Désormais, les foyers français qui persistent à refuser l’installation d’un compteur Linky devront s’acquitter de frais annuels, dont le montant n’a pas encore été officialisé par Enedis. Une « amende » qui passe mal auprès des détracteurs de l’appareil.
L’installation des compteurs Linky a débuté en 2016 en France. Progressivement, les foyers de l’Hexagone ont vu débarquer chez eux ce petit compteur vert, qui a la particularité d’être connecté. Installé par Enedis, cet appareil reste la propriété de l’entreprise, et son installation est obligatoire. Pourtant, certains foyers récalcitrants continuent de faire de la résistance.
C’est quoi, le problème avec Linky ?
La dimension connectée du compteur Linky a rapidement inquiété de nombreux Français, qui y ont vu un moyen pour Enedis d’espionner leur consommation, voire de l’altérer. En effet, certaines personnes estiment que l’entreprise pourrait se permettre de baisser la puissance énergétique d’un logement à distance, par exemple aux heures de pointe. Il y a aussi le fait qu’Enedis puisse dresser un profil précis des consommateurs dans leur dos qui fait peur.
D’autres estiment qu’en étant connecté, Linky émet des ondes nocives pour la santé. De quoi raviver la polémique sur les ondes électromagnétiques, quand bien même de nombreux compteurs Linky sont installés à l’extérieur des logements.
Une pénalité imposée aux récalcitrants
En 2021, Enedis annonçait avoir installé un Linky dans 90% des foyers français. Mais encore aujourd’hui, certains irréductibles refusent la mise en place du compteur connecté. Il s’agit souvent de personnes dont le compteur doit être installé à l’intérieur de leur domicile, et ils refusent donc tout simplement d’ouvrir au technicien qui se déplace.
Ces personnes doivent s’acquitter d’une pénalité financière d’environ 54 euros par an depuis 2022. Cette somme correspond aux frais liés au relevé du compteur manuel par un agent d’Enedis. Jusque-là, les particuliers concernés pouvaient esquiver cette pénalité en réalisant eux-mêmes le relevé de leur compteur. Mais cela ne sera plus possible en 2025.
« Un abus de pouvoir »
Interrogé par France 3 Régions, Pierre, un habitant de Haute-Garonne, fait partie des personnes qui refusent le Linky depuis des années. Il réalise donc son relevé de compteur lui-même chaque année. Mais en juillet dernier, il a reçu un courrier du service client d’Enedis, lui annonçant qu’à partir de 2025, il sera « systématiquement facturé de frais de relèves ». « Cette facturation s’appliquera, y compris en cas de transmission par vos soins », ajoute le document.
À en croire le site Enercoop, la somme à payer à partir de 2025 serait de 10,66 euros HT tous les deux mois, soit 64 euros HT par an : 77 euros TTC, pour résumer. Mais Enedis dément ce montant, en expliquant qu’il n’est « pas connu à ce stade » : « Les modalités spécifiques seront fixées par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) dans le cadre du dispositif de tarification TURPE 7 qui entrera en vigueur à partir de l’été 2025 », a expliqué l’organisme à France 3 Régions.
Mais peu importe le montant : c’est l’annonce qui passe mal pour Pierre, qui refuse obstinément l’installation d’un Linky, qualifié par lui-même de « mouchard chargé d’ondes ». Il envisage d’aller consulter un avocat pour tenter d’avoir gain de cause face à ce qu'il considère comme « un abus de pouvoir ». Il est évident que le courant ne passe plus entre Enedis et les opposants du Linky.