Disponible depuis ce 14 août au cinéma, le nouvel épisode de la saga Alien signe un retour aux sources ultra moderne et convaincant.
Retour aux sources pour la saga Alien
Que faire d’une saga blockbuster dont la réputation s’est écorchée suite à l’exploitation de crossovers douteux et de pans narratifs clivants au possible ? la réponse est évidente : revenir aux fondamentaux de la franchise en insérant audacieusement un chapitre manqué entre les deux épisodes préférés des fans : Alien, le huitième passager, soit le premier long-métrage de Ridley Scott sorti en 1979, et Aliens, le retour, l’essai concluant de James Cameron daté de 1986, avant que David Fincher ne prenne le relai pour une troisième vision moins convaincante. Et qui de mieux que Fede Álvarez pour opérer cette reprise de flambeau quand on sait le cinéaste déjà très amateur des ravalement de façades de licences à succès ? C’est lui, qui en 2013, réalisait le soft reboot d’Evil Dead, avant de poser sa plume sur le scénario de Massacre à la tronçonneuse, suite directe - et finalement assez ratée - du premier film homonyme sorti en 1974 qui ignore ainsi les volets d'après. Mais on apprécie davantage le monsieur pour son huis-clos juvénile haletant : Don’t Breathe, dont certains codes sont visibles dans Romulus, lequel se devait de respecter deux dictats : opérer un retour aux codes de l'horreur claustrophobe récemment délaissée au profit de films d’action moins aimés, et apporter suffisamment de fraîcheur pour ne pas retomber dans un schéma répétitif souvent pointé du doigt par des habitués un peu lassés.
Le casting le plus jeune de la saga
Septième film de la franchise, Alien : Romulus plante donc son cadre après les événements tragiques survenus sur la vaisseau Nostromo. Un groupe de jeunes colons anticonformistes détecte une station spatiale abandonnée et y entreprend une fouille dans l’espoir d’une vie meilleure sur une autre planète terraformée. À l’intérieur, ils trouvent bien une flopée de ressources réglementées qu’ils vont pouvoir voler. Mais alors que l’expédition ne devait durer que trente petites minutes, elle se transforme en une longue agonie face à l’une des formes de vie les plus terrifiantes de l’univers : le xénomorphe, une créature encore inconnue de la plupart des humains lambdas dans cet univers. Le casting est porté par l’excellente Cailee Spaeny, récemment vue dans le biopic Priscilla et le dernier long-métrage d’Alex Garland, Civil War. Elle donne la réplique au très touchant David Jonsson (Industry), véritable révélation de ce film, ainsi qu’à Archie Renaux (Shadow and Bone), Isabela Merced (Transformers: The Last Knight, Spike Fearn (Tell Me Everything) et Aileen Wu (Closing Doors), lesquels composent un petit groupe de cool kids aussi marginaux que stylés et qui font tous vraiment bien leur travail.
Jamais les victimes du xénomorphe n’ont été aussi jeunes dans l’histoire de la saga, constituant un premier élément inédit (et peut être le seul, finalement) et rafraîchissant pour aborder l’éternelle course-poursuite contre la mort d’un point de vue nouveau. “Pour moi, c'était une façon d'imaginer ce que ça pouvait représenter pour un groupe de jeunes de grandir dans une de ces colonies futuristes en pleine fin du monde et de devoir affronter cette créature“, expliquait à ce sujet Fede Álvarez, qui ne fait pour autant part d'aucune pitié quand il s’agit de sévir, pas plus qu’il ne s’embarrasse de ses cadavres. Les morts - car vous vous doutez bien qu’elles sont au programme - sont souvent expédiées, au profit d’un slasher claustrophobe implacable, efficace, et juste divertissant au possible.
Un Slasher sous haute tension
On pourrait bien reprocher à Alien : Romulus de n'être qu'un film de fan sans vision propre, qui ne fait que recopier studieusement les codes de chaque film Alien, de la charte graphique jusqu'au sound design, lourd et puissant. Mais il reste un hommage très amusant dont on ressort satisfaits. Les fans de la première heure seront d’abord peut-être séduits par les quelques références aux premiers Alien insérés dans le script et l’univers, avant d’apprécier le retour à l’essence horrifique des débuts de la saga qui s'inscrit ici dans un sous-genre cinématographique extrêmement actuel.
“Nous avons conservé de nombreux éléments qui étaient déjà parfaits de anciens films originaux, car nous n'avions pas besoin de les améliorer. Mais nous avons aussi ajouté beaucoup de nouveautés. C'est ce qui le rend moderne et nouveau. J'espère qu'il trouvera sa place parmi les autres et pour moi, ce n'est jamais un mauvais moment à passer au cinéma que de voir un film Alien.”
La tension est constante, le rythme bien tenu, et quelques jumpscare placés sans surplus signent une proposition qui n’innove pas autant qu’on essaye de nous le faire croire, mais qui reste extrêmement fun et haletante dans toute la classicité qu’elle impose. Le cinéaste uruguayen a également mis un point d’honneur à faire de ce film une expérience aussi “réaliste et crue” que possible ; cela signifie qu’il fait l’impasse au maximum sur les fonds verts et privilégie la création artisanale de chaque bête, esquivant au mieux les images de synthèse. La photographie est hautement séduisante et les architectures comme les monstres adoptent encore une fois les formes phalliques et les symboliques de la reproduction que l’on reconnaît dès la première œuvre de Scott. Néanmoins Romulus ne s’attarde pas tellement sur de grandes thématiques mais opte plutôt pour un pur divertissement fait de problématiques environnementales : ouvrir une porte, actionner un levier, jouer contre le temps pour échapper sans cesse aux abominables bêtes. Une quête de survie constante à la mise en scène ultra dynamique et drapée de superbes hommages visuels aux films de science-fiction des années 1980.