Dans le vaste monde des jeux vidéo il est des softs qu'on regarde d'un œil distrait, des softs qu'on oublie aussitôt la console éteinte, des softs qui auraient gagné à ne pas exister, bref des oeuvres qui ne perdureront nullement de par les âges, et puis il y a des titres comme Final Fantasy Tactics. C'est en Juin 1997 que SquareSoft décide de nous sortir au Japon ce qui reste encore à ce jour son meilleur tactical RPG (ceci est un avis purement personnel ) basé sur l'univers de sa série fétiche Final Fantasy. On peut dès lors se demander ce que va donner ce titre usant au mieux de la célèbre franchise pour se faire connaître. Ne tergiversons pas, si Final Fantasy Tactics n'est pas le précurseur du genre, il n'en reste pas moins un des monuments du genre toutes consoles confondues, seul le statut de chef-d'œuvre lui seyant à merveille pour le titrer.
Concernant l'aspect scénaristique, l'histoire prend place un an après la guerre de 50 ans qui a mis à feu et à sang le royaume d'Ivalice. Suite à l'enlèvement de la princesse Ovelia, va s'engager un conflit entre la famille du Lion Blanc Gallion et celle du Lion Noir Zeltenia.
Ce sera dès lors à vous Ramza Beoulves, de démêler le vrai du faux, de déjouer les intrigues politiques et de faire la vérité sur ce qui deviendra "The Lion War". Comme vous le découvrirez le scénario de Final Fantasy Tactics est extrêmement riche et développé et ne sera guère avare en rebondissements et révélations en tout genre. C'est donc au cours de vos pérégrinations dans des villages, des donjons, des forêts, de batailles épiques en rencontres diverses et variées que peu à peu vous en apprendrez davantage sur ce qui se trame dans l'ombre du royaume d'Ivalice. D'ailleurs pour faire un parallèle avec Final Fantasy Tactics Advance, il est indéniable que le scénario de FFT était en tout point supérieur à celui de son cadet. Plus complexe dans sa trame, plus sombre dans son traitement, plus enrichissant dans sa construction, l'histoire du titre est à mille lieux de celui de FFTA qui ne décolle absolument pas et ce…jusqu'à la fin (qui a parlé de la couleur des cheveux de Ritz ? ?). Le premier point très important de FFT est donc sans aucun doute l'aspect purement littéraire de l'œuvre, le gothisme du jeu amenant avec lui un cadre magnifique où chevaliers et princesses sont tout simplement magnifiés. Car malgré son côté Super Deformed, les personnages ont un charisme indéniable et on ne doute à aucun moment, par exemple, de la nature aristocratique de la princesse Ovelia ou de celle chevaleresque de Delita. Encore une fois malgré son design "bon enfant" nous avons véritablement affaire à des personnages matures qui ont un passé mystérieux derrière eux et un avenir pour le moins menaçant qui les attend. A ce sujet, il est inutile de rappeler la toute fin du jeu à ceux et celles qui l'ont terminé. Incroyablement pessimiste, ou du moins surprenante, même si elle s'inscrit dans la continuité de l'histoire. La dernière scène est à ce titre très dure, très intense où quand une lame prenant une vie confine au génie.
Pour rester dans l'aspect artistique du titre, citons les environnements tout simplement superbes. Nous avions droit à une 3D isométrique somptueuse (pour de la PSone) amenant avec elle des plateaux de jeu très détaillés. Pour ce qui est des décors là encore rien à dire puisqu'on restera ébloui devant ces forêts, ces cascades, ces châteaux, ou ces villages enneigés. De véritables petits tableaux, et même si nous n'atteignons pas la poésie d'un Saga Frontier 2, Final Fantasy Tactics peut se targuer de posséder un design qui peut paraître au premier abord assez surréaliste vu la noirceur et le sérieux de l'histoire mais qui malgré tout apporte beaucoup au jeu, tant les couleurs sont bien choisies et les personnages pleins de vie. Pour finir de s'en convaincre il suffira de jeter un œil aux effets spéciaux éblouissants et aux invocations divines qui portent remarquablement bien leurs titres ! Une fois encore dommage que FFTA n'ait suivi que partiellement cette voie, probablement dû fait que le jeu ait été destiné à la GBA et accessoirement à un plus large public. Finalement, le point qui rapproche le plus les deux titres est la musique de Sakimoto Hitoshi, un musicien hors du commun qui a su conférer à Final Fantasy Tactics (avec l'aide de son comparse Iwata) une atmosphère quasi religieuse de par des compositions tantôt mystérieuses et envolées, tantôt joviales (le thème de la carte, du pub, des boutiques...) pour une immersion musicale de chaque instant, un maelström de couleurs portées par une partition tout simplement parfaite.
