Les constructeurs automobiles chinois ont pris une longueur d'avance dans la course à la voiture électrique abordable, laissant leurs homologues occidentaux perplexes. Une enquête menée au Japon, impliquant le démontage minutieux d'une douzaine de véhicules électriques de différentes marques, révèle les stratégies qui permettent aux fabricants chinois de proposer des modèles à des prix défiant toute concurrence.
Une dissection révélatrice
Dans un vaste gymnase japonais, une scène inhabituelle se déroule : 90 000 pièces automobiles sont méticuleusement étalées sur des tables. Ces composants proviennent d'une douzaine de voitures électriques, soigneusement démontées par des experts du secteur automobile nippon. Parmi les modèles disséqués, on trouve aussi bien des véhicules chinois que des marques occidentales telles que Tesla, Volkswagen ou encore Dacia. L'objectif de cette opération d'envergure ? Percer le mystère de la compétitivité des constructeurs chinois dans le domaine de l'électrique.
Les fabricants chinois de voitures électriques maintiennent les coûts de production à un niveau bas en intégrant plusieurs composants en une seule pièce et en maximisant la production interne, ainsi qu’en standardisant les pièces sur plusieurs modèles de véhicules. Nikkei Asia
#VE 🚗⚡️@NikkeiAsia / 09.10.24:
— Bertrand Moreau (@Moreau12Moreau) October 27, 2024
📰 « Le démontage des voitures électriques chinoises révèle les secrets de leur coût réduit »
👉 Une douzaine de voitures a été analysée, dont les BYD Atto 3, Nio ET5 et la Tesla Model Y.
👉 Les véhicules démontés et plus de 90000 pièces sont… pic.twitter.com/CyDv3VE1ph
Comme vous le savez sans doute, les fabricants chinois, ainsi que Tesla, ont adopté des approches radicalement différentes de celles de leurs concurrents européens, leur permettant d’atteindre des taux de rendement complètement dingues. La clé de leur succès réside notamment dans une simplification drastique de la conception. Un responsable de Nissin Precision Machine, sous-traitant automobile, se dit « choqué par le peu de pièces que contiennent les BYD et les Tesla » (Frandroid). Par ailleurs, cette réduction du nombre de composants s'accompagne d'une intégration poussée, plusieurs éléments étant fusionnés en une seule pièce.
Les défis des constructeurs occidentaux
Face à cette révélation - qui n’en est pas vraiment une - les constructeurs traditionnels se trouvent confrontés à un défi de taille. Leur approche, souvent basée sur des plateformes multi-énergies et une production moins intégrée, semble désormais obsolète. Pour rester dans la course, les fabricants européens et américains doivent donc repenser en profondeur leur stratégie de production. Trois axes majeurs se dégagent : l'intégration verticale, la réduction du nombre de composants, et la standardisation des pièces entre différents modèles - Stellantis et Volkswagen Group le font de plus en plus.
Certains constructeurs ont déjà entamé cette transition. Renault et Stellantis, par exemple, prévoient de produire leurs propres batteries dans un avenir proche. Cependant, d'autres semblent hésiter. La récente décision de Mercedes d'abandonner sa future plateforme 100% électrique au profit d'une plateforme multi-énergies soulève des questions quant à la pertinence de cette stratégie dans un marché en pleine mutation.
Dans cette « bataille » qui ne fait que commencer, de nombreux constructeurs occidentaux sont en train de revoir à la baisse leurs objectifs de production de véhicules électriques, tandis que leurs homologues chinois maintiennent le cap. BYD, leader du marché chinois, a, par exemple, cessé toute production de véhicules uniquement thermiques depuis 2022, illustrant sa confiance dans l'avenir de l'électrique.