l'ISS a une fuite et ce n'est pas un bout de scotch qui va la colmater. Depuis 2019 la station spatiale internationale fuit et aucune solution n’a pu être trouvée pour le moment. Un problème qui persiste et met en danger les astronautes.
Une fuite qui inquiète
La station spatiale internationale, autrement dit, ISS, symbole de la collaboration internationale dans l'exploration spatiale, fait face à un défi de taille : une fuite d'air persistante dans le segment russe de la station , qui ne cesse de s'aggraver au fil des années.
Depuis sa découverte en 2019, cette fuite, localisée dans un sas d'étanchéité appelé PrK, a connu une augmentation significative. En avril dernier, elle atteignait un taux alarmant de près de 1,7 kilogramme d'air par jour, une situation qui a poussé la NASA à élever le niveau de risque de l'incident au maximum.
Face à cette situation, les équipes de la NASA ont redoublé d'efforts pour trouver des solutions. Des travaux de réparation récents ont permis de réduire le taux de fuite d'environ un tiers, comme l'a confirmé Robyn Gatens, directrice du programme ISS à la NASA.
"Nous continuerons à collaborer avec Roscosmos pour comprendre les causes de la fuite et son impact sur le fonctionnement de la station spatiale", a déclaré Jim Free, administrateur associé de la NASA.
Malgré ces efforts, la cause exacte de la fuite reste inconnue. Les investigations se concentrent sur les soudures internes et externes du sas, une anomalie qui n'a pas été observée ailleurs sur la station.
Une solution temporaire
Pour le moment, la fuite est limitée en fermant la trappe du sas PrK lorsqu'il n'est pas utilisé. Toutefois, si la fuite s'aggrave, la fermeture définitive du sas pourrait s'avérer nécessaire. Cela aurait pour conséquence de priver la station d'un port d'amarrage essentiel pour les vaisseaux Progress et Soyouz, qui assurent le ravitaillement et le transport des astronautes.
"Selon la NASA, Roscosmos est confiant qu'ils pourront surveiller et fermer la trappe du module de service avant que le taux de fuite ne devienne intenable", c’est ce que souligne un rapport du Bureau de l'inspecteur général de la NASA. "Cependant, la NASA et Roscosmos n'ont pas trouvé d'accord sur le point à partir duquel le taux de fuite devient intenable".
Les défis s’accumulent pour l’ISS
La fuite du sas PrK n'est qu'un des nombreux défis auxquels la NASA doit faire face pour maintenir l'ISS opérationnelle jusqu'à la fin de la décennie. Le rapport du Bureau de l'inspecteur général mentionne également des problèmes potentiels de chaîne d'approvisionnement pour obtenir les pièces de rechange nécessaires aux réparations de l'ISS, des difficultés persistantes concernant la sécurité du vaisseau Starliner de Boeing et des risques croissants liés aux débris spatiaux.
Le rapport évoque également les difficultés liées à la fin de vie de l'ISS. La NASA ayant attribué un contrat à SpaceX en juin pour développer un véhicule de désorbitation pour l'ISS basé sur le vaisseau spatial Dragon de la société. Ce véhicule permettra de provoquer une rentrée atmosphérique contrôlée de la station, en visant un corridor d'océan de 2 000 kilomètres de long.
Cependant, le rapport souligne que le développement de ce véhicule de désorbitation est confronté à des risques budgétaires et de calendrier qui créent des doutes quant à sa disponibilité d'ici la fin de la décennie. Le calendrier actuel prévoit le lancement du véhicule de désorbitation cinq ans et demi après l'attribution du contrat, alors que le délai moyen pour les principaux programmes spatiaux de la NASA, de l'attribution du contrat au lancement, est de huit ans et demi. La NASA espère que l'utilisation d'un dérivé du vaisseau spatial Dragon existant permettra de raccourcir ce délai.
Le rapport indique également que les plans de désorbitation supposent que la Russie continuera de participer à la station et contribuera à deux vaisseaux Progress. Roscosmos s'est engagé à coopérer sur l'ISS uniquement jusqu'en 2028, ce qui, selon les responsables de l'agence, est lié aux politiques russes d'extension de la station de quatre ans en quatre ans. Les responsables de la NASA ont déclaré à l'OIG qu'ils s'attendaient à ce que les discussions avec Roscosmos sur les plans de désorbitation s'intensifient en 2025 et 2026.
"Cependant, sans l'engagement de la Russie au plan de désorbitation actuel, la possibilité de réaliser une désorbitation contrôlée est incertaine", prévient le rapport.
En bref, la situation de la fuite d'air sur l'ISS met en lumière les défis techniques et politiques auxquels l'exploration spatiale est confrontée. Surtout pour un appareil dans l’Espace depuis si longtemps. L'avenir de la station spatiale et sa désorbitation à la fin de la décennie dépendent de la collaboration entre la NASA et Roscosmos, une collaboration qui s'avère de plus en plus complexe dans le contexte géopolitique actuel.