Steam héberge des dizaines de milliers de jeux, et il est particulièrement difficile pour les développeurs de faire en sorte que leurs jeux soient vus. Alors quand Valve s'attaque aux entités malintentionnées, c'est tout l'écosystème qui s'en félicite.
Steam EST le jeu sur PC, mais ça n'est pas sans conséquence
Apparu pour accompagner les mises à jour de Counter-Strike et remplacer le système WON dédié au multijoueur de Half-Life, Steam s'est rapidement transformé en incontournable plateforme de jeu sur PC. Les choses n'ont pas été simples, car lorsque Valve a exigé des joueurs l'installation du client pour jouer à Half-Life 2, ces derniers se sont sentis emprisonnés dans un système dont ils ne voulaient pas.
Ces réactions, que l'on a ensuite retrouvé lors de l'apparition des autres plateformes, se sont toutefois calmées dès 2005. L'apparition des jeux tiers et l'ajout d'un grand nombre de fonctionnalités ont fait de Steam LA plateforme où acheter ses jeux sur PC, accélérant la transformation du marché PC vers le tout dématérialisé. Plus de 20 ans ont passé depuis le lancement de Steam et, au dernier pointage, on comptabilisait plus de 93 000 jeux sur la boutique.
Autant dire qu'il est difficile de s'y retrouver, en particulier lorsque certaines structure exploitent les failles du système pour escroquer les joueurs et invisibiliser les développeurs les plus modestes. Qu'il s'agisse d'accès anticipé frauduleux, de jeux dont l'existence potentielle ne repose que sur le nombre d'ajout à la liste de souhaits ou de titres sans intérêt publiés à grande échelle, les pièges sont nombreux. Récemment, Valve a procédé à la suppression de 248 titres et, en réalité, c'est une excellente nouvelle.
Ce jeu au prix étrange déclenche une enquête communautaire de grande ampleur
L'histoire commence du côté de chez Sentinels of the Store, un groupe communautaire qui écume le magasin. Ce groupe est en effet tombé sur The Hidden Ghost, un titre étrangement vendu au prix de 97,50 euros alors qu'il ne semble répondre à aucune "norme de qualité". Intrigué, Sentinels of the Store a lancé son enquête et a rapidement été rejoint par différents créateurs de contenus.
Rapidement, tout ce petit monde a découvert que la pratique était courante du côté de chez Atomic Fabrik, le développeur et éditeur du jeu. Pire encore, l'entreprise semblait pratiquer l'asset flip, qui consiste à utiliser presque tels quels des packs d'assets et publier des titres sans gameplay ou injouables. On pourrait se dire que les joueurs ont raisonnablement évité d'acheter un jeu à ce prix-là, mais la technique utilisée était assez inventive.
Atomic Fabrik serait passé par le marché gris, et en particulier par des pages vendant des packs de clés aléatoires avec la garantie qu'au moins un des jeux récupérés est d'une valeur supérieure à la moyenne fixée. Au-delà du fait que ces sites sont à éviter dans leur immense majorité, Atomic Fabrik manipulait vraisemblablement les règles.
Marchés suspects, manipulation des avis, faux jeux... Valve contraint de réagir
Les jeux étaient vendus quelques centimes et des avis postifs étaient achetés. Cela permettait d'intégrer les packs, après quoi le prix des jeux concernés était très largement rehaussé. Le coeur du souci est que les structures publiant les jeux sur Steam peuvent gratuitement générer un certain nombre de clés. Vous l'aurez compris, Atomic Fabrik aurait profité de ces éléments pour vendre ses jeux et en tirer de solides bénéfices.
Mais puisque ça ne suffisait pas, l'enquête a montré qu'Atomic Fabrik agissait avec une soixantaine de comptes différents, le but étant de tromper les joueurs et limiter le risque d'être lourdement sanctionné. Enfin, le business des cartes Steam semblait également faire partie des pratiques tordues par la structure... Le rentissement de l'affaire a été suffisant, puisque Steam a retiré près de 250 jeux affiliés, mais certains subsisteraient encore. Si vous souhaitez découvrir les moindres détails de cette affaire, on vous renvoie vers la communauté Steam, la vidéo de BaityBait (en espagnol) ou encore le cotenu publié par le créateur de contenu Fireb0rn (en anglais).