Warren Buffett a réduit sa participation dans Apple de plus de moitié, empochant une plus-value colossale. Cette stratégie de désinvestissement, motivée par des facteurs fiscaux et une gestion prudente du portefeuille, interroge sur l'avenir de la firme à la pomme.
Un mauvais signe pour Apple ?
Warren Buffett, l'investisseur légendaire à la tête de Berkshire Hathaway, a récemment réduit significativement sa participation dans Apple , cédant plus de la moitié de ses actions au cours de l'année 2024. Cette décision stratégique, qui a généré une plus-value colossale et une facture fiscale estimée à 15 milliards de dollars – soit davantage que le chiffre d'affaires annuel de Spotify – suscite de nombreuses interrogations. S'agit-il d'un signe de défiance envers la firme à la pomme ou d'une simple optimisation de portefeuille dans un contexte économique particulier ?
Le désengagement progressif de Berkshire Hathaway vis-à-vis d'Apple s'étale sur trois trimestres consécutifs. Avec un prix moyen de vente autour de 186 dollars par action, la plus-value réalisée par celui que l’on appelle l'« Oracle d'Omaha » est estimée à 150 dollars par titre. Malgré cette réduction drastique, qui ramène la valeur de sa participation dans Apple de 175 milliards à 84 milliards de dollars, la firme de Cupertino demeure le principal investissement de Warren Buffett. Cette position, bien que réduite, témoigne d'une confiance persistante dans le potentiel à long terme d'Apple. D'ailleurs, Buffett a lui-même affirmé son intention de conserver des actions Apple, American Express et Coca-Cola, même après son départ.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette stratégie de désinvestissement. Le premier est la volonté de Berkshire Hathaway de privilégier la liquidité dans un contexte de taux d'intérêt élevés et de valorisations boursières potentiellement surévaluées. Avec un ratio cours/bénéfice supérieur à sa moyenne historique, Apple pourrait apparaître comme une valeur chère, incitant à la prudence. Un autre élément à prendre en compte est la perspective d'une hausse de l'impôt sur les plus-values, envisagée par certains candidats politiques américains. En réalisant ses gains avant une éventuelle augmentation de cet impôt, Warren Buffett optimise la rentabilité de son investissement et préserve les intérêts de ses actionnaires.
Warren Buffett a-t-il raison ?
Si la logique financière derrière cette opération est compréhensible pour un conglomérat de la taille de Berkshire Hathaway, la question se pose pour l'investisseur individuel : faut-il suivre l'exemple de Warren Buffett et se désengager d'Apple ? La réponse est probablement non. Les enjeux fiscaux, déterminants pour une entreprise gérant des milliards de dollars, sont moins importants pour un particulier. De plus, Apple reste une entreprise solide, générant des revenus considérables et dominant le marché mondial des smartphones. Son chiffre d'affaires trimestriel de 85,8 milliards de dollars et son bénéfice net de 21,5 milliards de dollars témoignent de sa puissance financière. Même si la croissance des revenus d'Apple a ralenti ces derniers trimestres, la firme de Cupertino continue d'innover et d'investir massivement dans des technologies d'avenir, comme l'intelligence artificielle. L'intégration de l'IA dans les nouveaux iPhone est d'ailleurs perçue comme un potentiel catalyseur de croissance, susceptible de relancer les ventes et de raccourcir le cycle de renouvellement des appareils.
Il est important de rappeler que Warren Buffett a investi massivement dans Apple en 2016, pour un montant initial de 40 milliards de dollars. Cet investissement s'est avéré extrêmement profitable, générant un rendement de 800%. La décision actuelle de réduire sa participation ne remet pas en cause la qualité intrinsèque de l'entreprise, mais reflète plutôt une adaptation aux conditions de marché et une gestion prudente du risque. L'évolution du cours de l'action Apple depuis le début de l'année 2024, avec une hausse de près de 20%, confirme l'attractivité de la société pour les investisseurs.
La stratégie de Warren Buffett s'inscrit dans une perspective long terme. Il privilégie l'investissement dans des entreprises solides, disposant d'un avantage concurrentiel durable et d'une capacité d'innovation. Apple, malgré les fluctuations du marché et les défis conjoncturels, répond à ces critères. La philosophie d'investissement de Buffett, qui consiste à "acheter une entreprise merveilleuse à un prix juste plutôt qu'une entreprise juste à un prix merveilleux", reste pertinente. Pour l'investisseur individuel, la décision d'investir dans Apple doit être basée sur une analyse fondamentale de l'entreprise et sur une vision à long terme, sans se laisser influencer par les mouvements de court terme du marché, même s'ils sont initiés par des figures emblématiques comme Warren Buffett. La performance passée d'Apple et son potentiel d'innovation futur suggèrent que la firme à la pomme conserve un fort potentiel de croissance, malgré une valorisation boursière élevée. Il est donc important de ne pas surinterpréter la stratégie de désinvestissement de Berkshire Hathaway et de conserver une vision à long terme sur l'évolution de l'action Apple.