Sur le papier, les auteurs de mangas devenus célèbres paraissent faire preuve d’une imagination sans limite. Mais comme tout le monde, ils peuvent aussi être victime du syndrôme de la page blanche. C’est probablement grâce à leur capacité à le surmonter qu’ils peuvent prétendre à la notoriété dont ils disposent aujourd’hui. Par exemple, Akira Toriyama, s’est servi de son entourage pour lors d’un moment où il était en panne d’inspiration.
Dr Slump : l'avant Dragon Ball
C’était avec son œuvre Dr. Slump, le manga qui a contribué à la popularité de l’auteur avant Dragon Ball. C’est son éditeur de l’époque, Kazuhiko Torishima, qui a expliqué la création de l’antagoniste Dr. Mashirito dans une interview à Forbes :
Toriyama a fait une ébauche d'une nouvelle histoire pour un nouvel épisode, dans lequel un savant fou apparaîtrait. L'histoire était bonne, mais le personnage du savant fou n'était pas assez fort. Je savais, grâce à Doberman Deka, que l'apparence du personnage était très importante. J'ai donc dit à Toriyama que le savant fou actuel était trop faible et qu'il devait revenir en arrière et trouver quelqu'un de vraiment méchant, avec un grand impact. Je lui ai donc dit d'imaginer la personne qu'il déteste le plus et de penser à la personne la plus méchante de la planète (...) J'ai donc attendu et attendu, mais je n'ai reçu le numéro qu'à la date limite, ce qui signifiait que je n'avais pas le temps de le modifier. Quoi qu'il en soit, Toriyama avait donné mon visage au savant fou.
Il ajoute que Toriyama a appelé le Dr. Masharito en référence aussi à l’éditeur : c’est son nom à l’envers ! Une anecdote qui est vite devenue célèbre puisque, déjà à l’époque, Toriyama réalisait des petits mangas après chaque épisode. Il avait alors déjà saisi l’occasion de parler de son éditeur.
Il recommence (inconsciemment) dans Dragon Ball
Ce n’est pas la seule fois où Toriyama s’est servi de son entourage professionnel pour conceptualiser des antagonistes. La preuve avec ses premiers éditeurs tels que Torishima, Yû Kondô et Fuyuto Takeda. Ils auraient servi de modèles respectifs à Piccolo, Freeza et Majin Boo. C’est en tout cas de cette manière qu’ils sont présentés en 1995, dans la deuxième édition du Shenlong Times.
Un inspiration démentie par Toriyama, du moins en partie. C’est ce qu’il explique dans Dragon Ball Forever, un guide sur Dragon Ball sorti en 2004 au Japon (2018 en France) :
À ce propos, il semble qu'il y ait une rumeur selon laquelle les modèles de Piccolo, Freeza et Boo sont mes anciens éditeurs, mais je ne me souviens pas avoir fait cela consciemment... non, c'est peut-être le cas, à la base ; peut-être que je les ai reflétés inconsciemment. À part cela, on dit qu'il y a une variété de modèles pour les personnages, mais ce ne sont que des mensonges... ou plutôt, ce ne sont que des histoires que je n'ai jamais entendues auparavant. (rires) Je n'ai pas utilisé de modèles.
Il ajoute seulement que l’image de Bruce Lee enragé l’aide à dessiner les yeux de Goku quand il se bat, ces derniers étant difficiles à s’imaginer.