Tout savoir sur The Crow (2024)

L’anti-héros symbolisé par un corbeau noir de jais est né de l’imagination fertile et de la plume talentueuse de James O’Barr à la fin des années 80. Toujours en cours de publication avec plus de 45 “chapitres” à son actif, ce comic book devenu une icône de la pop-culture doit en partie sa renommée et sa longévité à une tragédie. Le 31 mars 1993, sur le tournage du film The Crow, Brandon Lee (fils de Bruce Lee) meurt après avoir été mortellement blessé par une arme à feu.

Ce drame, loin d'entacher la réputation du long-métrage réalisé par Alex Proyas (Dark City, I, Robot), crée une étrange aura autour de cette œuvre où le réel rejoint d’une certaine manière la fiction. Avec son budget de 23 millions de dollars US, The Crow en rapporte près de 100 millions au box-office. Hollywood, toujours en quête d’argent facile, produit plusieurs suites qui resteront (ou non) dans les mémoires pour leur médiocrité. Puis il faut attendre près de 20 ans pour assister au retour de l’esprit vengeur en salles.

Cette mouture contemporaine réalisée par Rupert Sanders se veut plus urbaine dans son architecture, plus trash dans ses personnages, et plus terre à terre dans son récit. Le cinéaste derrière Ghost in the Shell et la série de science-fiction Apple TV+ Foundation confie ainsi les rôles-titres à Bill Skarsgård - un acteur talentueux vu récemment dans John Wick : Chapitre 4 et Boy Kills World - et la chanteuse britannique FKA Twigs. Ce duo fait face en août 2024 à un défi de taille… succéder à un couple iconique du 7e Art devenu immortel dans le cœur des cinéphiles : celui formé par Brandon Lee + Sofia Shinas.

Le synopsis du film The Crow : Eric et Shelly, deux âmes sœurs, sont brutalement assassinés lorsque les démons du sombre passé de cette dernière les rattrapent. Ayant la possibilité de sauver son véritable amour en se sacrifiant, Eric entreprend de se venger impitoyablement de leurs assassins, traversant les mondes des vivants et des morts pour réparer les erreurs commises. - Lionsgate Movie

Le casting du film the Crow : Bill Skarsgård (Eric Draven / The Crow), FKA Twigs (Shelly Webster), Danny Huston (Vincent Roeg), Laura Birn (Marian), Sami Bouajila (Kronos) et Isabella Wei (Zadie)

The Crow sort le 21 août au cinéma en France.

Un clip MTV de "Gothic Metal"

J’étais jeune (trop jeune) pour apprécier à sa juste valeur The Crow à sa sortie en 1994. En vérité, je n’ai découvert les déboires d’Eric Draven que plusieurs années plus tard sur petit écran, probablement sur VHS (ou cassette vidéo). Je n’étais aucunement conscient du drame qui avait frappé le film réalisé par Alex Proyas à l’époque, et pourtant j’ai pris de plein fouet la mélancolie qui se dégage de cette œuvre cinématographique ancrée pleinement dans les années 90 et pourtant si intemporelle à mes yeux.

Je n’évoquerai même pas les suites qui ternissent la franchise… la souillent au dernier degré. J'étais donc aux anges (sans mauvais jeux de mots) à l’annonce d’un reboot qui plus est avec un acteur à “gueule” en la personne de Bill Skarsgård. Il m’est donc particulièrement difficile de parler de The Crow version 2024 tant ce film est une déception à tous les niveaux (ou presque). Certains me rétorqueront que cet échec était prévisible, couru d’avance, mais je suis de nature optimiste. Et j’en paye le prix en août 2024. Mais commençons par les points positifs de ce reboot avant de laisser un “seum” vengeur s'exprimer.

Je considère le casting de nos deux tourtereaux excellent. L’alchimie entre Eric Draven campé par un Bill Skarsgård dépressif à tendance suicidaire et Shelly Webster incarné par FKA Twigs en artiste junkie en pleine descente est palpable, la tension sexuelle à son comble. Voir nos deux anges déchus retrouver goût à la vie le temps d’une parenthèse aussi idyllique que fugace pour tout perdre en un claquement de doigts est un arrache-cœur puissant. Malheureusement, cette romance (comme le reste du film) est trop ampoulée et les personnages qui gravitent autour de nos héros n’aident pas à faire passer la pilule. Inconsistants de bout en bout, ils errent comme des âmes en peine dans un film qui se veut plus dark que la mort elle-même.

Nos confrères d'Écran Large qualifient The Crow réalisé par Rupert Sanders de "Clip d’Evanescence”, et je les rejoins. J’ai même envie d’hurler "Do Not" “Bring Me to Life” devant ce spectacle sons et obscurité qui peine à sortir des clichés véhiculés par le Gothic Metal/Rock et dont Evanescence est LE représentant par excellence. Étaler son mal être tout de cuir vêtu sous une pluie battante les yeux fixant le lointain sous un maquillage “bresom”... tout y est, non pas pendant 3 minutes (le temps d’un clip musical), mais pendant 2 heures. The Crow s’en tire tout de même sur un point qui personnellement m’a permis de sortir de la salle sans me sentir crasseux.

Ce reboot est trash, brutal, et s’amuse à torturer ses acteurs et actrices avec une malice certaine. Le film est hautement graphique. ça gicle, ça coupe, ça écrase, ça transperce… Bref, ça mutile à tout va. Le comic book ne lésine jamais sur les effets de style et sur une violence qui souligne le propos. La version cinématographique tend à faire de même, mais avec la finesse d’un hachoir à viande. Si les scènes d’action s’avèrent sympathiques et lisibles (le contraire aurait été malvenu), elles ne réinventent rien, et se contentent d’être gores. Les pouvoirs du Corbeau auraient mérité une mise en scène plus inspirée afin de leur rendre justice, ce qui aurait conféré au film un tout autre cachet et court-circuité une tenace impression de déjà-vu.

The Crow plaira sans doute aux nostalgiques de l’ère “Gothic Metal” et des clips MTV “trop dark de la mort qui tue”. Les autres, en quête de poésie et d’espoir, se (re)tourneront vers le film de 1994 avec Brandon Lee. Personnellement, je sais ce qu'il me reste à faire.