Souvent considérée comme l’ennemie des professeurs, l’intelligence artificielle pourrait pourtant devenir une alliée de l’éducation nationale sur certains aspects. C’est, en tout cas, ce que souhaite le recteur de l’académie de Toulouse.
Si les élèves et les étudiants ont rapidement pris le petit train de l’IA en marche en utilisant ChatGPT et consorts pour de bonnes et de mauvaises raisons, le fait est que les professeurs suivent le mouvement. Certes, il est aujourd’hui compliqué pour beaucoup d’entre eux de savoir si leurs élèves ont bien rédigé leurs devoirs, ou si c’est une IA qui s’en est chargée. Mais les élèves ne se doutent peut-être pas que leurs profs peuvent s’aider d’une intelligence artificielle pour préparer leurs cours ou même leurs sujets d’interro.
Pour Mostafa Fourar, l’actuel recteur de l’académie de Toulouse, c’est un fait : l’Éducation nationale doit prendre en compte l’existence des intelligences artificielles. Ce mardi 10 décembre, il a présenté au conseil régional Occitanie son plan Intelligence artificielle 2025 face à 200 personnes, loin d’être toutes acquises à sa cause.
L’IA ne remplacera pas les profs, mais elle peut les aider
Le recteur n’a aucunement l’intention d’utiliser l’IA afin de remplacer les professeurs, quand bien même une pénurie persiste dans de nombreuses académies. L’idée se trouve ailleurs : elle s’articule en trois volets, dont le premier porte sur le recensement de toutes les initiatives en matière d’IA dans l’éducation nationale, afin de « partager les ressources avec d’autres professeurs », a-t-il expliqué à La Dépêche.
Le deuxième volet consiste à enseigner certains usages de l’IA dans les filières professionnelles. « Il ne s’agit pas d’utiliser ChatGPT ou des intelligences génératives, mais plutôt d’enseigner aux élèves les processeurs industriels du tertiaire qui utilisent l’IA », détaille Mostafa Fourar.
Enfin, le troisième volet, et pas des moindres, consiste à intégrer l’usage des IA dans les processus administratifs de l’Éducation nationale. Avec quel objectif ? Celui, par exemple, d’utiliser les intelligences artificielles afin de gérer plus efficacement le remplacement des professeurs. « Je souhaite mettre en place une IA qui sera en capacité de lire, d’écouter un message audio, qui permettrait d’apporter une réponse ou d’orienter », le tout sans que la personne à l’origine de la requête n’ait l’impression de discuter avec une IA, explique le recteur.
« Notre devoir est de préparer nos élèves »
Le recteur se présente comme pragmatique face à l’épineuse question de la création d’un « enseignement dématérialisé » à base d’IA. Pour lui, l’intelligence artificielle peut notamment entrainer des effets positifs sur les problématiques d’écart de niveau dans les classes. Une IA peut identifier le niveau de l’élève, afin d’adapter les exercices à son niveau et l’aider à mieux progresser. « Cela permet aux professeurs de traiter l’hétérogénéité de sa classe pour dégager plus de temps pour les élèves qui ont le plus de difficultés », estime Mostafa Fourar.
Enfin, pour lui, la plupart des pays vont avoir l’obligation de s’adapter à cette évolution notable, aussi technologique que sociale. « Notre devoir est de préparer nos élèves, nos enseignants à être en phase avec la technologie. » Reste maintenant à savoir si l’Éducation nationale partagera cet avis.