Clint Eastwood est un monument du Septième Art qui en a vu des belles : en l'occurrence, le tournage de ce film l'a poussé à la réalisation de ses propres films.
Un tournage cauchemardesque
Actif depuis les années 50 malgré de véritables échecs, Clint Eastwood a vu sa carrière d'acteur exploser au début des 60, le propulsant rapidement en haut de la scène hollywoodienne. Et pourtant, être une star du Septième Art n'épargne pas les mauvaises surprises, comme ce fut le cas lors du tournage de La Kermesse de l'Ouest. Il s'agissait d'un western particulièrement ambitieux avec un budget de 20 millions de dollars, soit l'équivalent de plus de 170 millions de dollars aujourd'hui. Et surtout, il s'agissait aussi d'une comédie musicale.
Réalisé par Joshua Logan, le film a nécessité des moyens colossaux. Par exemple, une ville entière a été construite dans l'Oregon pendant sept mois : le tournage se déroulait à la fois là-bas, mais aussi à Los Angeles en studios. L'importation des pins depuis Hollywood à cette ville fictive coûtait extrêmement cher, 700 employés devaient faire une heure et demie de voiture pour aller chaque jour sur le plateau et pire encore : le casting, composé de Clint Eastwood, Lee Marvin et Jean Seberg, ne sait pas chanter. Ou en tout cas, pas vraiment.
Pour aller de pair avec ces complications, d'autres s'en rajoutent. Par exemple, Lee Marvin est saoul constamment (ce qui oblige des reshoots récurrents), le tournage des chansons sur plateau nécessitent finalement un doublage en post-production et Clint Eastwood vit même une relation avec Jean Seberg qui se termine en eau de boudin…
Un mal pour un bien
On pourrait aussi citer la pression de la production sur le réalisateur Joshua Logan, à deux doigts de se faire licencier chaque semaine : d'ailleurs, une fois le tournage (difficilement) bouclé, le cinéaste se met au montage du film, montage qui sera ignoré par la production qui proposera sa propre version, avant que la Paramount ne fasse le sien également.
Puis, La Kermesse de l'Ouest sort finalement en 1967 au cinéma… et c'est un échec, signant alors le dernier long-métrage de la carrière Logan. Pour Clint Eastwood aussi, c'est une douche froide douloureuse à encaisser et c'est justement à partir de là que l'acteur a pris une décision qui a changé sa vie : devenir le réalisateur de ses propres films. Ainsi, dès 1970, il passe derrière la caméra pour "Un frisson dans la nuit". Depuis, l'Américain a piloté pas moins de 41 long-métrage, le 42ᵉ étant prévu l'année prochaine : il se nommera "Juror #2" et portera sur un homme, juré lors du procès d'un meurtre, se rendant compte en pleine séance qu'il est à l'origine de ce dernier.