Les plateformes de SVOD se font constamment la guerre pour tenter d’attirer le plus grand nombre d’abonnés. La course à la rentabilité et aux bénéfices pousse constamment les entreprises à innover et surtout à continuer à appuyer sur les choses qui marchent : les documentaires de sport.
Les docu-séries, fer de lance de Netflix, mais pas que
Pour conserver son nombre d'abonnés, Netflix a compris que la stratégie résidait dans la capacité à captiver les regards des fans de sport avec de la nouveauté. La plateforme américaine est alors rapidement devenue productrice de docu-séries. Il s’agit des contenus sportifs qui prennent la forme d’un film ou d’une série d’épisodes et qui n'hésitent pas à évoquer tous les sujets possibles autour du monde sportif. Ainsi, vous pouvez donc retrouver Together, la docu-série qui revient sur le triplé historique réalisé par Manchester City lors de la saison 2022-2023 avec des interviews inédites de l'entraîneur Pep Guardiola et de l’attaquant vedette Erling Haaland. Mais il y a aussi The Last Dance qui retrace l’inoubliable saison de basket de 1997-1998 de Michael Jordan avec les Chicago Bulls. Un hommage accompagné d’images inédites qui a été récompensé par un Emmy Award dans la catégorie Meilleure série documentaire.
Si vous aimez les hommes et les femmes de l’ombre, vous pouvez vous dirigez vers les Secrets de coach qui retracent les grandes règles nécessaires à la réussite selon les plus grands coachs. Mais Netflix n’a pas été la seule à lancer ses propres séries. Prime Vidéo et Disney Plus lui ont emboîté le pas. Sur la première, on retrouve, Le Stade, qui retrace le parcours du Stade Toulousain, un des plus grands clubs du monde du rugby, lors de la saison de tous les records (2 saisons sont disponibles). Mais on peut aussi voir De l'Évolution du Quarterback Noir avec un retraité de la NFL Michael Vick qui traverse l’Amérique pour témoigner de l’impact des quaterbacks noirs sur le terrain avec notamment la présence de Patrick Mahomes. Forcément, les gros noms attirent et la série est devenue TOP 1 sur la plateforme aux Etats-Unis lors de sa semaine de sortie.
Disney + n’est pas connue pour être la plateforme qui se frotte le plus aux contenus sportifs en général. Mais on peut quand même apercevoir sur le catalogue Bienvenue à Wrexham, qui retrace le parcours du Wrexham Football Club, racheté par Rob McElhenney et Ryan Reynolds, qui tente de remonter dans l’élite du football anglais. Pour attirer ses spectateurs, la série-documentaire n'hésite pas à montrer les coulisses du parcours tout en romançant les rebondissements, les échecs et les victoires. Et le mot “coulisse” est loin d’être anodin.
Montrer l’inconnu
Le 8 mars 2019, Netflix et la Fédération Internationale de l'Automobile annoncent la sortie officielle de Formule 1 : Pilotes de leur destin. La série documentaire permet de donner un aperçu exclusif des coulisses de la Formule 1. On observe alors des interviews inédites des dirigeants des équipes, des pilotes ainsi que de leurs entraînements, leurs émotions et leurs personnalités. Tout ce qui est non-perceptible lors des grands prix à la télévision est décrit dans la série et c’est bien ce qui a fait son succès. Aux Etats-Unis, le nombre moyen de téléspectateurs a augmenté de 70% entre 2018 et 2021, soit de 547 000 à 928 000 selon le diffuseur ESPN. Un constat qui est donc largement gagnant-gagnant pour les deux entreprises productrices. Consciente de la poule aux œufs d’or qu’elle détient, la plateforme américaine a alors décidé de renouveler pour plusieurs saisons. En mars 2025, c’est déjà la septième qui sortira et la date n’est jamais choisie au hasard. Les 10 épisodes sortent généralement 1 à 2 semaines avant le début de la saison suivante de Formule 1. Formule 1 : Pilotes de leur destin se pose ainsi comme long résumé avec des images inédites, uniquement visibles dans la série.
