L’Arcom a récemment publié une évaluation de l’impact environnemental des différents modes de diffusion audiovisuelle. Force est de constater que le streaming, à lui tout seul, ruine les efforts de bien des Français.
Vous avez la fibre écologique et vous tâchez de faire le nécessaire pour réduire votre empreinte carbone au quotidien ? Pour cela, vous triez peut-être vos déchets, vous marchez ou faites du vélo plutôt que de prendre votre voiture ou vous limitez le chauffage en hiver. Cependant, il y a une activité qui peut inconditionnellement ruiner vos efforts : le streaming.
Dans son étude de l’impact environnemental des usages audiovisuels en France, l’Arcom, en association avec l’ADEME, dresse un bilan assez radical de la situation actuelle : en France, les usages audiovisuels ont le même impact carbone que 4 millions de voitures de particuliers, soit environ 5,6 millions de tonnes d’équivalent CO2.
La SVOD est particulièrement gourmande
L’étude de l’Arcom prend aussi bien en compte l’impact de la production des appareils qui permettent de visualiser du contenu que l’utilisation du réseau et des centres de données associés. Ainsi, 1 heure de consommation audiovisuelle correspond à entre 6 et 57 grammes d’équivalent CO2, ce qui correspond, toujours selon l’étude, à « l’impact d’un TGV roulant sur 2 à 20 km ».
L’empreinte carbone des activités de streaming varie fortement : par exemple, écouter la radio FM sur un appareil classique déconnecté consomme 7 gCO2eq/heure, tandis que du streaming audio sur smartphone via le réseau mobile en consomme 31. En revanche, l’accès à la vidéo en streaming consomme 52 gCO2eq/heure aussi bien sur une TV connectée que sur un smartphone.
Il est cependant important de souligner que la fabrication des appareils qui entrent dans le cadre de l’utilisation de ces solutions constitue la première source d’émissions de carbone. Dans le cas du smartphone, l’utilisation du réseau et son infrastructure représentent la plus grosse part des émissions, loin devant l’utilisation du datacenter associé. De manière générale, les smartphones et les réseaux mobiles sont les plus gros consommateurs d’énergie finale dans le domaine du streaming, qu’il soit audio ou vidéo.
Des efforts à faire pour améliorer la situation
Les projections à l’horizon 2030 réalisées par l’Arcom et l’ADEME montrent que seule l’adoption de mesures de sobriété pourrait permettre de maîtriser cette tendance. Pour cela, il faudrait acheter moins souvent des appareils neufs et privilégier l’occasion et le reconditionné, faire réparer plutôt que jeter, mais aussi opter pour des vidéos de qualité plus limitée pour réduire le poids des vidéos et donc consommer moins de bande passante. Par ailleurs, privilégier les réseaux fixes aux réseaux mobiles est aussi recommandé lorsque c’est possible.
On note que si beaucoup de mesures sont entre les mains des consommateurs, les constructeurs d’appareils et les fournisseurs de services de streaming ont aussi du travail pour rendre leur écosystème plus vertueux. Au-delà de la conception d’appareils plus durables, de codecs moins gourmands et de réseaux plus performants, il y a aussi de la pédagogie à faire. Et aujourd’hui, c’est plutôt une qualité toujours plus élevée, et donc plus énergivore, qui est mise en avant : tout le contraire des recommandations, finalement…