Qu’est-ce que Deadlock, ce jeu secret qui se la joue Overwatch et League of Legends ?

Dans le monde du jeu vidéo, il y a des secrets mieux gardés que d’autres. En temps normal, un jeu n’est officiellement connu du public que quand ses développeurs ou son éditeur ne le souhaite. Cependant, il est de plus en plus fréquent que des fuites viennent accélérer ce travail, comme ça a pu être le cas récemment pour Grand Theft Auto VI par exemple. Dans le cas de Deadlock, le secret n’était tellement pas bien gardé qu’on pourrait se demander s’il en était vraiment un. En théorie, le jeu n’a toujours pas été officiellement annoncé par Valve, ses développeurs jusqu’alors connus des joueurs PC pour avoir sorti des mastodontes du jeu vidéo comme DOTA, Team Fortress, Portal, Counter-Strike ou Half-Life. Mais en pratique, on vous en parlait déjà en mai, il y a deux semaines et même il y a quelques jours à peine.

Voilà donc plusieurs mois que l’on sait que Valve est actuellement en train de travailler sur un nouveau jeu multijoueur. Dès le début, on savait qu’il était conçu comme un mélange entre MOBA (League of Legends, DOTA, Pokémon Unite…) et Hero-Shooter (Overwatch, Team Fortress, Valorant…). Cependant, on n'avait alors accès qu’à quelques images et quelques informations qui avaient fuité çà et là. Depuis quelques jours cependant, le jeu devient de plus en plus accessible aux joueurs via un système d’invitations. En gros, chaque personne qui possède le jeu peut inviter autant d’autres joueurs qu’il le souhaite à le rejoindre, et ainsi de suite. Résultat des courses, alors qu’il n’est toujours pas annoncé officiellement par Valve, Deadlock est passé de 18000 joueurs simultanés le 12 août dernier à plus de 100000 joueurs simultanés le 29 août. Je fais donc partie de ces derniers, et puisque Valve autorise tout le monde à en parler, je peux vous en dire plus sur Deadlock.

Comme on nous l’avait “annoncé”, Deadlock est bel et bien un mélange entre MOBA et Hero-Shooter à la troisième personne. Exclusivement jouable en multijoueur, le titre se joue en 6 contre 6 dans une grande arène et chaque joueur ne peut jouer qu’un seul héros par partie, qu’il doit choisir entre 21 différents (pour le moment). Dès le début, j’ai été très agréablement surpris de la qualité du design de ces fameux personnages appelés Occultistes dans Deadlock. Même si certains correspondent à d’inévitables archétypes visuels que l’on peut retrouver dans d’autres jeux du genre (l’archer ressemble à Hanzo, le pugiliste à Braum, il y a même un petit personnage qui s’assoit sur le dos d’un plus gros comme Nunu dans League of Legends…), chaque personnage donne très clairement envie d’être joué et s’intègre parfaitement dans l’ambiance rétro-futuriste que propose l’univers de Deadlock. En dehors des quelques-uns qui ressemblent à d’autres héros tirés d’autres jeux, les Occultistes sont finalement très originaux et rafraîchissants. Par ailleurs, tout l’univers est également très engageant, surtout pour les amateurs de steampunk et dieselpunk. L’arène prend la forme d’un New-York des années 1930 réimaginé avec des rails de tram aériens et autres merveilles technologiques rétro-futuristes et imaginaires, un vrai régal.

Quelques exemples des Occultistes disponibles dans Deadlock

Une fois la partie lancée, les joueurs sont donc propulsés dans une grande arène et répartis dans les quatre voies différentes qui la composent. Le but du jeu est de s’associer pour éliminer ses adversaires et avancer peu à peu vers la base ennemie en détruisant des objectifs intermédiaires, exactement comme dans tous les MOBA. Pour vous aider et rythmer la partie, vous devrez forcément suivre le tracé imposé par vos Troupiers (l’équivalent des Minions et autres Creeps de LoL et compagnie), et éliminer ceux des adversaires pour récupérer des ressources qui vous serviront à acheter des objets, ce qui vous rendra peu à peu plus puissant. L’issue d’une partie est alors déterminée par la façon dont chaque joueur arrive à gérer sa voie, et surtout par la façon dont ceux qui sont le plus en avance arrivent à traverser la carte pour surprendre les adversaires et faire pencher la balance dans d’autres voies. Les amateurs du genre l’auront compris : la structure du jeu est donc beaucoup plus proche du MOBA que du Hero-Shooter.

