Même si vous n’êtes pas un grand fan de cinéma, vous connaissez forcément quelques films mythiques, voire même les répliques qu’ils contiennent. Parfois, ces dernières sont en fait de véritables erreurs maintenues au montage final. C’est par exemple le cas pour Le Seigneur des Anneaux, dont une erreur est aujourd’hui entrée dans l’Histoire du cinéma.
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Une scène cultissime du Seigneur des Anneaux
Même plusieurs décennies après la sortie originale de la trilogie de Peter Jackson au cinéma, Le Seigneur des Anneaux continue encore de faire parler de lui. Il faut dire que son univers ne cesse de s’étendre, notamment grâce à la série Les Anneaux de Pouvoir actuellement en cours de diffusion sur Amazon Prime Video. Comme pour prouver son statut de véritable monument de la pop culture voire du cinéma en général, il n’est pas rare de voir des références au Seigneur des Anneaux se glisser dans d’autres œuvres (que ce soit dans la littérature, dans le cinéma ou dans les jeux vidéo par exemple). Parmi les références les plus réutilisées, on retrouve notamment une scène cultissime du premier film : La Communauté de l’Anneau.
Rappelez-vous. Dans le premier opus de la trilogie, la communauté de l’Anneau tout juste formée doit alors traverser la Terre du Milieu pour accompagner Frodon et l’Anneau Unique jusqu’aux portes du Mordor. Guidée par Gandalf, elle passe d’abord par une chaîne de montagnes avant d’être stoppée à cause de l’influence du terrible Saroumane. Sous les conseils de Gimli et malgré les réticences du magicien, ils passent alors sous les montagnes dans les Mines de la Moïra. A l’intérieur, le calme est vite remplacé par une horde de gobelins qui entraîne la fuite précipitée de tout le groupe. Mais la vraie menace dans tout ça, c’est bien sûr le fameux Balrog, cette immense créature démoniaque toute faite de flammes qu’aucun membre de la communauté ne semble en capacité de tuer… à part Gandalf. Le magicien se tient alors derrière le reste du groupe et s’arrête au milieu d’une maigre passerelle au-dessus du vide, lève son bâton et hurle (en VO) :
You shall not pass !
En rabattant son bâton sur le sol de pierre, il entraîne la destruction de la passerelle et la chute du Balrog dans le vide. Un moment épique et mémorable qui est resté dans l’esprit de bien des spectateurs, et dont la réplique absolument culte a tellement été reprise qu’elle fait aujourd’hui partie de l’Histoire du cinéma. Mais saviez-vous que cette phrase était en fait une erreur ?
Une histoire de modal
Et oui, même les répliques les plus cultes sont parfois le fruit d’une petite erreur. Attention, on ne parle pas ici d’une erreur du public qui ne se souvient pas bien de la réplique (comme on pourrait l’entendre quand les fans de Star Wars annoncent “Luke, je suis ton père” alors que Dark Vador n’a jamais prononcé ces mots), mais bien d’une erreur de l’acteur lui-même, ou au moins du script qu’il a dû lire. En effet, les lecteurs du roman original savent sûrement que Gandalf n’est pas censé dire “You shall not pass” à ce moment, mais plutôt :
You cannot pass !
C’est en tout cas ainsi que l’a voulu J.R.R Tolkien lui-même quand il a écrit La Communauté de l’Anneau. Difficile d’expliquer la différence entre les deux répliques sans vous faire un cours de linguistique anglaise, mais retenez que si les deux phrases peuvent se traduire en français plus ou moins de la même manière ("vous ne pouvez pas passer", ou "vous ne passerez pas" dans la VF officielle du film), le modal “shall” est bien plus fort sémantiquement que le modal “can”. En effet, “shall” implique une possibilité (ou une absence de possibilité dans ce cas précis) qui tient presque du divin, de l’immuable, là où “can” est beaucoup plus sujet à interprétation. De fait, le modal “shall” est beaucoup moins utilisé dans la langue anglaise commune, et c’est pourtant celui qu’ont choisi Ian McKellen (l’acteur qui interprète Gandalf) et Peter Jackson pour le film La Communauté de l’Anneau. Un choix aussi cohérent qu’osé quand on se rappelle que J.R.R Tolkien était surtout un linguiste avant d’être un romancier, et qu’il a donc très certainement choisi son modal avec toute l’attention qu’il méritait. Pourtant, cela n’a pas empêché “You shall not pass” de devenir un véritable monument du cinéma, au grand bonheur des professeurs d’anglais qui peuvent justement s’en servir pour expliquer l’utilisation des modaux. Bonne rentrée à toutes et à tous !