ARM annule la licence de Qualcomm pour produire des puces pour smartphones

ARM, connu pour ses architectures de processeurs omniprésents dans les smartphones Android - et ce qu’on parle de puces Qualcomm, Mediatek ou Exynos-, a récemment annoncé l'annulation des licences de Qualcomm. Cette mesure drastique découle de différends sur l'utilisation des technologies ARM dans les puces Snapdragon, qui équipent la grande majorité des appareils Android.

Pour mieux comprendre cette histoire, il faut remonter en 2021, où Qualcomm a racheté Nuvia pour 1,4 milliard de dollars. Chose qui a fortement déplu à ARM vu que Nuvia- une entreprise créée par des anciens d’Apple- possédait justement une licence ARM pour concevoir ses puces. Qualcomm a estimé que la licence était comprise dans son rachat, ce qui n’était pas l’avis d’ARM, qui a également accusé Qualcomm d’employer des technologies ARM de manière non autorisée.

ARM a finalement sévi juste après la présentation officielle de la puce SnapDragon 8 Elite, qui s’annonce comme la plus puissante jamais produite pour un smartphone et qui devrait équiper plusieurs modèles phares comme les Xiaomi 15 et Samsung Galaxy S25. Celle-ci tourne à l’aide de coeurs Oryon, un CPU ultra performant, justement élaborés à partir de technologies ARM.

ARM a annoncé annuler la licence de Qualcomm d’ici 60 jours si aucune solution n’était trouvée. Si cela se confirme, les conséquences pour Qualcomm pourraient être désastreuses étant donné que ses processeurs dépendent fortement de l'architecture ARM. La société américaine pourrait ainsi se retrouver contrainte de cesser de vendre bon nombre de ses puces.

L'impact sur le marché des smartphones et l'industrie technologique

La révocation des licences ARM pourrait entraîner des perturbations importantes dans l'industrie des smartphones. Les fabricants de téléphones tels que Samsung, Xiaomi, et d'autres, qui comptent sur les puces Snapdragon pour alimenter leurs appareils, pourraient être contraints de revoir leurs stratégies de production et de distribution. Cela pourrait également ralentir l'innovation, alors que les entreprises cherchent à adapter leurs produits aux nouvelles réalités technologiques et commerciales.

Cela concerne aussi d’autres appareils comme des tablettes, mais aussi des PC portables, vu qu’ils sont nombreux à être équipés de puce Snapdragon X Elite. Le procès aura lieu en décembre 2024 dans un tribunal fédéral du Delaware. Qualcomm compte bien évidemment défendre ses droits. L’entreprise a d’ailleurs aussitôt répondu publiquement :

« Cette nouvelle action d’ARM s’inscrit dans la continuité : encore des menaces infondées visant à faire pression sur un partenaire de longue date, à entraver le développement de nos processeurs leaders en performance, et à augmenter les taux de redevances en dépit des droits étendus que nous confère notre licence architecturale. À l’approche du procès en décembre, cette manœuvre désespérée d’ARM semble être une tentative de perturber la procédure judiciaire, et leur demande de résiliation est totalement sans fondement. Nous sommes convaincus que les droits de Qualcomm, tels que définis dans notre accord avec ARM, seront confirmés. Ces pratiques anticoncurrentielles d’ARM ne resteront pas sans réponse. »

Reste à voir comment cette histoire se terminera. Mais vu les enjeux, il est fort à parier qu’un règlement à l’amiable impliquant de grosses sommes finira par être conclu- comme c’est souvent le cas-, les deux entreprises ayant toutes deux beaucoup à perdre.