Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas : le dernier film de Francis Ford Coppola est encore au centre d’une controverse.
La presse pas convaincue
Difficile de ne pas avoir entendu parler de Megalopolis. Présenté comme le projet rêvé de Francis Ford Coppola, le long-métrage a mis plus de cinquante années à voir le jour. Avec un budget de plus de 120 millions de dollars financé en partie par Coppola lui-même, le film raconte l'histoire de César Catilina, un architecte un peu spécial puisqu’il est capable d'arrêter le temps. Il veut changer la ville de New Rome afin de bâtir une utopie. Cependant, face à lui, se dresse le maire de la ville qui voit les changements proposés d’un mauvais œil : il veut continuer de défendre les plus fortunés. Entre ces deux hommes se trouve une femme, Julia Cicero, qui va devoir choisir ce qui lui semble le mieux pour l'avenir de ses semblables.
Les premiers avis diffusés par la presse ont jeté un froid. Comme nous l’avons déjà écrit, Megalopolis serait un "ennuyant", "moche", "kitsch", un projet "de passionné sans passion". D’après les premiers retours, le cinéaste aurait livré un récit "chaotique", avec des acteurs “en faisant trop” pour un résultat "mal conçu" et "superficiel". Actuellement à 53 % sur Rotten Tomatoes, Megalopolis n’a pas vraiment convaincu. Avec autant d’avis mitigés, il est forcément compliqué pour Lionsgate, le distributeur, de faire une jolie bande-annonce avec des citations de presse donnant envie aux spectateurs de se déplacer. C’est pourquoi le groupe a tenté une autre stratégie, plutôt courageuse à la base, qui se retourne malheureusement contre lui aujourd’hui.
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Les mots sont des armes
Comme le rappelle Variety, site d’où vient la controverse initiale, Lionsgate a publié cette semaine une bande-annonce audacieuse pour Megalopolis. Plutôt que d’utiliser les (rares) critiques positives, le géant a préféré faire une bande-annonce utilisant d’anciennes critiques négatives des triomphes de Coppola. L’idée était vraisemblablement de discréditer la presse, montrant qu’elle peut se tromper lorsqu’il s’agit de juger des chefs-d’œuvre. C’est gentiment effronté et résolument dans l’air du temps. Le problème, c’est que Variety s’est intéressé aux citations venues de The New Yorker, National Review, The New York Times, The Daily News ou encore du Chicago Sun-Times affichées dans la bande-annonce… et s’est aperçu qu’elles n’ont jamais existé.
“Ces critiques n'ont pas écrit les mots méchants de la bande-annonce” explique Variety, qui énumère toutes les erreurs constatés dans son article. “Qu'est-ce qui s'est passé ici ? Si la bande-annonce aurait pu faire la même chose avec de vraies citations, pourquoi en inventer à la place ?” s’interroge le journaliste. “J'ai une idée : cela ressemble à ce qui se passe lorsque des étudiants paresseux utilisent ChatGPT pour faire leurs devoirs” ajoute-t-il. Dans la foulée, Lionsgate a supprimé sa bande-annonce et a présenté ses excuses. “Nous présentons nos sincères excuses aux journalistes concernés ainsi qu’à Francis Ford Coppola et American Zoetrope pour cette erreur inexcusable dans notre processus de sélection. Nous nous sommes trompés. Nous sommes désolés”, lit-on.