Malgré l’échec de Concord, Sony semble tenir à sa politique tarifaire en matière de jeux-service ! Mais il ne doit pas oublier le free-to-play qui, même s’il s'apparente à un saut dans l’inconnu pour la firme, peut rapporter gros.
Malgré tout le bien que je pense de Concord (je lui ai quand même mis 16/20 hein), j’avais l’intime intuition qu’il allait se planter... Peut-être pas à ce point - pour rappel, le hero shooter de Sony a été débranché 2 semaines après sa sortie -, mais comme on dit, il n’y a pas de fumée sans feu : le sort de Concord semble avoir été décidé avant même sa sortie ! Après sa présentation en mai dernier, beaucoup se sont insurgés face à un “énième Overwatch-like” soi-disant sans personnalité. La bêta de juillet, pourtant ouverte sur PC et PS5, n’a pas inversé la tendance. Mais, c'est surtout le modèle économique de Concord qui m’a fait tiquer.
Un prix “compromis”
Il ne vous aura pas échappé que le jeu de tir de PlayStation affichait un prix “compromis” de 40€, soit moitié moins qu’un triple-A plein pot. Le même tarif qu’Helldivers 2, un autre game-as-a-service qui a connu un destin beaucoup plus favorable en début d’année. Comme le formule GamesIndustry, Sony a donc, en deux jeux, plus ou moins établi sa politique tarifaire en matière de jeux-service. Marathon, futur titre du genre développé par Bungie (Destiny 2), suivra de toute évidence cette voie. Selon une source du magazine Forbes, l'option des 40€ serait définitivement validée, même après Concord. Le développement serait trop avancé pour tout repenser autour d'un modèle gratuit.
Pour PlayStation, ce prix est sans doute une manière de couper la poire en deux : la firme japonaise fait un premier pas et s’attend à ce que les joueurs fassent le reste. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette stratégie était promise à un brillant avenir. Le succès d’Helldivers 2, même s’il semble s’essouffler aujourd’hui, a pris tout le monde de court. Ce shooter est devenu le jeu Sony (l’entreprise est éditeur sur ce coup) qui s’est vendu le plus rapidement, avec 12 millions de copies écoulées en 12 semaines, PS5 et PC cumulées.
Un succès trompeur ?
À partir de là, comment ne pas se voir réitérer l’exploit avec Concord ? Aujourd’hui, on sait que Sony plaçait en lui de (très) grands espoirs, au point d’incarner “l’avenir de PlayStation” sous la forme d’un “Star Wars du jeu vidéo” ! Sauf que le résultat, il est là... Le hero shooter a fait un four... Pire encore : si Helldivers 2 incarne le plus gros succès du constructeur japonais, Concord restera à jamais son plus gros échec. D’après Colin Moriarty, vétéran de l’industrie à la tête du podcast Sacred Symbols, le jeu service aurait coûté 400 millions de dollars au total dont 200 millions de la poche de Sony. Il en aurait rapporté qu’un petit million.
La peur du free-to-play
Avec ce genre d’investissement monumental, on comprend aisément pourquoi PlayStation n’est pas prêt à “offrir” d’emblée ses productions maison - que ce soit via le PS Plus ou un modèle free-to-play savamment étudié en amont (car oui, ça ne s’improvise pas). Ce n’est tout simplement pas dans son ADN... Comme l’expliquait en 2022 Jim Ryan, l’ex-boss de la branche jeu vidéo de Sony, l’entreprise repose sur un cercle vertueux tout à fait traditionnel : de bons investissements permettent de gagner suffisamment d’argent pour refaire de bons investissements, et ainsi gagner et investir toujours plus.
Sony a observé l'argent de Hoyoverse affluer sur PlayStation. Il voit et comprend comment fonctionne le free-to-play et ce qu'il nécessite, et a néanmoins fait le choix d'éviter cette approche - GamesIndustry
Le truc, c’est que faire un jeu service - d’autant plus pour une entreprise traditionnelle comme Sony -, ce n’est pas s’assurer une malle de billets… Ça s’apparente souvent à un pari pur et simple : soit ça prend et c’est le jackpot, soit on débranche la prise (comme pour Concord) voire on avance dans le noir en attendant un miracle. Bref, ce n’est pas une science exacte, et ce n’est même pas forcément une question de modèle économique. Free-to-play et expérience premium où le reste du contenu est gratuit, chaque option a ses avantages et ses inconvénients. La première permet de s’ouvrir de fait à un public plus grand mais peut vite tourner au feu de paille. La deuxième, avec sa barrière payante à l’entrée, réduit certes le nombre de joueurs mais ces derniers seront - en toute logique - plus investis.
En gros, il n’y a pas de règles, et le plus important, c’est sans doute de garder à l’esprit que tous les modèles sont possibles, dont celui du free-to-play. C’est pour ça que PlayStation doit garder cette option en tête ! C’est peut-être avec elle que le constructeur japonais réalisera son plus gros carton.