Face à l’explosion des usages de l’IA à l’échelle mondiale, Jensen Huang, le patron de Nvidia, a décidé de mettre les deux pieds dans le plat concernant le positionnement de l’Europe dans ce secteur. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas mâché ses mots !
Les États-Unis sont aujourd’hui le moteur du développement de l’intelligence artificielle : OpenAI, Google, Meta, Microsoft ou encore Apple dans une moindre mesure, nombreuses sont les entreprises américaines qui possèdent aujourd’hui une ou plusieurs IA pour rester dans la course. Face aux USA, la Chine a décidé de mettre les bouchées doubles… Mais qu’en est-il de l’Europe ?
« Il faut accélérer »
En visite au Danemark afin de participer à l’inauguration du superordinateur Gefion qui a eu lieu à Copenhague, le patron de Nvidia a donné son avis sur la situation en Europe. S’il était surtout présent à l’évènement parce que le nouveau supercalculateur embarque 1528 GPU H100 Tensor Core de Nvidia, l’intelligence artificielle était forcément sur toutes les lèvres.
« L’UE doit accélérer les progrès dans le domaine de l’IA », a déclaré Jensen Huang, repris par l’agence Reuters. « Chaque pays est en train de se réveiller en réalisant que les données sont une ressource nationale. »
C’est un fait : l’Europe compte aujourd’hui très peu d’entreprises dont les technologies d’intelligence artificielle peuvent afficher l’ambition de rivaliser avec les firmes américaines ou chinoises. En France, Mistral AI fait partie des références européennes et a même attiré l’attention de Microsoft, qui en est devenus l’un des principaux investisseurs. Il est légitime de se demander combien de temps il faudra pour que Mistral AI finisse sous contrôle américain pour des questions de financement…
Le Danemark mise sur l’IA dans le domaine de la santé
Dans ce contexte, le Danemark a sans doute une carte à jouer. Ce pays, membre de l’UE depuis 1973 — mais qui ne possède pas l’euro, petite subtilité — compte utiliser son nouveau supercalculateur Gefion pour accélérer la découverte de nouveaux traitements médicaux, identifier des maladies et concevoir de nouveaux médicaments. Ce n’est pas pour rien si cet énorme projet a été cofinancé par le Fonds danois d’exportation et d’investissement et par la Fondation Novo Nordisk, qui appartient à l’entreprise du très lucratif Ozempic, un traitement révolutionnaire contre le diabète de type 2.
« L’ère de la découverte de médicaments assistés par ordinateur doit se situer au cours de cette décennie », a déclaré Jensen Huang. « C’est la décennie de la biologie numérique. » Et, clairement, Nvidia a tout à gagner à ce que l’Europe se plonge enfin dans le développement de l’intelligence artificielle, puisque les GPU de la firme sont exploités en masse par les entreprises qui travaillent dans ce domaine. ChatGPT, le bot très connu d’OpenAI, en utilise des milliers pour fonctionner. Des recommandations loin d’être anodines, donc, mais cela n’enlève rien au fait que de nombreux observateurs sont d’accord avec le patron de Nvidia.