Un circuit virtuel, loin de la réalité

Le test du volant Hypersquare, effectué sur un simulateur au Mondial, s'est avéré, quelque peu frustrant pour une évaluation objective. Le circuit proposé, inspiré du tracé de Monaco, était plus un jouet que réaliste. Le caractère très court du parcours et l'absence de gestion des pédales ou des autres commandes ont limité l'expérience. Surtout qu’il se teste en étant debout. Seuls les mouvements de direction étaient contrôlés par le volant rectangulaire. Autre souci, les écrans 21:9 étaient fixés à la verticale, donc impossible de voir sur les côtés et donc d’anticiper. On peut dire que les jantes virtuelles ont pris quelques trottoirs.

Donc aussi réaliste que soit le jeu, il ne s’agit bien sûr pas de la réalité. D’ailleurs on retrouve 3 volants avec plusieurs puissances de retour de force. L’un étant faible ne donnait aucun retour de conduite, ce qui rendait le pilotage très difficile, tandis que celui à l'extrême gauche était bien plus représentatif de la réalité. En accélérant, le volant se remet droit, comme dans une voiture, ce qui devient plus facile à prendre en main. La résistance étant aussi plus grande, on peut tourner avec plus de minutie.

Un design prometteur, mais QUID de l’intégration ?

L'intérêt du volant Hypersquare réside avant tout dans son design. Sa forme rectangulaire, inspirée de la Formule 1, offre un champ de vision dégagé sur le tableau de bord. L'idée est double : améliorer la visibilité pour la conduite et réduire le nombre de rotations nécessaires à la manœuvre. La liaison électronique (steer by wire) du volant permet de réduire les rotations pour réaliser un virage. Tout cela grâce à l’absence de colonne de direction. Le tout pour un lancement prévu dans une voiture de production en 2026-2027.

Malgré cet avantage théorique, l'expérience terrain montre un obstacle majeur. La prise en main d'un tel volant en conditions réelles est essentielle. Le manque de simulation complète des autres commandes rend l'évaluation incomplète pour le moment. Imaginer comment il se comporte dans des situations de conduite variée, de stationnement complexe à des manœuvres plus difficiles reste une question à répondre. L'intégration de ce système dans l'ensemble du tableau de bord doit être prise en compte. Il convient de ne pas négliger l'importance d'intégrer les boutons et autres réglages dans le dispositif.

Matthias Hossann, le directeur du style Peugeot m’a ainsi expliqué l’enjeu principal de ce volant. Il s’agit avant tout d’arriver à faire une bonne intégration. Car avoir une bonne idée, mais mal intégré n’a pas de sens. C’est un ensemble de choses à revoir pour que ce volant soit cohérent. Cela passe par l’habitacle, notamment qui nécessite des accoudoirs pour reposer ses coudes. À la différence d’un volant rond, impossible de poser une main sur le dessous pour maintenant la direction. Il faut donc avoir les deux mains en place de chaque côté à tout instant et pour cela il ne faut pas qu’il y ait de tension au niveau des bras. On n’imagine pas passer plus de 200km, raide, les mains à 10h10 sur le volant. C’est exactement la même chose ici.

Un tournant pour le futur de la voiture ?

L'innovation n'est pas restreinte à Peugeot. D'autres constructeurs expérimentent des formes alternatives de volants, comme le Yoke de Tesla, un volant en forme de Y, ou les volants en forme de papillon, comme on peut le voir sur certains modèles Lexus. L'évolution des volants illustre une tendance plus large : l'intégration de technologies d'assistance à la conduite. L'objectif est de simplifier la tâche du conducteur et de l'aider dans ses fonctions.

Mais on retrouve par exemple au sein de Tesla deux visions : d’un côté la Model S et X avec une direction classique à colonne et le Cybertruck avec un système "steer by wire" qui limite le rayon de braquage du volant. Cette seconde solution est en pratique la seule vraie bonne façon d'intégrer ce genre de volant rectangulaire.

Une autre question se pose, car dans le contexte du développement des voitures autonomes, un volant ne sera-t-il plus nécessaire à l'avenir ? La future génération de pilotes sera-t-elle apte à conduire et à manier ce type de système ? Et l'apprentissage de cette nouvelle façon de conduire exigera des formations spécifiques ? Tant de questions qui devront être répondues par les ingénieurs derrière Peugeot.

Le volant Hypersquare de Peugeot présente ainsi un aperçu fascinant du futur très proche, dans deux ou trois ans. Son design novateur, inspiré de la Formule 1, est prometteur. Cependant, la validation complète nécessite des tests plus rigoureux en conditions réelles. L'ergonomie, la sécurité et l'intégration avec les autres systèmes de la voiture restent des éléments cruciaux à considérer avant une adoption généralisée. Nul doute que l’idée donne envie. À voir en pratique ce que cela donnera.