On entend tout et son contraire concernant l’impact que l’intelligence artificielle peut avoir sur l’emploi à court et moyen terme. Selon le PDG d’une grande entreprise technologique américaine, les patrons doivent être honnêtes à ce sujet vis-à-vis de leurs employés.
Si les IA peuvent permettre à certains métiers de se perfectionner et de gagner en efficacité, il y a des secteurs dans lesquels elles peuvent tout simplement remplacer les travailleurs. Les patrons de certaines entreprises n’ont pas hésité à virer des services entiers, notamment dans le service à la clientèle et même dans le domaine de la rédaction, pour privilégier les intelligences artificielles.
Une étude réalisée plus tôt cette année par Goldman Sachs estime qu’environ 300 millions d’emplois pourraient être supprimés dans les années à venir, pour être remplacés par des IA. En Europe et aux USA, « environ deux tiers des emplois actuels sont exposés à un certain degré d'automatisation par l'IA », détaille la même étude, et un quart du travail actuel pourrait même être géré directement par une intelligence artificielle générative.
Il faut arrêter de « bullshiter » les salariés
Jim Kavanaugh, le PDG de World Wide Technology (WWT) est le genre d’entrepreneur qui a toujours les deux pieds dans les nouvelles technologies. Il n’est donc pas dupe en ce qui concerne le futur du monde du travail assaisonné à l’intelligence artificielle. Dans une interview récemment accordée à CNBC, il a déclaré que les gens sont « trop intelligents » pour accepter l’idée que les intelligences artificielles ne transformeront pas, rapidement, leur manière de travailler. Et, accessoirement, que l’IA ne menace pas de nombreux jobs.
Pour lui, les premiers à s’intéresser aux possibilités offertes par l’IA sont clairement les patrons. Ils savaient déjà qu’il y aura des dégâts au sein de leurs effectifs, mais n’osent pas le dire. « Si vous pensez que vous pouvez vous intéresser à ça tout en racontant à vos employés que rien ne va changer et que tout ira bien, c’est juste de la foutaise », résume-t-il.
Il ajoute qu’il n’y a aucun mode d’emploi pour parler de ce genre d’événements qui viennent bousculer l’économie de nombreux secteurs, mais il estime que le rôle d’un PDG est d’être « aussi transparent que possible et toujours honnête avec ses employés quant à leur situation ».
« Tout le monde devrait étudier l’IA »
Pour Jim Kavanaugh, il n’y a pas de retour en arrière possible : l’IA est là, et elle va y rester. Il estime donc que toute personne qui se sent menacée par les intelligences artificielles devrait s’y intéresser : « Je n’ai qu’un conseil à donner, c’est que tout le monde devrait étudier l’IA et les technologies associées, et ne pas en avoir peur ».
Le patron de WWT a cependant une vision globalement positive de l’impact que pourrait avoir l’IA sur le monde du travail. « Je crois qu'il est important d'adopter l'IA, d'apprendre et d'être réaliste à ce sujet. Car il y aura des emplois qui seront perturbés, cela ne fait aucun doute. Mais, dans l'ensemble, je suis convaincu que cela servira principalement d'outil d'amélioration et d'accélérateur pour ce que nous faisons tous », résume-t-il. Reste à savoir comment cette vision se traduira pour les employés concernés.