Infamous, Skate 3, Killzone 2… Tant de titres qui peuvent vous rendre nostalgiques à la lecture de ces mots. Mais malheureusement, Sony a une “bonne” raison de ne pas les sortir sur consoles modernes.
La PS3 : une usine à gaz qui empêche le portage de jeux sur PS5
Même si la stratégie de Sony n’est clairement pas semblable à celle de Microsoft avec leurs consoles, la marque japonaise tente tout de même de faire rentabiliser l’abonnement PlayStation Plus aux joueurs avec des jeux “gratuits” chaque mois.
Malgré une totale refonte de ce système, cet abonnement n’est pas tout récent puisqu’il date déjà de la PS3. Oui, les fonctionnalités en ligne étaient gratuites à l’époque chez PlayStation, mais l’abonnement permettait aux joueurs de profiter de quelques avantages, dont un assortiment de jeux de temps à autre.
Peut être que certains d’entre vous ont connu la licence Infamous grâce aux jeux offerts après le grand piratage du PlayStation Network en 2011. Et vous vous dites sûrement : comment faire pour jouer à ces jeux qui ont été lâchement abandonnés sur votre ancienne console.
Sony aurait pu apporter une solution toute trouvée, celle de faire de simples portages de jeux PS3 vers la PS4/5, mais ce n’est pas aussi simple que cela. Je ne parle pas ici de remake ou de remaster, où les jeux sont refaits à plus ou moins long terme pour être adapté à nos exigences graphiques, mais bel et bien de “portage”.
Sortie en 2006, la PS3 disposait d’une fantastique bibliothèque de jeux. Et si la Xbox Series vous permet de lire vos jeux Xbox 360, ce n’est pas le cas de la PS3, à cause d’une architecture beaucoup trop différente et trop complexe pour faire un simple portage.
En effet, la puce de la PS3 était assez comparable à celle de la Xbox 360 en terme de puissance pure (avec un cap max d’environ 3.2 GHz), mais la puce de la PS3 était divisée en sept parties, les Synergistic Processing Units (SPU).
Le but de cette forme d’architecture est “simple” sur le papier : permettre au processeur central (PPE) de calculer parallèlement des tâches avec les autres parties (pour la physique, les collisions, les particules, etc.). Cette architecture a permis à la PS3 de proposer des jeux assez ambitieux, mais qui n’était pas du tout tournée vers le futur.
Un enfer pour les développeurs
A l’époque, si vous n’étiez pas développeur uniquement pour la console de Sony, la production d’un jeu devenait alors beaucoup plus complexe. En effet, il fallait penser à l'architecture de votre jeu autour de la puce de la PS3, mais aussi de la Xbox 360.
L’un des exemples les plus cités reste celui d’Atsushi Inaba, Game Producer chez SEGA (Platinum Game), qui a notamment travaillé sur le portage de Bayonetta sur PS3.
Le développement était un véritable enfer du côté de chez SEGA. Même si le jeu était techniquement fini, les développeurs se sont rendu compte que le jeu pouvait avoir d’énormes baisses de performances sur PS3. Le studio japonais a donc dû employé les grands moyens, quitte à faire travailler les employés dans des conditions difficiles, ce que l’on appelle dans le milieu “une période de crunch”.
Difficile pour tous les développeurs de produire un jeu pour la PS3, mais pourquoi est-il difficile de les porter sur consoles modernes ?
Si vous suivez un peu l’évolution des différents logiciels d’émulations (faire tourner une machine virtuelle pour lire des logiciels, des jeux, etc.), vous savez que l’avancement de certains d’entre eux reste en retrait. Notamment les émulateurs PS3…
Le créateur de Valve, Gabe Newell, s’était même moqué de l’architecture de la PS3 lors du portage de la Orange Box (Half-Life, Portal) sur la console de Sony. Et des années plus tard, nous en restons au même point : les émulateurs PS3 ont tendance à rencontrer des “bottlenecks”, des “goulots d'étranglement", à cause de l’allocation de ressources entre les jeux PS3 et notre hardware actuel.
Par exemple, la PS5 dispose d’un CPU à l’architecture x86, semblable à celui de la PS4, d’où les portages beaucoup plus simples. Dans ce contexte, la PS3 peut donc lire des blocs de 128 bytes en cache (1 bytes = 8 bits), contrairement aux 64 bytes en cache des PS4/5.
Travailler sur un “traducteur” pour émuler les jeux PS3 sur consoles modernes coûterait beaucoup trop cher à Sony par rapport aux retours sur investissement que cela provoquerait potentiellement.
Nous nous retrouvons donc face à un problème de taille, celui de la conservation des jeux PS3.