Le ministère américain de la Justice risque de forcer Google à vendre Chrome. Un changement qui pourrait métamorphoser Internet si le verdict tombe.
La fin de Google Chrome
Le ministère américain de la Justice s'apprête à demander des mesures radicales contre Google dans le cadre de l'affaire antitrust concernant le monopole du géant sur la recherche en ligne. Selon des sources proches du dossier, le ministère demandera notamment à Google de vendre son navigateur web Chrome, considéré comme un point d'accès crucial pour l'utilisation de son moteur de recherche.
Cette demande s'inscrit dans une série de recommandations que le ministère de la Justice présentera au juge. L'objectif principal est de briser l'emprise de Google sur le marché de la recherche en ligne, jugée anticoncurrentielle. Le navigateur Chrome, avec environ 61% de parts de marché aux États-Unis selon StatCounter , est perçu comme un instrument essentiel de cette domination. En contrôlant le navigateur, Google dirigerait de facto les utilisateurs vers son propre moteur de recherche, au détriment de la concurrence.
La vente de Chrome soulève cependant de nombreuses questions, notamment concernant l'impact sur Chromium, la base de code open-source sur laquelle repose le navigateur. Chromium est utilisé par de nombreux autres navigateurs, dont Microsoft Edge. Il est crucial de se demander si Google serait autorisé à continuer de développer ce projet open-source après la vente de Chrome, et quelles seraient les modalités de cette séparation. La question de la propriété intellectuelle et de la maintenance future du code source se pose avec acuité. Sans oublier les Chromebook, que deviendraient-ils dans cette nouvelle entité ?
La décision aurait pu être pire
Le ministère de la Justice semble avoir envisagé une option encore plus drastique : forcer Google à vendre son système d'exploitation mobile Android. Cette option a finalement été écartée au profit d'une demande de "découplage" d'Android des autres produits Google, tels que le moteur de recherche et le magasin d'applications Google Play, actuellement vendus ensemble. Ce découplage vise à permettre aux fabricants de smartphones et aux utilisateurs de choisir plus librement les services qu'ils souhaitent utiliser sur leurs appareils, sans être contraints d'utiliser l'écosystème Google.
L’argument avancé par Google, qui prévoit de faire appel de la décision, est que la séparation de Chrome ou d'Android "les casserait". L'entreprise met en avant l'intégration étroite de ses différents produits et services, arguant qu'une séparation forcée nuirait à l'expérience utilisateur et à l'innovation. Certains observateurs partagent ce point de vue, estimant que des mesures moins radicales, comme l'interdiction de préinstaller Chrome et d'autres services Google sur les appareils Android, seraient suffisantes pour rétablir une concurrence équitable. D'autres, souhaitent même la possibilité de désinstaller facilement ces applications pré-installées.
D’autres recommandations
Au-delà de la vente de Chrome et du découplage d’Android, d’autres recommandations du ministère de la Justice incluent l’obligation pour Google de licencier les données et les résultats de son moteur de recherche, ainsi que la possibilité pour les sites web indexés par Google Search de refuser que leurs données soient utilisées pour l’entraînement de l'intelligence artificielle. Cette dernière mesure reflète les préoccupations croissantes concernant l'utilisation massive de données web pour l'entraînement des modèles d'IA, et le besoin de garantir un meilleur contrôle aux propriétaires de ces données.
Une audience est prévue en avril 2025, et une décision finale est attendue en août de la même année. L’issue de cette affaire aura des conséquences importantes pour Google, mais aussi pour l’ensemble de l’industrie technologique et les utilisateurs. Les prochains mois seront donc cruciaux pour l’avenir du web et de la concurrence dans le secteur numérique.