Pendant cinq jours, les autorités américaines étaient à la recherche d’un seul homme : le meurtrier de Brian Thompson, tué le 4 décembre dans une rue à New-York. On en sait désormais plus sur le passé du criminel.
Un développeur devenu assassin
Le 4 décembre 2024, Brian Thompson, PDG de la compagnie d’assurance UnitedHealthCare, a été assassiné par un dénommé Luigi Mangione. L'assassin présumé a été arrêté après cinq jours de traque intense. Pour l’instant, c’est l’hypothèse d’un mobile politique qui est privilégiée : ce serait un acte contre le système des assurances de manière générale. Cela explique le fait que l’assassin a reçu un soutien étonnant de la part du grand public, notamment sur les réseaux, qui est considéré par certains comme un "héros", du moins de par ses motivations.
Luigi Mangione est âgé de 26 ans et est originaire de Baltimore (Maryland, Etats-Unis). Doué à l’école, celui-ci obtient le titre de Valedictorian, qui récompense l’élève avec la plus haute moyenne du lycée, avant d’obtenir un master en informatique à l’Université de Pennsylvanie en 2020. Fan du livre écrit par le mathématicien et terroriste Ted Kaczyinski (le Unabomber), Luigi souffrirait de maux de dos qui n’ont pas pu être soignés par le biais d'une opération médicale. Éminemment critique des compagnies d’assurance, et du capitalisme plus largement, ce dernier n’a pas encore révélé de ses propres mots les raisons de son acte. Son profil Linkedin a été retrouvé, sur lequel figure un stage de 16 mois pour l’entreprise Firaxis Games. On apprend qu’il aurait corrigé plus de 300 bugs d’interface pour le jeu Civilisation VI.
Le désamour du jeu vidéo
Plus jeune, Luigi était un grand passionné de jeux vidéo, et voulait en créer lui-même, comme il l’expliquait dans une interview de 2018 pour le journal de l’université : “Au lycée, j’ai commencé à jouer à beaucoup de jeux indépendants [...] mais je voulais créer mon propre jeu, et donc j’ai appris à coder”. En fait, cette interview fut réalisée car Luigi Mangione et son camarade Josh Nadel avaient créé au sein de leur université un club de développement de jeux vidéo, qui a rassemblé près de 60 membres. “UPGRADE”, du nom du club, existe toujours aujourd’hui et comporte non seulement des programmeurs, mais également des musiciens, des auteurs, comme un vrai studio de jeux vidéo : cela était la volonté de Luigi.
À l’inverse de son ami Josh Nadel, qui est devenu concepteur de jeu pour Blizzard entre autres, Luigi s’est tourné vers une carrière d’ingénieur data, pour un concessionnaire automobile en ligne, nommé Truecar. Pourtant, quelques années plutôt il jurait “être incapable d’imaginer un jour ne plus vouloir développer des jeux vidéo.” Mais le feu s’est éteint, et quelques mois avant l’acte, il publiait un tweet où il fustige les cybercafés japonais offrant 24h/24 des jeux comme “Tekken” et “Overwatch”. Il estimait ces lieux d’eSport être en partie responsables du déclin de la natalité japonaise. En somme, un personnage tiraillé par divers combats politiques, qui, indépendamment de leur honorabilité (à chacun de se forger son opinion), l’auront poussé sur un chemin dont il est maintenant impossible de revenir.