Avant tout, lançons un merci aux éditeurs de titres qui à grands renforts d'études, de chiffres de ventes et de prises de position, semblent savoir ce qui va obligatoirement fonctionner ou non. Ainsi, si l'Europe a eu droit au premier opus de Tobal, le second épisode qui, sorti en 1997 au pays de Hirohito, ne verra jamais le jour sur notre bon vieux continent. Alors oui, le premier opus n'a pas véritablement bien marché malgré une animation des combattants fabuleuse et des possibilités de combat tout simplement bluffantes (même si on précisera ici que la version européenne a eu contre elle d'être sortie dans un version 50 Hz rendant l'animation assez lente), mais ce qu'il faut savoir c'est qu'il y a quasiment autant de différences entre Tobal 1 et 2 qu'entre Virtua Fighter et Virtua Fighter 2.
Bref, en tant que jeu de baston, Tobal 2 va bien entendu vous donner moult adversaires à combattre pour atteindre les cimes de la gloire. Si on trouve plusieurs modes de jeu plus ou moins originaux, il est ici intéressant de faire le parallèle entre les modes VS, Championnat et le mode Quest, qui apparaissait déjà dans le premier épisode et qui est ici fortement lié aux deux premiers challenges cités. Le mode Quest n'est ni plus ni moins qu'un RPG dans le jeu qui, bien que relativement simple dans son concept (on parlera en effet ici de Dungeon RPG), n'en est pas moins passionnant.
D'ailleurs, on remarque que Dream Factory, le développeur, est très friand de ce « petit » bonus puisqu'en plus de Tobal n°1, Ergheiz (jeu de baston des plus pauvres dont le seul intérêt est de jouer avec les héros de Final Fantasy VII) possède également un tel mode de jeu.
Le mode Quest de Tobal 2 va donc vous permettre de diriger le personnage de votre choix dans une multitude de donjons composés de plusieurs étages. Pour progresser d'un niveau à l'autre, vous aurez à tuer un boss ce qui vous permettra au passage de gagner des points de résistance et de devenir plus puissant. Le schéma est classique mais rudement impressionnant sachant qu'à la base nous sommes tout de même dans un jeu de baston ! Le tout commence dans un village. Vous pourrez y glaner informations et potions en tout genre avant de partir à l'aventure. Le premier tour de force est ici de nous présenter des environnements soignés, des villages assez grands et plusieurs personnages, marchands à qui parler. Il ne faudra d'ailleurs pas omettre d'acheter tout ce dont vous avez besoin car une fois dans le donjon, vous devrez en plus des montres à combattre faire attention à votre jauge de sommeil et votre jauge de santé. Ainsi, entre deux affrontements, vous devrez prendre le temps de dormir à même le sol, de manger des quartiers de viande et de boire des potions que les monstres auront laissé par terre pour faire monter votre énergie. Attention par contre, certaines potions ont des effets négatifs sur votre personne d'une partie sur l'autre, pervers ! Ensuite, je me permets de revenir sur les points d'EXP glanés lors des combats. Une fois de plus, le système est génial puisque lesdits points seront répartis en fonction de votre façon de combattre. Utilisez uniquement vos pieds et vos coups de poings seront beaucoup plus faibles, misez sur votre poing droit, le poing gauche fera beaucoup moins de dégâts. Vous pourrez cependant vous aider de gemmes que vous trouverez dans les donjons pour booster vos capacités mais attention, car un cristal bleu (par exemple) vous octroiera parfois un aspect positif puis dans le donjon suivant vous empoisonnera ou vous fera perdre en rapidité, en force. A vous de toutes les essayer en vous équipant à vos risques et périls, voire de les lancer sur les adversaires pour que ces derniers perdent en puissance si tant est que la gemme soit maléfique.
Mais ce qui demeure LE gros plus de ce titre est le fait que tous les monstres que vous aurez réussi à capturer lors du mode Quest viendront s'ajouter à la liste de personnages jouables dans les autres modes de jeu !! Ceci est d'autant plus sidérant qu'une fois arrivé à terme, le mode Versus verra l'adjonction de 200 combattants, dont la guest star du jeu, un chocobo ! Certes, la plupart des personnages bonus auront la même palette de coups que les combattants de base mais tout de même, quelle classe ! A mon sens, aucun jeu de combat ayant vu le jour ne propose un panel aussi imposant de fighters. Bref, le mode Quest est un petit bijou (bien que moins évolué que celui d'Ergheiz) et gonfle la durée de vie d'une façon exponentielle, d'autant que ce dernier est extrêmement difficile puisque la sauvegarde n'est possible qu'une fois dans un village !!
