En vendant sa startup, Jay Chaudhry a fait un choix audacieux : partager la richesse créée avec ses employés, les transformant ainsi en millionnaires.
Jay Chaudhry : une réussite à l'américaine classique ? Pas tout à fait
Dans la Silicon Valley, celèbre terre d'entrepreneurs du monde de la tech, la "success story" de Jay Chaudhry ressemble à bien des autres. Vous connaissez les histoires classiques du rêve américain : le bonhomme est né pauvre dans un petit village, puis s'est imposé au fil des années et des rencontres comme l'un des plus riches entrepreneurs du monde. Aujourd'hui, l'homme d'affaires autochtone américain est à la tête d'une entreprise de cybersécurité valorisée à plus de 28 milliards de dollars. Petit twist : pour Jay Chaudhry, l'essentiel n'est pas que de s'enrichir personnellement, mais de faire profiter tous les travailleurs qui ont participer au succès de la boîte. En 1998, Jay Chaudhry vendait sa première start-up, SecureIT, pour la somme rondelette de 70 millions de dollars. C'est ici que commence notre histoire.
Lors de la vente de SecureIT, Jay Chaudhry a fait un choix audacieux : distribuer une part importante du capital de l'entreprise sous forme de stock-options à ses employés. Ces options leur donnaient le droit d'acheter des actions de VeriSign, la société qui rachetait SecureIT, à un prix fixe. Un pari gagnant, comme l'explique Jay Chaudhry : "Près de deux ans plus tard, grâce à la flambée du cours de l'action VeriSign, plus de 70 employés sur 80 étaient millionnaires sur le papier." Et voilà le travail. Des employés qui n'avaient jamais envisagé de telles sommes d'argent pouvaient subitement concrétiser leurs rêves. Certains se sont offert une maison neuve, d'autres une voiture dernier cri. L'un d'entre eux a même pris six mois de congés sabbatiques pour voyager à travers le pays en caravane.
Une véritable stratégie économique
Suivant les conseils de Jim Bidzos, alors président de VeriSign, Jay Chaudrhry est allé plus loin encore. L'homme d'affaire a, tout le long de sa carrière, vendu régulièrement une belle partie de ses propres actions. Cette stratégie lui a permis de profiter de la hausse du cours de l'action avant l'éclatement de la bulle internet de l'an 2000. Quant à ses anciens employés, ils ont pu, s'ils ont conservé leurs actions VeriSign, profiter de la longévité de l'entreprise. Le cours de l'action a même atteint 254 dollars par action en janvier 2021 !
Ce n'est que bien plus tard que Jay Chaudhry a pris la mesure de l'impact de sa décision. "Je suis rentré chez moi ce soir-là et j'ai regardé le tableau de toutes les stock-options détenues par mes employés", raconte-t-il. "En multipliant le nombre d'options par le cours de l'action VeriSign, j'ai réalisé que j'avais créé environ 70 à 80 millionnaires grâce aux stock-options. C'était impressionnant." Pour Jay Chaudhry, "ce sont les employés qui font la différence. Ils ont travaillé jour et nuit pour la réussite de l'entreprise." En leur offrant une part substantielle du capital, il a reconnu leur contribution essentielle au succès de SecureIT.
Transformer les employés en millionnaires : un exemple à suivre dans la Silicon Valley ?
L'histoire de Jay Chaudhry ne fait pas figure d'exception. D'autres entrepreneurs à succès, comme Mark Cuban, ont suivi la même philosophie. En 1999, la vente de sa société Broadcast.com à Yahoo pour 5,7 milliards de dollars a transformé des centaines de ses employés en millionnaires du jour au lendemain. Jay Chaudhry et Mark Cuban illustrent une approche différente du business model de la Silicon Valley, souvent critiqué pour son individualisme et sa course effrénée au profit.
En offrant une part significative du capital de son entreprise à ses employés, Jay Chaudhry a créé un sentiment d'appartenance et de loyauté sans précédent au sein de SecureIT. Les employés, se sentant investis du succès de l'entreprise, ont été motivés à donner le meilleur d'eux-mêmes. Oui, le partage de la valeur peut être un puissant levier de motivation et de performance.
Modérons tout de même le propos. Si ce modèle semble séduisant, il pose certains défis de taille. Le plus grand d'entre eux est structurel. Eh oui, devenir riche grâce aux actions de sa boîte nécessite une entreprise en forte croissance et une sortie réussie (vente, introduction en bourse). Dans un monde qui tend à de moins en moins croître, cela semble plus compliqué à mettre en place.
source : CNBC