La survie des deux rivaux de Tesla aux États-Unis est en jeu. Produire 100% de voitures électriques a un prix.
Des pertes abyssales et des investisseurs providentiels
Les résultats financiers du deuxième trimestre de plusieurs constructeurs automobiles électriques ont mis en lumière les difficultés du secteur. Si la demande pour les véhicules électriques est en croissance, la réalité est plus complexe pour les entreprises spécialisées exclusivement dans ce créneau. Rivian et Lucid, deux poids lourds américains du secteur, ont ainsi publié des résultats catastrophiques. Lucid a annoncé une perte nette de 643 millions de dollars, en légère amélioration par rapport à l’année précédente. Rivian, de son côté, a essuyé un déficit colossal de 1,46 milliard de dollars. Ces chiffres témoignent de la pression financière intense pesant sur ces entreprises.
Pourtant, Rivian et Lucid peuvent compter sur le soutien de partenaires financiers puissants. Le géant allemand Volkswagen a confirmé son intention d’investir jusqu’à 5 milliards de dollars dans Rivian, tandis que le Fonds d’investissement public saoudien, actionnaire majoritaire de Lucid, a annoncé une injection de capital supplémentaire de 1,5 milliard de dollars. Ces injections de liquidités sont vitales pour assurer la survie de ces entreprises en attendant des jours meilleurs.
La difficile quête de rentabilité
La situation de Fisker, autre constructeur 100% électrique ayant déclaré faillite en juin dernier, illustre parfaitement les risques du secteur. Contrairement à Rivian et Lucid, Fisker n’a pas pu trouver d’investisseur suffisamment solide pour lui permettre de traverser la tempête. Ces entreprises sont confrontées à un défi de taille : la nécessité d’investir massivement dans le développement de nouveaux modèles, la construction d’usines et l’optimisation des chaînes de production. Or, ces dépenses colossales sont difficiles à rentabiliser rapidement dans un contexte de demande en croissance certes, mais moins forte que prévu.
Rivian et Lucid sont ainsi prises au piège de la « vallée de la mort » de l’électrification : une phase où les investissements sont importants, les volumes de production en hausse, mais les revenus insuffisants. Pour sortir de cette situation délicate, les deux constructeurs misent sur l’élargissement de leur gamme. Lucid prépare le lancement de son SUV Gravity, tandis que Rivian développe le modèle R2.
Des mesures d’austérité et une dépendance inquiétante
Face à la pression financière, Rivian et Lucid ont entrepris des mesures de réduction de coûts - comme Tesla l’a fait, il y a de ça quelques années. Rivian a simplifié la production de ses modèles R1T et R1S, tandis que Lucid a procédé à des licenciements. Toutefois, ces efforts pourraient ne pas suffire à assurer la pérennité des entreprises. C’est là qu’interviennent les investisseurs. Leur soutien financier est indispensable pour permettre à ces constructeurs de poursuivre leurs ambitions. Cependant, cette dépendance à l’égard de capitaux extérieurs pose question. Les dirigeants de Rivian et Lucid ont été interrogés sur ce sujet lors des conférences de résultats.
RJ Scaringe, CEO de Rivian, a souligné que l’investissement de Volkswagen permettait de réduire les risques financiers et de se concentrer sur le lancement du modèle R2. Peter Rawlinson, CEO de Lucid, a été plus direct, balayant les critiques sur la dépendance à l’égard du Fonds d’investissement public saoudien. La survie des constructeurs 100% électriques reste donc incertaine. Si les investissements massifs et les efforts de réduction de coûts sont indispensables, la capacité à séduire un large public et à générer des profits suffisants demeure un défi majeur.