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Après le succès du monde automobile, Netflix n’a pas tardé à tenter l’expérience sur d'autres sports comme le tennis. Break Point (2023) suit le parcours de plusieurs espoirs ou figures du tennis mondial durant leur saison. Sous fond d’interviews, on découvre donc les coulisses presque impensables pour une personne lambda. La série subit quelques critiques des spectateurs avec un 3,7/5 sur Allociné, mais une deuxième saison est annoncée pour 2024. La plateforme américaine s’est aussi frotté au monde du vélo avec Tour de France : Au cœur du peloton (2023) où l’abonné peut suivre de l'intérieur plusieurs équipes qui s’affrontent pour le maillot jaune.
Une figure star
Pour que le spectateur se sente concerné par le documentaire, il faut aussi qu’il puisse s’associer à sa personnalité ou à son sportif préféré. Il faut noter que les reportages sont de plus en plus axés sur les stars en devenir. On ne parle plus seulement des grands noms déjà ancrés dans leur sport, mais aussi des jeunes qui sont voués à devenir le meilleur dans leur discipline. Cela intéresse le spectateur et montre le tout début d’un parcours, parfois semé d'obstacles.
MyCanal y contribue avec sa série Intérieur Sport qui retrace le parcours, de l’intérieur, des stars montantes tel que le basketteur Victor Wembanyama (20 ans, Spurs de San Antonio) dans Un1que et du footballeur Warren Zaïre-Emery (18 ans, PSG) dans Année majeure. On se sent proche du personnage qui fait vibrer plein de personnes chaque week-end. Netflix a également misé sur le football, mais sur un nom beaucoup plus évocateur. On parle bien évidemment de l'immense joueur David Beckham avec sa série éponyme qui retrace sa toute sa carrière ainsi que sa vie d’après. On peut également évoquer le film sur Antoine Griezmann retraçant son parcours jusqu'à la Coupe du monde 2018.
Bref, il y a tellement de docu-séries et de longs-métrages sportifs sur toutes les plateformes SVOD. On peut aussi évoquer Icare, un film primé aux Oscars, qui dénonce le système de dopage en Russie avec l’aide d’un cycliste amateur ou encore FIFA : Ballon rond et corruption qui revient sur les exigences liés à l’organisation d’une Coupe du Monde de football et ses déboires. Il est très difficile de chiffrer avec précisions le nombre de docu-sport disponibles en ligne. Avec des mondes professionnels de plus en plus fermés aux fans, il semblerait qu’ils soient une façon de découvrir son équipe, son époque, son sportif ou son entraîneur préféré sous son jour le plus naturel.
Un objectif simple : Attirer de nouveaux abonnés
Si pour certains le sport reste un pilier dans leur vie quotidienne et leur vie de supportérisme, il n’est pas aussi simple d’attirer de nouveaux potentiels abonnés friands de documentaires sportifs. Les plateformes de service vidéo à la demande font face à une nouvelle constatation : la Gen Z n’est pas très attirée par le sport en général. Selon une étude d’Amaury Media de l’UNION Sport et Cycle menée sur 2000 français âgés de 10 à 18 ans, le sport est même la troisième distraction favorite, se retrouvant au même niveau que d’écouter de la musique. Et ils sont seulement 63% à pratiquer une activité physique. Mais la donnée importante à retenir ne réside pas dans ces statistiques mais plutôt dans les motivations. En effet, ils considèrent que le fait de prendre du plaisir, s’amuser, se sentir bien et s’évader doivent être au centre de leurs préoccupations sportives.
Tout se joue sur de simples petits mots pour les plateformes de SVOD. Pour l’ancienne génération, suivre son équipe favorite ou venir la supporter au stade semble naturel. Mais pour la nouvelle, c’est plus difficile. Avec les réseaux sociaux, les jeunes sont de plus en plus captivés par l’information qui attise leur curiosité. Que pense un joueur lorsqu'il marque un but ou un panier à 3 points ? Comment devient-on un OVNI de sa discipline ? Qui est vraiment Simone Biles au quotidien ? Et les plateformes ont bien compris qu’il fallait donner un second souffle aux simples rencontres de sport. Il faut les scénariser pour aguicher les spectateurs de tout âge. Ils connaissent déjà pour la plupart le résultat, mais ils veulent savoir comment tout cela est arrivé. C’est cette curiosité qui a notamment attiré Netflix, Prime, MyCanal ou encore Disney + à prendre cette direction. Mais l’attraction des moments de vie privée des sportifs de haut niveaux va-t-elle durer indéfiniment ?