Dans un monde dirigée par une puissance néfaste et autocratique, une armée s'est soulevée, afin de renverser le terrible dictateur opprimant son peuple et ivre de conquêtes. Mais avant toute déclaration de guerre irrémédiable, les généraux ont décidé d'un commun accord d'envoyer derrière les lignes ennemies leur meilleur élément, Super Joe. Malgré le fait qu'il dispose d'un patronyme risible et ridicule, il demeurait la dernière chance d'une paix gangrenée. Fort heureusement, tout n'est pas perdu, car vous êtes présent à l'appel. Votre mission est simple à défaut d'être facile. Vous devez retrouver Super Joe, au péril de votre vie, et de la sienne, si vous n'y parvenez pas. Pour cela, les scientifiques ont apporté quelques petites modifications à votre corps de frêle humain. Désormais vous êtes un commando bionique, disposant de la meilleure technologie de votre contrée, dont la fierté est le bras mécanique, atout majeur contre les centaines de soldats vous attendant de pied ferme. Et la partie n'est pas gagnée, loin de là. En effet, ce ne sont pas moins de 19 zones à la dangerosité croissante que vous aurez à épurer de la vermine. Mais ce n'est pas tant le nombre de stages qui provoque des sueurs froides à s'en éponger le front, que la difficulté globale du titre.
Fidèle à sa tradition séculaire de proposer des jeux à destination de joueurs prêt à devenir fou à force de faire et refaire des centaines de fois un même niveau, Capcom n'a, ici, pas trahi ses racines. Peu réputé pour sa maniabilité intuitive, Bionic Commando souffre concrètement de la raideur de son personnage principal, tout de vert vêtu. Lourd et pataud, il est peu aisé de deviner à l'avance où cet agent très spécial va poser son pied botté, après un voyage dans les airs de plus de 10 mètres. D'autant que ce genre d'acrobaties s'effectue le plus souvent au milieu de fosses garnies de pieux, où seuls quelques plates-formes minuscules ont la lourde tâche d'assurer votre survie. De plus on ne sait jamais vraiment la distance que peut parcourir notre héros lors de ses balancements lestes, se heurtant de ce fait fréquemment avec un ennemi en face de lui. Et lorsque l'on découvre avec horreur qu'un seul choc met fin aux beaux jours du soldat d'élite, vous imaginez aisément la suite. De même, face aux hordes d'adversaires belliqueux fonçant sur vous avec une rage poignante, lors de phases ressemblant un tantinet à Ikari Warriors, seule un slalom doublé d'une chance insolente, vous tiendra hors de la tombe. Mais pourquoi avoir choisi un titre aussi difficile, me direz-vous ? Et bien tout simplement parce que j'aime passer des nuits entières, les yeux en pleurs, à contempler un amas de pixels gisant au sol pour la 456 ème fois.
Plus sérieusement, cette production Capcom cache sous une carapace de méchancetés effarantes, un coeur avide de procurer un plaisir non feint. Effectivement on pourrait croire au premier abord, que ce jeu, vecteur de plusieurs dépressions nerveuses, n'est qu'une oeuvre sans âme et dénuée de tous sens. Ce serait bien se fourvoyer. Proposant une aventure riche, et sur des bien des points intéressantes, Bionic Commando a le droit à une chance méritée. En premier lieu, il intègre un côté aventure, relativement basique, mais suffisant pour diversifier un tant soit peu l'action. Visite de villages neutres où toute violence est bannie, collecte d'informations, découvertes d'objets nécessaires pour des missions en aval, rencontres avec des compatriotes, tous ces aspects renvoient indubitablement vers le schéma classique du jeu d'aventure. Plaisant et brisant la monotonie, cette implémentation représente un plus non négligeable. Ensuite, il vous arrivera fort souvent d'effectuer deux types de combat totalement différentes. L'une classique, en vue de profil, vous demandant de vous infiltrer au sein de places fortes ennemies, et l'autre, plus originale dans ce genre de titre, reposant sur le gameplay d'Ikari Warriors, comme évoqué ci-dessus. Cette dernière d'ailleurs intervient sur la "carte du monde" (vous servant à vous déplacer de zone en zone), lorsque vous entrez en collision avec le camion d'une garnison. Vous êtes donc toujours sur le qui-vive, même lors de paisibles vols en hélicoptère.
Troisièmement, et pour finir, l'utilisation de votre bras métallique s'avère bien pensée et fort dynamique. Si dans les moments où le jeune militaire se balance, la vivacité n'est pas au rendez-vous, lors des escalades forcées de tours radios ou de parois de grotte, il en est tout autrement. En fait, le grappin vissé à votre membre vous permet de vous agripper où bon vous semble, et permet par la même les mouvements les plus incroyables. Grimper au huitième niveau d'une tour ne vous demandera qu'une poignée de secondes, en retirant de ce compte les agressions ennemies. Vous jouerez sans cesse sur l'esquive, et sur le contournement, par le biais de votre capacité spéciale. Il existe donc plusieurs manières de terminer une affectation, ou de gérer une situation. Si bien que la lassitude n'étend pas son noir manteau sur l'intérêt d'un titre qui n'en manque pas. Si l'on ajoute à cela la quête de nouveaux moyens de défense, les pièges tendus par vos opposants dans les salles radio, et le côté épique du fait de se retrouver seul face à une armée, Bionic Commando, devient, peut-être pas un grand jeu, mais un bon jeu, à l'ambiance particulière. Au final, et même si la réalisation graphique n'est vraiment pas travaillée (le sentiment était déjà identique à l'époque), ce jeu estampillé Capcom reste vraiment intéressant et mérite au moins un essai, et plus si affinités. Super Joe ne mourra pas..
Killy