La fusée Falcon 9 de SpaceX a connu un échec inédit lors d'un lancement de satellites Starlink le 11 juillet 2024. Le moteur du second étage a dysfonctionné, mettant en péril les 20 satellites déployés sur une orbite trop basse. Cet incident montre paradoxalement la fiabilité de la fusée.
Un revers historique pour la fusée Falcon 9
La fusée Falcon 9, véritable fer de lance de l'entreprise spatiale SpaceX, a connu un incident sans précédent lors d'un lancement de satellites Starlink jeudi soir. Cet événement inattendu marque un tournant pour le lanceur habituellement fiable, qui n'avait subi qu'un seul échec complet en vol depuis son inauguration il y a près d'une décennie. Cette anomalie soulève des inquiétudes quant à l'avenir du projet Starlink, l'ambitieux réseau internet par satellite d'Elon Musk.
Le lancement, effectué depuis la Vandenberg Space Force Base en Californie, a débuté sous les meilleurs auspices. Les deux étages de la fusée se sont séparés sans encombre, le premier étage revenant se poser avec succès sur une barge autonome au large des côtes californiennes.
We’re updating satellite software to run the ion thrusters at their equivalent of warp 9.
— Elon Musk (@elonmusk) July 12, 2024
Unlike a Star Trek episode, this will probably not work, but it’s worth a shot.
The satellite thrusters need to raise orbit faster than atmospheric drag pulls them down or they burn up.
Cependant, le second étage, chargé de propulser 20 satellites Starlink vers leur orbite désignée, a rencontré une défaillance critique. Elon Musk, le PDG de SpaceX, a rapidement communiqué sur la situation via X (anciennement Twitter) : "Le redémarrage de l'étage supérieur pour ajuster le périgée a entraîné un RUD du moteur pour des raisons encore inconnues."
Le terme "RUD" (Rapid Unscheduled Disassembly), utilisé avec un humour noir caractéristique de SpaceX, désigne une explosion ou une désintégration. Dans ce cas précis, le moteur du second étage n'a pas réussi à se rallumer pour placer les satellites sur l'orbite prévue, une altitude cruciale pour leur fonctionnement.
Un avenir incertain pour les satellites Starlink
Bien que les satellites aient été déployés, leur orbite est trop basse pour être viable à long terme. SpaceX a confirmé avoir établi le contact avec cinq d'entre eux et tente de les faire remonter à l'aide de leurs propulseurs ioniques, une technologie de propulsion électrique. Cependant, Elon Musk a tempéré les espoirs, admettant que cette tentative a peu de chances de succès. Les satellites risquent de retomber dans l'atmosphère terrestre et de se consumer, un destin tragique pour ces précieux engins.
L'origine de l'anomalie reste incertaine, mais des images de la webdiffusion du lancement montrent une accumulation inhabituelle de glace près du moteur du second étage, suggérant une possible fuite de carburant ou un dysfonctionnement du système de refroidissement. SpaceX a ouvert une enquête approfondie pour déterminer les causes exactes de cet incident et mettre en place des mesures correctives.
Cet échec est un revers majeur pour SpaceX, qui a effectué 69 lancements en 2024, dont 49 pour Starlink. La fiabilité de la Falcon 9 a été un atout majeur pour l'entreprise, lui permettant de dominer le marché des lancements commerciaux et de transporter des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS) pour le compte de la NASA.
Ce revers pourrait entraîner des retards dans les prochains lancements, notamment ceux de Starlink. Le projet vise à fournir un accès internet haut débit à l'échelle mondiale, en particulier dans les zones mal desservies par les infrastructures terrestres. La constellation Starlink compte déjà plus de 6 100 satellites opérationnels, mais elle nécessite des lancements réguliers pour maintenir et étendre sa couverture.
En attendant, l'enquête se poursuit pour déterminer les causes exactes de cet incident inédit, qui rappelle que même les technologies les plus avancées ne sont pas à l'abri de défaillances. L'espace reste un environnement hostile et imprévisible, et chaque lancement est un défi à relever pour les acteurs du secteur spatial.