est rendu coupable, Kane pourra réagir de différentes manières sous votre impulsion. On peut se précipiter dans la salle du restaurant, au risque de bousculer la serveuse qui n'oubliera pas votre visage. Ultérieurement, elle pourra donc donner une description très précise aux policiers chargés de l'enquête ce qui pourrait diminuer de façon drastique la durée de vie du jeu... Autre possibilité, se calmer et prendre le temps de cacher l'arme du crime, le cadavre et de tout nettoyer avant de tenter de sortir calmement, voire de se retourner s'asseoir à sa place pour tenter de tirer la situation au clair... ou constater d'autres faits troublants. Mais même là, ne vous imaginez pas que vous aurez l'occasion de faire du tourisme. Le flic affalé au bar devant un café ne va pas tarder à sentir une envie pressante ce qui le conduira tout naturellement à vous rejoindre dans les toilettes si vous y êtes encore.
Dans Fahrenheit, on se retrouve en permanence sous la pression du choix, pression alimentée par trois éléments essentiels du principe de jeu. Tout d'abord, Kane va vite constater qu'il a développé un don de prémonition, prétexte en fait à de courtes séquences cinématiques qui permettent d'alerter le joueur sur ce qui va suivre et de l'informer de ce qu'il devra faire pour avancer dans le jeu. Dans l'un de ces flashs survenant le lendemain du crime, vous voyez un policier frapper à votre porte mais aussi les draps et vos vêtements ensanglantés. Le message est clair : il va falloir détruire et cacher ces preuves avant que le représentant de la maréchaussée ne mette la main dessus. Autre élément bien stressant : le fait que tout dans ce jeu soit chronométré, notamment les réponses que vous apportez durant les conversations qui émaillent le scénario. Enfin, développé à la fois pour consoles et PC, Fahrenheit exigera l'utilisation d'un pad traditionnel, n'en déplaise aux possesseurs d'ordinateur souvent peu rompus à ce périphérique. Pourquoi ? Tout simplement parce que les très nombreuses séquences d'action se résolvent par des combinaisons de touches ou des déplacements des petits joysticks analogiques qui surmontent ce type de manette. C'est infiniment plus instinctif que la combinaison clavier/ souris.
Pour que cette première présentation de Fahrenheit soit complète, il convient d'évoquer deux derniers aspect primordiaux du jeu. Premièrement, si l'histoire débute avec Lucas Kane, vous aurez rapidement l'occasion de diriger également les deux policiers new yorkais chargés de l'enquête : Carla Valenti et Tyler Miles. Parfois, le scénario se scinde comme sur un aiguillage et on doit choisir quelle partie du récit on va faire avancer avant de passer aux autres. Ensuite, il faut veiller à ce que le personnage qu'on dirige ne déprime pas de manière irrécupérable car il pourrait finir par se suicider ce qui, bien sûr, serait synonyme de "Game Over". En bas à droite de l'écran, un petit "moralomètre" prend en compte en temps réel les baisses d'humeur engendrées par des situations effrayantes ou les remontées qu'on peut générer de manière très simple : en écoutant un disque ou en faisant l'amour. Eh oui, ça devient presque une figure imposée de tout jeu se voulant adulte, vous aurez le droit à une séquence d'intimité exacerbée que vous pourrez diriger du bout de la manette. Sortie de Fahrenheit prévue pour septembre 2005.
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