Google vient d’annoncer un grand changement dans sa stratégie environnementale : arrêter la neutralité carbone. Un engagement à contre-courant du reste de l’industrie, mais qui devrait pourtant être un exemple.
La neutralité carbone basée sur la compensation carbone, c’est du greenwashing
Dix-sept ans après s'être targué d'avoir atteint la neutralité carbone, Google vient d'annoncer dans son dernier rapport environnemental l'abandon de cette revendication. Cette décision, loin d'être un pas en arrière, marque un tournant stratégique dans l'engagement environnemental de la firme de Mountain View.
Depuis 2007, Google affirme compenser l'intégralité de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à ses activités, notamment l'exploitation de ses bâtiments, centres de données et déplacements professionnels. Pour ce faire, l'entreprise achetait massivement des crédits carbone, censés financer des projets réduisant ou évitant les émissions de GES ailleurs dans le monde.
Cependant, cette approche a été largement critiquée pour son manque d'efficacité réelle dans la lutte contre le changement climatique. De nombreux experts dénoncent la qualité douteuse de certains projets financés par ces crédits, ainsi que l'absence de garantie que ces projets n'auraient pas vu le jour sans l'achat de crédits.
Une nouvelle stratégie axée sur 2030
Conscient de ces limites, Google a décidé de revoir en profondeur sa stratégie environnementale. Désormais, l'entreprise se concentrera sur la réduction effective de ses émissions de GES et l'achat de crédits carbone uniquement pour compenser les émissions résiduelles. Ces crédits, plus onéreux, mais aussi plus fiables, seront dédiés à des projets de capture et de stockage du carbone atmosphérique.
Cette nouvelle approche, bien que plus ambitieuse, est également plus en phase avec les exigences croissantes en matière de développement durable. Elle reflète également une prise de conscience de l'impact environnemental grandissant des activités de Google, notamment dans le domaine de l'intelligence artificielle, très gourmande en ressources.
Malgré l'abandon de sa revendication de neutralité carbone, Google réaffirme son engagement à atteindre cet objectif d'ici 2030. Pour y parvenir, l'entreprise mise sur une combinaison de mesures visant à réduire drastiquement ses émissions de GES, notamment en améliorant l'efficacité énergétique de ses infrastructures et en développant les énergies renouvelables.
Google a également annoncé un investissement de 200 millions de dollars dans un fonds destiné à stimuler le marché de la capture du carbone atmosphérique. Cette technologie, encore émergente, est considérée comme essentielle pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat.
Un exemple à suivre ?
La décision de Google d'abandonner la neutralité carbone basée sur la compensation carbone est un signal fort envoyé au monde de l'entreprise. Elle montre qu'il est temps de passer d'une logique de compensation à une logique de réduction réelle des émissions de GES.
Si cette nouvelle stratégie s'avère efficace, elle pourrait inspirer d'autres entreprises à suivre le même chemin. Un tel mouvement pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre le changement climatique, en incitant les entreprises à prendre leurs responsabilités et à agir concrètement pour réduire leur empreinte environnementale. Car l’écologie ce n’est pas juste s’acheter une bonne conscience à coup de milliards de dollars.
Il s'agit d'un choix audacieux, mais nécessaire, pour aller vers une véritable réduction des émissions de GES. Google nous montre ainsi qu'il est possible de concilier performance économique et responsabilité environnementale. Espérons que les objectifs soient atteignables et que le reste des entreprises emboîtent le pas.