Mais qu'on se le dise, si le mode Quest fait office de cerise sur cet énorme gâteau, Tobal 2 est avant tout le jeu de baston quasi parfait sur PSone, ou du moins le meilleur en ce qui me concerne. Si on pourra peut-être mettre en avant le manque de finition de certains décors (mais attention, ils restent de très bonne qualité, variés et bénéficiant de quelques animations), tout le reste est à tomber à la renverse.
Tout d'abord l'animation des combattants est irréelle tant elle avait des années d'avance sur celle de ses adversaires directs. D'une qualité surprenante dans Tobal, elle en devient franchement surréaliste dans Tobal 2. Les mouvements des personnages sont extrêmement coulants, les animations sont superbes (il faut voir ce combattant sautiller sur lui-même après avoir reçu un coup de pied dans le tibia) et les effets spéciaux magnifiques. Certes, le gameplay se veut assez technique pour maîtriser les contres, pour passer dans le dos de l'adversaire et lui placer une choppe, mais quel régal pour les yeux, la chorégraphie des combats étant pleine de maestria et de souplesse. A noter qu'une vue subjective est également de la partie mais cette dernière demande tout de même énormément d'entraînement pour être maîtrisée.
En fait, la maniabilité tient dans le fait qu'il faudra composer avec les choppes puisque une fois que vous aurez pris votre adversaire, vous aurez quelques secondes pour le déplacer dans l'arène de combat (en avant, en arrière, sur les côtés) et prendre un peu de recul. Vous aurez aussi bien entendu la possibilité de placer des coups de pieds et poings (faible, moyen et puissant), de sauter ou encore de vous défendre, la garde devenant choppe, couplée à un autre bouton. Bref, le gameplay se veut pointu mais d'une saveur bien réelle pour tout type de joueur.
De plus, on saluera une fois encore le travail de Square en matière de cinématiques, le jeu ayant droit à une scène d'introduction somptueuse et une fin par personnage. Concernant ces derniers, c'est Toriyama Akira qui rempile pour ce qui est du design. Celui-ci est parfait, spécial mais parfait, du moins pour ceux et celles qui connaissent et apprécient l'oeuvre du maître. On retrouve pêle-mêle des anciens combattants du premier opus tout comme des nouveaux (deux en fait), toute la team maîtrisant diverses techniques martiales. De base nous avons donc 10 fighters soit : Chuji-Wu (héros du premier opus), Epon (une mistinguette des plus souples), Oliems (le poulet le plus fort de la galaxie), Hom (un robot assez difficile à manier), Fei-Pusu (le vieux maître immuable), Ill Goga (un monstre mi-troll, mi-dragon), Mary Ivonskaya (qui malgré quelques rondeurs n'en maîtrise pas moins plusieurs prises de catch), Gren Kuts (le frère jumeau de Trunks !), Chaco Yutani (une petite nouvelle toute mimi), Doctor V (rapide, précis et puissant) et dans la section boss à débloquer, le retour de Mufu, Nork The Mysterious, Emperor Udan (le boss de fin du premier épisode) et enfin Mark The Devil (disposant d'un superbe design très inspiré par celui de C-16 vu pendant la période Cell dans Dragon Ball Z).
Dream Factory signe ici le nec plus ultra du jeu de baston uniquement destiné au marché japonais. Ceci est d'autant plus ironique que les autres productions de la firme se révéleront passablement moyennes mais arriveront malgré tout jusqu'à nous. Ceci étant, Tobal 2 a facilement gagné ses galons d'œuvre rare, d'œuvre culte s'adressant aussi bien aux fans de Toriyama qu'à ceux de jeux de baston ou encore de RPG. Pièce maîtresse d'une console qui ne manquera pourtant pas de jeux de combat, le titre de SquareSoft est une production majeure d'une entreprise mythique vendue à plus de 100 millions d'unités. Beau, maniable, technique et agréable à la fois, un mode Quest fabuleux rallongeant considérablement la durée de vie (car étant basé autour d'une difficulté surhumaine), Tobal 2 est unique, un point c'est tout.
Logan