Plus dynamique que League of Legends, très inspiré de DOTA

Pourtant, même s’ils risquent d’être très dépaysés s’ils n’ont jamais joué à un MOBA auparavant, les amateurs de Hero-Shooter ne seront pas complètement en reste non plus. En effet, à part quelques rares exceptions (Smite…), les MOBA ont pour habitude d’être joués à la souris en vue du dessus. Ici, le jeu reste un jeu de tir à la troisième personne, ce qui rend forcément le tout beaucoup plus dynamique et dépendant de la capacité de chacun à savoir viser un minimum. Quel que soit l’Occultiste choisi, les joueurs peuvent faire des double sauts, des esquives, frapper au corps à corps, tirer à distance, contrer les attaques rapprochées, faire des glissades et même faire des dashs aériens pour accélérer le mouvement. Pas de doute : Deadlock est définitivement beaucoup plus dynamique que n’importe quel MOBA, et il va falloir jouer en fonction. Bien sûr, chaque personnage dispose également de 4 compétences qui lui sont propres, mais cet aspect peut être retrouvé à la fois dans les MOBA et dans les Hero-Shooter.

Mais malgré le dynamisme qui rappelle clairement Overwatch et compagnie, c’est bien dans le genre du MOBA que Deadlock s’inspire le plus, et plus particulièrement de celui de Valve : le fameux DOTA. En effet, si l’élimination de Troupiers est essentielle pour gagner en puissance, il ne suffira pas de porter le dernier coup pour qu’ils vous rapportent de l’argent. Une fois morts, les Troupiers laissent échapper une orbe d’âme qu’il faudra également briser en tirant dessus pour récupérer l’intégralité des ressources. Comme dans DOTA, vous pourrez également tirer sur les orbes laissées par vos propres Troupiers pour empêcher votre adversaire de récupérer ses âmes, une mécanique qu’il va falloir bien maîtriser pour faire la différence. Autre inspiration de DOTA, les retours à la base se font beaucoup moins souvent que dans League of Legends puisque des boutiques sont disponibles directement sur les différentes voies et même dans la jungle. Le mélange de genres et les inspirations de DOTA font donc de Deadlock un jeu dynamique où il faut constamment se déplacer et où chaque retour à la base est une vraie pénalité, de quoi réveiller les habitués à League of Legends.

Par ailleurs, ce dynamisme est également pensé jusqu’à la recherche de parties puisque tout semble avoir été mis en place pour trouver rapidement assez de joueurs pour se lancer dans l’arène. En effet, contrairement à ce que l’on peut voir dans League of Legends ou même dans Overwatch, il n’y a pas de rôle prédéfini ni de voie optimale où aller selon votre personnage. Au début de chaque partie, vous devez au moins sélectionner trois Occultistes différents, et le jeu piochera de lui-même parmi les trois pour vous en attribuer un et vous lancer dans une partie. Une fois dans l’arène, vous n’aurez pas non plus à choisir votre voie puisque vous serez directement lié à l’une d’entre elles selon votre MMR et le personnage joué. Tout ceci peut paraître très étrange et poser des questions sur l’équilibrage du jeu (à raison), mais cela a au moins le mérite de rendre la recherche de partie beaucoup plus rapide et moins prise de tête. Notez que j’ai pu jouer seul et avec deux amis, et que le jeu m’a toujours attribué une voie en duo avec l’un de mes amis quand je jouais avec eux. Enfin, bien que le jeu vous attribuera forcément une voie au début de la partie, rien ne vous empêche de changer en cours de partie puisque toutes les voies sont liées entre elles par la jungle.

Deadlock est pensé pour les habitués du genre, mais reste un peu brouillon

Avec son système de vol des âmes adverses et son mélange entre MOBA et Hero-Shooter, Deadlock n’a pas mis bien longtemps pour me plaire. Cependant, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer un défaut partagé par beaucoup de MOBA : le titre de Valve est pensé pour des joueurs qui connaissent déjà très bien ce genre. Certes, il y a bien un tutoriel, mais dire que ce dernier est insuffisant pour savoir jouer est un euphémisme si gros qu’il frôle le mensonge. Il vous apprendra les bases du jeu que je vous ai décrites moi-même plus haut, quelques possibilités de mouvement, quelques différences qu’il pourrait y avoir avec League of Legends si vous n’êtes pas habitués à DOTA, mais c’est tout. Il existe un nombre faramineux de petites règles supplémentaires absolument capitales que le jeu ne vous apprendra pas de lui-même et qu’il faudra donc déterminer soi tout seul, soit en allant fouiller sur le net. Fort heureusement, si vous rejoignez le Discord officiel de Deadlock, vous pourrez trouver un document texte (uniquement en anglais) qui explique beaucoup mieux tout ce qu’il est nécessaire de savoir pour jouer à un jeu comme Deadlock, mais j’aurais préféré que ces informations soient accessibles directement en jeu.

