La machine d'Anticythère, un mécanisme antique découvert dans une épave de navire romain près de l'île grecque d'Anticythère, continue de révéler ses secrets grâce à des techniques d'analyse modernes. Considérée comme le premier calculateur analogique de l'histoire, cette machine a déconcerté les chercheurs pendant des décennies en raison de son état fragmentaire et de sa complexité.
Une nouvelle compréhension du calendrier lunaire
Une étude récente menée par des chercheurs de l'Université de Glasgow a permis de faire la lumière sur l'une des pièces maîtresses de la machine : l'anneau calendaire. Cet anneau, essentiel au fonctionnement du mécanisme, est perforé de trous dont le nombre exact était jusqu'alors inconnu en raison de l'état fragmentaire de l'anneau.
Graham Woan, professeur d'astrophysique à l'Université de Glasgow, a utilisé l'analyse bayésienne, une méthode statistique permettant de travailler avec des données incomplètes, pour estimer le nombre initial de trous dans l'anneau calendaire. En parallèle, Joseph Bayley, astrophysicien à l'Institut de Recherche Gravitationnelle de la même université, a adapté des techniques de modélisation statistique utilisées pour l'analyse des ondes gravitationnelles.
Les deux chercheurs sont arrivés à la même conclusion : l'anneau calendaire comportait initialement 354 ou 355 trous. De plus, l'analyse de Bayley a révélé que ces trous étaient disposés avec une précision remarquable, avec une variation moyenne d'environ 0,028 mm.
Ces résultats confirment l'hypothèse selon laquelle la machine d'Anticythère était utilisée pour suivre un ancien cycle lunaire babylonien. "D'autres études ont suggéré que l'anneau calendaire servait probablement à suivre le calendrier lunaire, mais les deux techniques que nous avons appliquées ici renforcent grandement cette hypothèse", explique Bayley.
Un témoignage de l'ingéniosité des anciens Grecs
La précision avec laquelle les trous de l'anneau calendaire ont été disposés témoigne de l'incroyable savoir-faire des artisans grecs de l'époque. "Cela a encore renforcé mon appréciation du mécanisme d'Anticythère, ainsi que le travail et le soin que les artisans grecs ont mis à le fabriquer. La précision du positionnement des trous a dû nécessiter des techniques de mesure extrêmement précises et une main incroyablement stable pour les percer", s'émerveille Bayley.
Les chercheurs espèrent que leurs découvertes permettront de mieux comprendre le fonctionnement de la machine d'Anticythère et les connaissances scientifiques des Grecs de l'Antiquité. "Nous espérons que nos découvertes contribueront à approfondir nos connaissances sur la manière dont cet appareil remarquable était utilisé", conclut Woan.
La machine d'Anticythère, bien qu'étant un vestige du passé, continue d'éclairer notre présent grâce aux avancées technologiques et aux méthodes d'analyse modernes. Elle nous rappelle l'incroyable ingéniosité des anciens Grecs et leur contribution inestimable à l'histoire de la science et de la technologie.