Entre les animateurs et les exécutifs, ce n’est pas toujours la joie. Pendant la production du dernier film d’animation Pixar, Disney a tout fait pour que le personnage principal ne laisse pas paraître le moindre indice sur sa potentielle homosexualité, de peur de refaire un échec à la Buzz l’Éclair. Une décision très mal reçue en interne, et surtout absolument ridicule.
Disney prouve encore son manque de courage
S’il y a bien une entreprise qui représente le loup dans la bergerie, c’est sûrement Disney. Avec son implantation titanesque dans l’industrie du cinéma d’animation, que ce soit avant ou après le rachat des studios Pixar en 2006, la firme aux oreilles de Mickey a toujours surfé sur deux vagues très différentes, voire opposées. D’un côté, on lui donne cette image d’entreprise où tous les rêves deviennent réalité, qui accueille tout le monde et qui promet un monde parfait. D’un autre, tout le monde sait qu’il n’y a pas plus capitaliste qu’eux et qu’ils ne reculeront devant rien pour se faire un maximum d’argent. C’est d’autant plus vrai depuis qu’ils se sont mis à racheter absolument toute l’industrie du divertissement, de Marvel à Star Wars en passant par la Fox. Et alors qu’ils continuent de jouer très largement sur leur face la plus inclusive en affichant fièrement leurs couleurs arc-en-ciel pendant le mois de juin et en célébrant la Pride à Disneyland Paris (sans oublier le nombre faramineux de produits dérivés aux couleurs LGBT qui leur rapportent beaucoup d’argent, évidemment), on attend toujours de voir un classique d’animation Disney ou un Pixar dont le personnage principal aurait une relation homosexuelle aussi claire et importante que les multiples relations hétérosexuelles qui ont été développées dans l’histoire du studio.
Au moment de la sortie des premières bandes-annonces de Vice Versa 2, beaucoup de membres de la communauté LGBT avaient commencé à nouer un petit espoir concernant Riley, son personnage principal. En effet, difficile de faire un film sur l’éveil adolescent sans parler des premières relations amoureuses (comme le sait très bien Disney eux-mêmes puisqu’ils en ont déjà parlé dans Luca, Alerte Rouge et même dans le court-métrage de Vice Versa), et les premières images semblaient déjà mettre l’accent sur Val, une camarade de hockey que Riley semblait déjà vouloir approcher. Cependant à la sortie du film, patatras, aucune ombre d’indice d’un réveil homosexuel à l’horizon, pas même alors que le film tease un “très sombre secret” tout au long de l’histoire. Une éternelle déception pour les LGBT qui cherchent toujours une vraie représentation dans les films d’animation Disney, et qui aurait pourtant pu arriver dans Vice Versa 2 selon les animateurs eux-mêmes.
La production de Vice Versa 2 était loin d’être idyllique
Il y a peu, nos confrères américains de chez IGN ont choisi d’aller à la rencontre de quelques animateurs de Pixar ayant travaillé sur Vice Versa 2. L’occasion de se rendre compte que la production était catastrophique et que les exécutifs n’ont pas hésité à faire travailler leurs employés 7 jours sur 7 jusqu’à épuisement des troupes pour s’assurer que la date de sortie serait respectée. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’ils ont également expressément demandé à refaire énormément de scènes déjà terminées pour rendre Riley “moins gay”. La raison ? L’échec commercial de Buzz l’Éclair il y a quelques années. Selon une des sources interrogées par IGN, Disney serait persuadé que cet échec est principalement lié à un pauvre petit baiser lesbien plus que secondaire dans le film :
C’est toujours un problème. Les exécutifs vont mentionner Buzz l’Éclair spécifiquement et dire “Oh, c’était un échec commercial parce qu’il y avait un baiser homosexuel dedans”. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle le film n’a pas marché.
Difficile en effet de croire qu’un simple baiser secondaire presque en arrière plan serait à l’origine d’un échec commercial alors que le film est sorti à un moment désastreux pour l’ensemble de l’industrie du cinéma, à savoir juste après la réouverture des salles post-confinement. De plus, Disney a déjà subi d’autres échecs sans qu’il n’y ait le moindre indice d’homosexualité dans les films concernés, et à l’inverse, on pourrait citer un nombre famarineux de productions à succès où ce thème est central. En bref, Disney cherche toujours des excuses pour ne pas sauter un pas qu’ils se vantent pourtant déjà d’avoir sauté un nombre incalculable de fois sans que ce n’ait jamais vraiment été le cas (La Belle et la Bête, Dory, En avant… Allez, on va donner un très léger bon point pour Avalonia parce qu’on est sympa). On rappelle pourtant que les questions de représentation sont capitales dans un monde ou les personnes marginalisées ont toujours autant de mal à se faire accepter des autres, et que les films d’animation n’avaient jamais eu de problèmes à mettre en avant des couples dans leurs scénarios quand il s’agissait d’un garçon et d’une fille. D'ailleurs, les 14% d'employés de Pixar licenciés il y a quelques mois qui n'ont même pas eu droit aux bonus générés par le succès de Vice Versa 2, on imagine que c'est encore la faute des wokes. Mais vivement le mois de juin pour tout mettre sous le tapis !