Des chercheurs européens ont récemment découvert que les chimpanzés peuvent reproduire des mots humains, remettant en question des décennies de croyances scientifiques. Cette découverte étonnante provient de l'analyse de vidéos datant de 1962 et 2007, montrant des chimpanzés prononçant le mot "maman". Cette révélation pourrait révolutionner notre compréhension du langage et de l'évolution humaine.
Une découverte fascinante
Depuis des siècles, l'humanité s'est définie comme l'unique espèce possédant le langage articulé. Cette conviction, profondément ancrée dans notre conception de nous-mêmes, est aujourd'hui remise en question par une équipe de chercheurs européens. En effet, selon Axel G. Ekström et ses collègues spécialistes du langage et de la psychologie comparée, les chimpanzés seraient capables de reproduire des mots humains, et nous en aurions la preuve depuis plus de soixante ans.
Cette révélation étonnante provient de l'analyse minutieuse de deux enregistrements vidéo historiques. Le premier, datant de 2007, montre Johny, un chimpanzé du Suncoast Primate Sanctuary en Floride, prononçant le mot "maman". Le second, plus ancien encore, remonte à 1962 et met en scène Renata, une femelle chimpanzé filmée en Italie pour un documentaire de Universal Studios. Dans les deux cas, les primates semblent reproduire le mot "maman" à la demande de leurs soigneurs, suggérant un apprentissage par imitation et renforcement positif.
L'analyse phonétique de ces enregistrements a confirmé que les chimpanzés étaient capables de produire la structure syllabique nécessaire pour prononcer "maman", notamment les contrastes phonétiques consonnes-voyelles qui requièrent une coordination complexe entre la voix et la bouche. Cette découverte remet en question l'hypothèse largement répandue selon laquelle les limitations des chimpanzés en matière de langage seraient dues à leur physiologie de la gorge, à leur contrôle articulatoire ou à des différences neurologiques.
Oui, les chimpanzés peuvent parler
Jusqu'à présent, la communauté scientifique avait majoritairement adhéré à la "hypothèse Kuypers-Jürgens", qui postulait que le sous-développement neuronal du langage chez les primates était lié à leur incapacité à contrôler leur appareil phonateur. Cette hypothèse, jamais réellement prouvée, a pourtant freiné la recherche sur le langage des grands singes. Les travaux d'Ekström et de son équipe viennent donc bouleverser cette conception en démontrant que les chimpanzés peuvent reproduire des phonèmes humains, et que leurs capacités vocales ont été largement sous-estimées.
Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche sur le langage, tant animal qu'humain. En effet, l'étude du langage chez les grands singes pourrait nous aider à mieux comprendre l'évolution du langage humain et à décrypter les mécanismes neurologiques qui le sous-tendent. Malheureusement, la recherche dans ce domaine a été historiquement limitée, d'abord par manque d'intérêt, puis en raison de la protection accrue dont bénéficient les grands singes.
Il est désormais essentiel d'approfondir nos connaissances sur les capacités linguistiques des chimpanzés. Cela passe par une intensification de la recherche, mais aussi par une remise en question de nos idées préconçues sur la communication animale. Les travaux d'Ekström et de son équipe nous rappellent que la nature est pleine de surprises et que l'étude du monde animal peut nous éclairer sur notre propre histoire et notre place dans l'univers.
En fin de compte, cette découverte nous invite à repenser notre relation avec les autres espèces et à reconnaître leur intelligence et leur complexité. Si les chimpanzés sont capables de parler, cela signifie qu'ils possèdent une forme de pensée symbolique et une capacité d'apprentissage bien plus développée que nous ne le pensions. Cette prise de conscience pourrait avoir des implications majeures pour la protection des grands singes et pour notre compréhension de la diversité du vivant.