Le satellite BlueWalker 3 d'AST SpaceMobile est une avancée technologique majeure, mais son déploiement soulève de sérieuses questions au sein de la communauté scientifique.
La pollution lumineuse spatiale
Le ciel nocturne, autrefois considéré comme un bien commun infini, est aujourd'hui menacé par une nouvelle forme de pollution : la pollution lumineuse spatiale. Provoquée par la prolifération des satellites en orbite basse, cette pollution compromet les observations astronomiques et pourrait considérablement altérer notre compréhension de l'Univers. Les constellations de satellites, comme Starlink d'Elon Musk, conçues pour fournir un accès internet mondial à haut débit, sont au cœur de cette problématique. Ces milliers de satellites, orbitant à quelques centaines de kilomètres de la Terre, réfléchissent la lumière du Soleil, créant des traînées lumineuses visibles à l'œil nu et perturbant les observations des télescopes.
Cependant, ces inquiétudes ont atteint un niveau supérieur, il y a un peu plus de deux ans lorsque la société AST SpaceMobile a introduit en orbite Bluewalker 3, un gigantesque satellite pesant 1 500 kilogrammes et s'étirant sur une longueur de 64 mètres. Ce satellite était destiné à servir de fondement à une nouvelle plateforme de communication en fournissant un accès internet en 4G et 5G aux téléphones mobiles, et ce, sans avoir besoin d’un quelconque équipement au sol. Les astronomes anticipaient alors déjà qu'il pourrait devenir aisément observable à cause de sa forte luminosité… et leurs craintes se sont confirmées, puisque BlueWalker 3 est devenu l'un des objets les plus éblouissants de la voûte céleste.
Un impact conséquent
Les conséquences de cette pollution lumineuse vont bien au-delà de la simple gêne pour les astronomes. Les satellites en orbite représentent également un risque accru de collision, générant des débris spatiaux qui peuvent endommager les satellites existants et futurs. De plus, les ondes radio émises par ces satellites peuvent interférer avec les communications et les observations radioastronomiques. Actuellement, 18 constellations de satellites sont en cours de développement, avec des noms bien connus tels que Starlink, Amazon Kuiper et OneWeb. De plus, des experts tels que l'astrophysicien Jonathan McDowell du Centre d'astrophysique Harvard-Smithsonian prédisent qu'au cours de la prochaine décennie, la Terre pourrait accueillir jusqu'à 100 000 satellites en orbite.
Face à cette menace, la communauté scientifique tire la sonnette d'alarme. Les astronomes appellent à des mesures urgentes pour limiter l'impact de ces mégaconstellations de satellites. Les fabricants doivent concevoir des satellites moins lumineux, tandis que les astronomes doivent développer de nouvelles techniques d'observation pour filtrer cette pollution lumineuse. Cette problématique dépasse largement le cercle des astronomes. Elle concerne tous ceux qui apprécient la beauté du ciel nocturne, les amateurs d'astronomie comme les simples curieux. Même les jeux vidéo, qui nous offrent souvent des représentations magnifiques de l'espace (No Man’s Sky, Outer Wilds et Starfield - dans une moindre mesure), nous rappellent l'importance de préserver notre ciel étoilé.