Apprendre à jouer à Deadlock en 12 minutes ? Laissez-moi rire

De plus, s’il y a bien un aspect qui a besoin d’énormément d’améliorations, c’est bien celui de l'interface beaucoup trop chargée, à commencer par celle de la boutique du jeu. Attention, je ne parle pas ici d’une boutique d’argent réel ou de cosmétiques (pour le moment inexistante) mais bien de la boutique via laquelle vous devrez forcément passer pendant vos parties pour dépenser vos âmes durement gagnées et ainsi gagner en puissance. Cette dernière est pour le moment absolument archaïque et illisible, ce qui ralentit fortement un rythme jusqu’alors effréné. Gros point positif cependant, la boutique intègre un système de builds créés et votés par la communauté qui permettent de savoir quoi acheter rapidement sans avoir à passer par un site externe comme OPGG ou Porofessor sur League of Legends. J’aurais juste aimé pouvoir réfléchir un peu par moi-même sans avoir à comparer des dizaines de tuiles qui se ressemblent toutes et qui sont bourrées de statistiques peu compréhensibles. Bien sûr, le jeu n’étant même pas encore officiellement annoncé, ce genre de choses pourra évoluer avec le temps.

La boutique est désastreuse, mais contient une fonctionnalité très appréciable

Comme League of Legends et DOTA, Deadlock est un jeu qui demande énormément de détermination et d’entraînement avant de pouvoir en maîtriser toutes les subtilités. Il n’est pas accessible pour un sou, et sera même impitoyable avec les nouveaux joueurs qui risquent bien de ne pas s’amuser de si tôt. Si vous en faites partie, nous vous conseillons donc très vivement de faire beaucoup de parties contre des bots avant de vous lancer dans une vraie partie. Pour le moment, je ne me suis fait insulter qu’une fois sur plus d’une dizaine de parties (ce qui est peu quand on est habitué à League of Legends, mais déjà beaucoup trop pour n’importe qui), mais les MOBA sont des jeux compétitifs dont les joueurs n’ont tendance à laisser aucun répit aux moins expérimentés.

Un concurrent sérieux pour Overwatch et LoL ?

Vous l’aurez compris, même si le mélange MOBA/Hero-Shooter penche plus vers le premier genre que vers le second, Deadlock propose une expérience nouvelle et rafraîchissante que j’ai beaucoup apprécié découvrir ces dernières heures. Les Occultistes sont tous très bien pensés en termes de design et de gameplay et l’arène est un vrai régal à parcourir, que ce soit à pied ou sur le rail aérien qui vous emmènera au cœur de l’action. Chaque partie est différente et tout vous pousse à rester concentré à chaque seconde, que ce soit pour éliminer vos adversaires, pour récupérer vos âmes ou pour voler celles des autres. En revanche, le fait qu’il soit clairement pensé pour les joueurs de MOBA suffit pour me convaincre qu’il ne devrait pas faire la moindre petite ombre aux autres Hero-Shooter comme Overwatch ou Valorant. Cela ne l’empêche cependant pas d’être beaucoup plus dynamique que ses concurrents notamment grâce à la panoplie de mouvements possibles et à la verticalité du titre, ce qui pourrait bien convaincre quelques joueurs de LoL ou DOTA de s’intéresser à Deadlock à condition d’accepter ce changement drastique de gameplay auquel ils devront faire face. Avec le temps, Deadlock pourrait bien corriger les quelques défauts qu’il a actuellement et attirer assez de joueurs pour devenir un véritable pilier de l’e-sport. J’espère seulement qu’il essaiera de rendre son didacticiel plus accessible pour les moins initiés aux MOBA, et surtout que la boutique deviendra plus agréable à l'œil pour éviter d’avoir une migraine à chaque fois qu’on l’ouvre.