En cette période estivale, la rédac' de JVTECH a décidé de vous raconter une histoire un peu particulière. On va parler de millionnaires dans une petite ville, d'un banquier américain et Coca-Cola.
Dans le monde de la tech, les succes stories sont légion. Elon Musk, Steve Jobs, Bill Gates, Jeff Bezos... quand on connait la biographie d'un des bonhommes, on les connait à peu près toutes. Ces succes stories ont un dénominateur commun : il s'agit d'histoires qui se racontent au singulier. Les réussites économiques collectives sont beaucoup plus rares. Voilà pourquoi nous voulons vous parler de ce qu'il s'est passé dans un petit village de Floride à une époque pendant laquelle les familles du coin traversaient de graves difficultés financières. Aujourd'hui, si vous traversez Quincy par hasard, la ville va vous paraître anodine et peut-être même inhospitalière. Mais ne vous y trompez pas, de très nombreux millionnaires y vivent encore. Tout ça grâce à une banque et à... Coca-Cola.
Quincy et le banquier
Notre histoire commence donc dans la petite ville de Quincy en pleine Grande Dépression des années 1920 / 1930. En ces temps difficiles, les habitants de la régions souffraient énormément de la pauvreté. Là, une homme providentiel comme seules les histoires américaines savent en produire débarque. Son nom : Pat Munroe, banquier et homme d'affaires. Suite à une simple observation du réel de ce village, de la vie quotidienne des gens, Pat Munroe a créé des millionnaires à la pelle. Quelle est cette observation toute bête ? Le banquier a remarqué que, peu importe la misère dans laquelle les habitants de Quincy étaient plongés, ils n'hésitaient jamais à dépenser quelques pièces dans un bon verre de Coca bien frais.
Vous l'avez compris, il va être question de boursicotage. Le géant du soda a commencé à être coté en bourse en 1919 à 40 dollars l'action, mais un conflit avec l’industrie sucrière et les embouteilleurs a provoqué une chute de 50% du prix de l'action. À un moment précis de son histoire, l'action Coca-Cola n'a coûté que 19 dollars. Il faut bien se rendre compte de ce que cela implique, surtout pendant la Grande Dépression. Vu l'attachement à la marque observé par Munroe, il a semblé évident au banquier qu'il y avait un paquet d'argent à se faire.
Le premier réflexe de l'homme d'affaire fut donc d'investir massivement. Mais il ne le fit pas seul. Sûr de son coup, il encouragea tous ses amis et les amis de ses amis dans le village à acheter des parts de l'entreprise. Respecté dans le coin, il a utilisé au maximum la confiance et le respect que la communauté avait envers lui. Part Munroe a pour ainsi dire mener une véritable croisade afin que quiconque en ait les moyens monte à bord du train Coca-Cola. Munroe était tellement confiant que, chaque fois qu'un client se pointait à sa banque pour demander un prêt, il l'encourageait à accepter un autre prêt en échange d'actions. Agriculteurs, commerçants, enseignants : absolument tous ceux qui pouvaient dépenser de l'argent étaient tentés par le banquier. En quelques mois, Quincy est devenu une petite ville de propriétaires d'actions Coca.
Petite précision : en plus d'inciter les gens à acheter des actions, Munroe a cherché à convaincre tout le monde de conserver les actions le plus longtemps possible. De s'en tenir à cette idée initiale, à cette promesse de richesse, et ce, peu importent les fluctuations du marché à court terme.
Les millionnaires secrets de Coca
La réussite de l'opération fut totale. Quincy, la petite ville agricole, a su résister dans les moments économiquement difficiles grâce aux dividences de Coca-Cola. Mieux : Quincy est devenue pendant un temps la ville la plus riche par habitant des États-Unis. Les locaux ont même eu droit à un petit surnom : "les millionnaires secrets de Coca".
Les gens qui ont fait confiance au flair de Munroe et investi tout leur argent (et même celui qu'ils n'avaient pas) amassèrent des fortunes colossales avec ces premières actions. Ces fortunes furent transmises de génération en génération, établissant ainsi des dynasties de prospérité financière. Ce tout petit point sur la carte a généré tellement d'argent que la petite histoire que nous vous racontons aujourd'hui est étudiée dans les universités du monde entier.
De combien d'argent est-il question précisément ? Au risque de vous décevoir, il est difficile d'estimer le montant total, mais il existe des études qui établissent des approximations assez crédibles. La plus populaire date de 2013 (et elle gagnerait à être mise à jour car les sommes sont probablement plus élevées aujourd'hui). Les résultats de cette étude montrent qu'une seule action avec dividendes réinvestis depuis un siècle équivaut à 10 000 000 de dollars.
Environ 270 000 dollars de dividendes en liquide avant impôts seraient envoyés au propriétaire, avec un chèque de 67 500 dollars en mars, juin, septembre et novembre chaque année. Ainsi, si les arrière-grands-parents avaient acheté un lot de 100 actions pour 1 900 à 4 000 dollars selon le prix d'achat, ils auraient aujourd'hui plus d'un milliard de dollars, en excluant les effets des impôts sur le patrimoine.
Aujourd'hui, la banque où tout a commencé expose une bouteille de Coca. Jusqu'à récemment, 65% des actifs fiduciaires sous gestion dans cette banque étaient encore investis dans des actions de Coca-Cola.
D'apparence, Quincy n'a pourtant pas beaucoup changé depuis la Grande Dépression : il s'agit toujours d'une ville calme et majoritairement agricole avec une population de moins de 10 000 habitants. Lorsqu'on ne le sait pas, impossible de deviner que les millionnaires secrets de Coca se promènent encore dans ses rues.