Pour ce qui est du jeu en lui même, pas de doute, il s'agit bien d'un RPG tactique avec moult affrontements émaillant le jeu. Ces diverses batailles se déroulent au tour à tour, vous déplacez vos "pièces" sur un échiquier en 3D isométrique et l'ennemi en fait de même. A chaque tour vous avez plusieurs choix possibles (déplacer, attaquer, effectuer une magie…) et devrez faire preuve de beaucoup d'ingéniosité (en vous servant du relief par exemple) pour vous sortir de certaines batailles particulièrement ardues. En dehors de cela vos personnages devront s'équiper au mieux dans les villages qui parsèment leur route, tout ceci bien sûr pour améliorer leurs capacités d'attaque et de défense. Jusqu'ici Final Fantasy Tactics ne se démarque pas énormément de la kyrielle de RPGs tactiques sortis sur console, mais c'était sans compter sur l'ingéniosité de Square qui nous propose un système de jobs particulièrement intéressant. Ainsi, à l'issue des combats, vous obtenez, en plus des traditionnels points d'expérience, des job point qui vous permettent d'apprendre les techniques propres à la classe à laquelle vous appartenez. Plus d'une dizaine de métiers différents vous sont proposés et sachant que vous pouvez cumuler les métiers vous aurez une idée de l'immense durée de vie si vous voulez obtenir des personnages complets dans presque tous les domaines, je dis "presque" car certains métiers (danseuse, barde…) sont spécifiques aux femmes ou aux hommes. De ce fait, en plus de constituer une équipe disparate formée de plusieurs classes de combattants, on s'amusera aussi à remplir la totalité des missions (en solo, ou en équipe, ce principe ayant été conservé dans FFTA), à combattre pour le plaisir (afin de booster sa team, le propre de tout fan de RPG qui se respecte) ou encore à dénicher certaines guest stars dont le très médiatique Cloud de Final Fantasy VII qui ne révélera sa véritable puissance qu'une fois atteint un haut niveau, mais à ce stade quelle jouissance ! A ce sujet, on appréciera aussi les nombreux clins d'œil à l'histoire du 7ème opus des Final Fantasy via la psychologie de Cloud qui est conservée et le retour de…Aerith via un « remake » de la rencontre des deux personnages ! !
On ne ressort pas indemne de Final Fantasy Tactics. Tant son scénario, ses graphismes que ses personnages contribuent immédiatement à nous plonger avec une délectation évidente dans ce soft. Gageons que dès les premières minutes vous serez conquis par ce jeu prodigieux, subtile mélange de réflexion et d'action, et encore une fois on peut se dire que la marque déposée Final Fantasy n'est pas usurpée. Ce constat est d'ailleurs moyennement valable pour FFTA qui demeure bien moins ambitieux dans son propos. Certes le soft est une œuvre que vous vous devez d'essayer mais on se rend finalement compte de ses faiblesses après une soixantaine d'heures. Si j'en suis aujourd'hui à plus de 130 heures de jeu (histoire de peaufiner mon équipe et de terminer toutes les missions) j'avoue éprouver bien moins de plaisir que celui distillé par Final Fantasy Tactics qui reste encore aujourd'hui un des titres qui m'ont le plus marqué depuis je me suis acoquiné avec dame vidéoludique Bref, vous l'aurez compris, SquareSoft nous invite avec Final Fantasy Tactics à une grande fête ludique fort sélect et si le port du smoking n'est pas obligatoire celui d'aventurier est de rigueur.
Logan