Recharger un smartphone sans le brancher, en utilisant uniquement la chaleur humaine, pourrait très bientôt être possible grâce à la trouvaille originale de chercheurs irlandais. Quand le corps devient une énergie renouvelable…
Ce n’est pas une révélation, le corps humain produit beaucoup de chaleur afin de conserver une température globale autour de 37°C. Et les performances de notre corps sont plutôt impressionnantes, puisque chaque 0,1 m² de celui-ci génère l’équivalent de 19 allumettes qui se consument toutes les heures.
À l’heure des économies d’énergie et de l’énergie verte, il peut sembler aberrant que la chaleur humaine soit tout simplement gaspillée : en effet, une immense partie s’échappe dans l’atmosphère et elle est ainsi perdue.
La batterie en bois, une idée loin d’être bête
Une équipe de chercheurs basée à l’Université de Limerick en Irlande, et dirigée par l’ingénieur Muhammad Muddasar, a décidé de se pencher sur cette épineuse question. Ce dernier a mis au point le concept de « récupération de chaleur résiduelle » afin d’éviter le gâchis de chaleur humaine, et potentiellement d’autres sources comme les machines qui travaillent ou les véhicules. « En exploitant cette énergie autrement perdue, les industries peuvent améliorer leur efficacité opérationnelle et contribuer à un environnement plus durable », explique-t-il dans une tribune publiée sur le site The Conversation.
Pour cela, l’ingénieur et son équipe se sont penchés sur l’effet thermoélectrique, qui peut permettre de transformer la chaleur en électricité via une différence de température qui « produit un potentiel électrique ». En se déplaçant du côté chaud vers le côté froid, les électrons génèrent un courant électrique utilisable.
Mais le principal frein à l’usage de ce phénomène était, jusque-là, la nécessité d’utiliser des matériaux nocifs pour l’environnement et la santé comme le plomb, le mercure ou encore le cadmium. Alors les scientifiques ont cherché une alternative, qu’ils ont trouvée dans le bois et plus précisément dans la lignine, une biomolécule présente dans certains arbres irlandais.
Une piste sérieuse pour des batteries innovantes
L’étude montre que des membranes fabriquées à partir de lignine, lorsqu’elles sont plongées dans une solution saline, peuvent transformer efficacement de la chaleur à basse température, c’est-à-dire moins de 200 °C, en électricité. Cette transformation repose sur une différence de température entre les deux côtés de la membrane, qui fait bouger les ions dans la solution saline : les ions positifs vont vers le côté plus froid, et les ions négatifs vers le côté plus chaud. Ce mouvement crée une séparation des charges qui génère une tension électrique, pouvant, ainsi, être utilisée pour produire de l’électricité.
« Étant donné qu’environ 66 % de la chaleur résiduelle industrielle se situe dans cette plage de températures, cette innovation représente une opportunité significative pour des solutions énergétiques respectueuses de l’environnement », estime Muhammad Muddasar.
Cette nouvelle technologie est qualifiée de « prometteuse » par le chercheur, qui souligne sa dimension durable et écologique. Il reste cependant de nombreux défis à relever pour la rendre réellement utilisable, et la question du stockage est notamment primordiale. Les scientifiques étudient désormais la possibilité d’utiliser du carbone poreux à base de lignine en guise d’électrode dans les supercondensateurs destinés à stocker l’énergie de leur batterie de nouvelle génération.
L’idée est toujours la même : respecter l’environnement au maximum, tout en proposant une solution fiable de stockage de l’énergie. « Cette innovation en matière de technologie de stockage d’énergie pourrait alimenter divers dispositifs, allant des appareils électroniques grand public aux technologies portables, en passant par les véhicules électriques », conclut l’ingénieur. On a hâte d’en savoir plus sur la viabilité de cette technologie !